Quartier général du Gant de Velours

La situation de Shadow était Loin d'être enviable. N'ayant pas eu la chance de s'endormir et les lincians n'ayant apparemment aucune envie de lui faciliter la tâche, il resta éveillé durant les heures qui passèrent, seul, les yeux bandés, isolés de tout son, les membres inférieurs en feu, la respiration difficile. L'épreuve, déjà éprouvante, empira lorsqu'il arriva. On lui passa un sac noir sur la tête, puis on le saisit fermement par les épaules, d'une poigne inhumaine, pour le mener à travers des couloirs et des escaliers qui semblèrent interminable.

Lorsqu'on retira le sac, ce fut pour qu'il découvre une salle carré aux murs nus. en son centre, une imposante table métallique sur pied mobile, doté d'attaches pour les poignets et les chevilles. Les nombreux instruments alentours ne faisaient aucun doute quant à ce qui allait se passer. On l'attacha et la torture commença. Trois êtres à la beauté inhumaine s'agitaient autour de lui, posant des questions qui lui semblaient lointaines et dont la réponse lui échappait la plupart du temps, son esprit embué par les vagues de douleur sans nom qui parcourait son corps. La scène ressemblait à un cauchemar, mais il la sentait douloureusement réel.

Pas une fois il ne supplia ses bourreaux, pas une fois il ne lâcha la moindre information. Son corps était vaincus mais son esprit demeurait fort. Puis, alors que ses tourmenteurs semblaient énervés d'une telle résistance, la porte face à lui s'ouvrit, dévoilant un homme grand et svelte, le visage masqué d'un voile. Il portait une combinaison de cuir moulante et une épée longue à son flanc.
Les trois autres s'arrêtèrent aussitôt tandis que le nouveau venus s'approchait de l'assassin. Il prit la parole, une voix si mélodieuse qu'elle lui semblait venir d'un autre monde.

-Il semblerait que votre comparse est été moins résistant que vous. Vous nous manquerez, monsieur l'acolyte.

Avec une vivacité hors norme, l'homme dégaina son épée et trancha d'un geste ample la tête de Shadow. La dernière vision de ce monde qu'emporta l'acolyte fut celle de tatouages envoûtants qui semblaient se moquer de lui.

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Carmilla se réveilla doucement, ouvrant difficilement les yeux. Elle se sentait faible, et se n'était pas que le sommeil, mais apparemment aucune violence ne lui a été faite, bien que tout son équipement lui ait été retiré, à l'exception de ses vêtements. Elle était installée sur une chaise simple, mais ces chevilles étaient entravées. Elle était dans une petite pièce, vide à l'exception de sa chaise, de la table devant elle, et d'une chaise de l'autre côté de la table. Quelques dossiers étaient d'ailleurs posés devant la chaise, hors de portée des mains de Carmilla évidemment. Le tout était éclairé par une lumière blafarde, diffusée par un intense néon situé juste eu dessus de la table. Les couleurs étaient si pures et si contrastés qu'elle en avait mal à la tête.
Il n'y avait aucune porte visible, mais elle entendit clairement l'une d'elle s'ouvrir derrière elle, laissant un infime murmure lointain arriver jusqu'à ses oreilles. La porte se referma, mais elle savait qu'elle n'était plus toute seule.

Et il s'approcha. Ses pas étaient vifs et légers, à peine perceptible sur le sol nu. Il apparut soudain à l'extrême limite gauche de son champ de vision, elle devait tourner au maximum la tête pour l'apercevoir, ce qui provoquait quelques douleurs dans son cou ankylosé. Il était grand, svelte, indéniablement beau, bien que son visage soit recouvert d'un voile. Ses vêtements de cuir moulants et noirs laissaient voir la majorité de sa peau à la couleur de miel, que de nombreux tatouages envoûtants parcouraient.

Après un court temps d'observation silencieuse il alla s'asseoir sur la chaise en face de Carmilla. Il ne jeta pas un oeil aux dossiers, restant silencieux. Puis sa voix claire, aux accents chantants, qui résonnait comme une douce mélodie, se fit entendre.

-Carmilla Carstrein, c’est bien cela ?

Carmilla décida de regarder face à elle, ce serait non seulement moins douloureux mais lui éviterait aussi la vue des tatouages du Lincian. Elle baissa la tête et plissa les yeux pour moins souffrir de la lumière intense et demanda presque de bonne fois:


"Où suis-je?"

-Je prends cela pour un oui, sachez qu'ici, c'est moi qui pose les questions.
Vous avez été arrêté lors d'une tentative d'attentat et êtes fortement soupçonné d'avoir ouvert le feu sur des agents des force de l'ordre. Votre arme était certes nettoyée, mais les balles qu'elle utilisait étaient facilement reconnaissables.
De quoi vous souvenez-vous exactement ?

Carmilla décida de dire la vérité. Aprés tout, elle avait plus ou moins été victime d'enlèvement non? Elle essaya d'ignorer la douleur de son épaule blessée et commença à répondre à la question du lincian.


"Je me souviens que j'était allée effectuer quelques commissions pour le compte de mon employeur au marché interniveaux. J'était en train de rentrer et le seul souvenir que j'ai aprés, ça a été mon reveil sur une chaise dans un local assez sombre. Il y avait un homme assomé sur une chaise à coté de moi. Je me souviens qu'il saignait, il avait une vilaine plaie à la joue... Il y avait des bruits de combats au-dessus et comme j'était réveillée je ne me voyait pas rester ici à attendre qu'on vienne me chercher. J'ai essayé de monter mais quand j'ai ouvert la trappe, il y avait du gaz partout. Je n'y voyait rien et des balles sifflaient un peu partout. J'ai pensé qu'il s'agissait d'une altercation avec des résistants ou des gangs alors j'ai tiré. Je n'aurait peut-être pas dû puisque ça m'a valu une balle, mais je croit que j'avait été droguée."

L'homme sembla reste un instant pensif.

-Et comment vous êtes-vous rendormit ?

Carmilla eu une moue assez genée.


"J'ai vu un homme passer à coté de moi. Grand, avec un manteau et une combinaison de combat. J'ai eu assez peur et je me suis dit que si on me trouvait éveillée j'allait subir un sort similaire à celui de l'autre homme en bas. Alors j'ai... préféré me rendormir et effacer tout ce qui pourrait lui faire croire que j'avait été reveillée à un moment. J'ai nettoyé mon arme et j'ai cherché quelque chose qui pourrait faire office de somnifère. Je... croit que c'était une droguerie ou une pharmacie car il y avait pas mal de médicaments, et du chloroforme. J'en ai trouvé et je me le suis administrée."


Elle prit un air interrogatif qui, lui, était tout sauf simulé.

"Depuis combien de temps est-ce que je dort? Qu'est-ce qui c'est passé ensuite?"

-Vous dites donc que vous n'avez aucune idée de l'identité de l'homme qui a ouvert le feu sur nos agents et qui a été capturé ?

"Un seul homme? Vous êtes sûr qu'il n'y en avait pas plus pour déclencher une fusillade comme ça?"

-Désolé de me montrer abrupt, mais vous êtes là pour répondre aux questions, non pour en poser. Toutefois, je vous assure qu'il était seul dans cette fusillade.

Carmilla eu un petit sanglot

"Excusez-moi. C'est que je ne comprend pas vraiment ce qui c'est passé. Je ne sait même pas pourquoi je me suis retrouvée dans cette cave avec l'autre homme. Si vous aviez vu son visage, c'était horrible! On aurait dit qu'il avait été attaqué par... une machine agricole ou quelque chose comme ça."

-Je compatis, mais comprenez que nous avons besoin de votre aide pour démêler tout cela. Je ne cherche qu'à vous aider.

Malgré la situation, Carmilla ne put s'empêcher de se sentir en confiance, cet homme lui paraissait de plu en plus sympathique, pourquoi aurait-elle besoin de lui cacher des choses. Elle se reprit légèrement, mais l'idée restait tenace, cachée.

Carmilla réfléchit. A vrai dire, elle ne connaissait pas l'identité de Shadow, même son visage demeurait un mystère. Et la voix de l'homme la réconfortait quelque peu...


"Je... je n'avait jamais vu l'homme qu'il y avait dans le local à coté de moi. Et l'homme que j'ai vu en sortant, j'ai vu ses pieds principalement, le reste était caché dans les gaz. Je pense que c'était lui le responsable, mais honnêtement je n'ai pas la moindre idée de qui ça pouvait être. Je ne pourrait même pas vous dire à quoi il ressemblait si je le croisait dans la rue."

-Vous n'avez donc aucune idée de la raison pour laquelle il était mêlée à tout cela ? D'après les témoignages il aurait tiré sur l'autre personne trouvé dans la cave, alors qu'elle vous transportait.

Carmilla haussa les épaules.


"Je ne sait pas qui était l'homme avec moi. Je n'ai pas la moindre idée de la raison qu'ils auraient eu de se tirer dessus. Et je comprend encore moins comment je me suis retrouvé dans une cave au milieu d'une fusillade alors que je faisait des courses... Ho mais! Monsieur le baron va être furieux que je revienne si tard..."

-Je suis persuadé qu'il comprendra, qui plus est je pense commencer à comprendre. J'ai juste une dernière question : avez-vous eu le moindre contact avec des gangs ou une quelconque organisation susceptible d'être à l'origine d'évènements de ce genre ?
Répondez sincèrement, je vous assure que rien ne sera retenus contre vous, vous êtes de toute évidence le dindon de cette triste farce.

Ce serait la faute du baron? Impossible. Il ne déclenchait jamais de fusillade, et ne laissait jamais rien au hasard. Non, il ne devait pas être responsable de tout ça. Il l'aurait sans doute protégée, mais alors qu'est-ce qui c'était passé à la fin? Il faudrait qu'elle le demande en rentrant...



"Je travail pour un noble dans la Spire. Je n'ai pas l'occasion de descendre plus bas que la mi-ruche pour allez voir ma famille de temps à autre. Et ces derniers temps je doit avouer que j'ai été assez surmenée mais... non ça ne vous intéresse pas de savoir que je passe mes journées à entretenir le manoir... En fait je passe mon temps à nettoyer la maison et à faire des comissions. Il faudrait que le baron engage plus de personnel mais il est assez proche de ses sous..."

-Bien, je n'ai plus de questions et vous remercie de votre sincère collaboration, nous allons vous ramener chez vous. Et et... désolé pour ce qui va suivre, mais vous êtes en terrain interdit aux civils, nous ne pouvons vous faire simplement sortir d'ici...

Avant que Carmilla n’est le temps de réagir elle sentit une aiguille se planter dans son bras et sombra rapidement dans l'obscurité.