Le quartier marchand

Danifae s'étira langoureusement, l'esprit encore embrumé de sommeil. Elle était enroulée dans les draps de la chambre d'auberge qu'elle partageait avec Akeyras, son amant et supérieur s'étant éclipsé au matin pour aller parler auprès du seigneur local. Les dures contraintes de la vie de mercenaire itinérant.

La sorcière se releva doucement émergeant petit à petit des brumes de ses rêves. Elle descendit du lit et s'habilla rapidement, enfilant ses quelque vêtements. Une fois satisfaite, elle s'assit en tailleur et récita machinalement les paroles magiques du sort d'Humanité. Un léger halo blanc l'entoura l'espace de quelques secondes puis disparut. Elle garderait son apparence totalement humaine pour les deux jours à venir. Une habitude qu'elle avait prise et qui facilitait grandement les choses dans le Vieux Monde.

Désormais prête, elle quitta la chambre et descendit au rez-de-chaussée de l'auberge pour prendre un léger petit-déjeuner, après tout au vu de la position du soleil, la mâtinée devait déjà être bien avancé.
Elle n'avait d'ailleurs rien de particulier à faire pour le moment, Akeyras n'avait pas donné d'instructions supplémentaires. Néanmoins elle se doutait que les prochains jours seraient agité, et elle se dirigea donc vers le quartier marchand de la ville, soucieuse de se procurer un maximum de composants de sort avant de devoir commencer les combats.

Ces principaux sorts de glace n'utilisait les composants que comme catalyseur, elle pouvait donc les réutiliser. Ses sorts de combat les plus puissants ne nécessitaient soit aucun composants, soit eux aussi des catalyseurs, aucun besoin de ce côté là donc.
Le problème risquait de venir des sorts plus banals qu'elle utilisait. Elle allait avoir besoin de quelques matériaux, qu'elle trouverait sans doute chez un forgeron.

Elle se dirigea donc vers le premier artisan de ce genre qu'elle trouva, et lui passa commande d'un trentaine de petites billes d'acier, lui donnant l'une des billes qu'elle possédait déjà en exemple. Elle acheta également une quinzaine de cubes de fers semblables à ceux qu'elle possédaient déjà, payant le tout d'une petite améthyste.
Elle se demanda ensuite l'adresse du plus proche alchimiste à un passant, et ayant obtenus la réponse se dirigea vers l'échoppe.

C'était une maison bien tenue, à l'allure propre. L'intérieur était à l'image de l'extérieur, des dizaines de potions s'alignant sur les étagères, parfaitement classé par nom, tandis que des plantes aux propriétés remarquables étaient stockés dans des caisses ou des bocaux, eux aussi impeccablement classé.
Un vieil homme qui semblait néanmoins en pleine forme attendait patiemment derrière le comptoir, un grand sourire éclairant son visage.
Danifae s'approcha de lui et il la salua avant qu'elle n'ait eu le temps de parler.

-Bonjour mademoiselle, qu'est-ce qui vous amène dans mon humble boutique et que puis-je pour vous ?

Danifae sentit de légers picotements dans sa nuque, elle sentait que le vieil homme utilisait un sort, sans doute de charme léger car elle se sentit soudain bien plus intéressé par les marchandises. Elle balaya le faible sort magique de sa pensée, souriant intérieurement, cela devait expliquer l'étonnante prospérité de l'alchimiste, généralement ses compatriotes étaient assez mal vus, comptant dans leur rangs plus d'arnaqueurs que de véritables alchimistes.
Mais si il était mage, cela apportait un gage de confiance à ses marchandises, en plus de fidéliser la clientèle par les sorts d'illusion.

-Je cherche des marchandises un peu spéciales, et je me demande si vous en auriez en stock.
-Dites toujours, je vais voir ce que je peux faire.
-Je cherche des poisons. Puissants.

L'homme perdit son petit sourire et devint plus sérieux, la détaillant. Elle le vit légèrement remuer les lèvres et agiter deux trois doigts, reconnaissant un sort de détection de la magie, mais ne jugeant pas utile de l'arrêter.
Lorsqu'il eut finis un léger voile passa sur ses yeux, quasiment imperceptible. Il recula alors d'un pas, avant de reprendre contenance. Elle comprenait son recul : entre sa propre aura et celles de ses trois objets magiques, il devait être assez difficile de la regarder maintenant.

-Et bien, je n'en ai pas de directement disponible, mais si vous n'êtes pas trop pressés, je peux vous en confectionner pour les jours qui viennent. Quel type désirez-vous ?
-Les plus puissants que vous connaissez, j'en veux trois types différents, trois fioles chacun, et un parchemin descriptif de chacun de leurs effets. Je suis prête à payer cher.

Elle sortit un saphir de belle taille de sa bourse et la posa sur le comptoir.

-Ça suffira ?
-Oui, très certainement, ils seront près dans... disons deux jours. Cela vous convient ?
-Cela me convient, mais n'oubliez que je serais prête à augmenter un peu le prix si jamais ils sont près plus tôt.
-Je ne l'oublierais pas.
-Bonne journée dans ce cas.

Elle ressortit de la petite boutique et se dirigea vers le château du seigneur local, espérant que Akeyras en aurait bientôt finis avec ces négociations ou autres.

[une semaine avant ce qui se passe en ce moment à Terheim]

Une roulotte ayant des allures de corbillards, tirée par des chevaux noirs pointait à l'horizon, suivie de près par quelques vautours et corbeaux intrigués. A l'avant, tenant les chevaux, Igor le bossus, puis à l'arrière, Sirius et Nabérius jouant au poker.
Le corbillard fut repéré par les gardes qui stationnaient à l'entrée de la ville. Bien que cela les changeait des habituels raides nordiques, le véhicule n'avait rien de bien rassurant. Ainsi, tandis que la roulotte approchait des portes de la ville, les gardes se préparaient à la contrôler, certains gardant la main sur le manche de leur épée, prêt à dégainer au moindre mouvement suspect.
Igor fit s'arrêter les chevaux à quelques mètres des gardes qui arrivaient. La porte gauche du véhicule, s'ouvrit, et Nabérius posa pied sur le sol. Il tourna la tête vers les gardes, qui furent surpris de le voir arborer des lunettes plutôt grosse avec des verres teintés en noir. Le temps sembla ralentir, tandis que le nécromancien avançait d'un pas lent vers les gardes. Dès qu'il fut devant eux, l'un de ces dernier demanda :

-Papiers ?

Sans aucun signe apparent sur le visage, Nabérius porta ses mains à l'intérieur de sa robe, comme pour en tirer quelque chose. Les gardes qui avaient le manche de leur épée à la main commencèrent à la sortir doucement, se méfiant que l'homme ne sortit quelque chose de dangereux. D'un mouvement net, Nabérius sortit...trois passeports...Quelques gouttes de sueur avaient couler sur le front des gardes, qui furent on ne peut plus étonnés de voir les trois passeports. Ils y jetèrent un rapide coup d’œil, puis autorisèrent le véhicule et ses singuliers occupants à passer.

-Et...les lunettes, c'est pour quoi ? demanda l'un des gardes.
-Le soleil.

Puis, il remonta dans son corbillard, laissant les gardes encore perturbés par cette rencontre singulière...

**************

Nous retrouvons donc nos trois nécromants dans un bureau loué à une auberge. Nabérius, derrière une table, est en train d'écrire sur une feuille de papier, à côté de lui trônant des piles de feuilles. Il n'avait pour ainsi dire qu'une chose en tête : appâter toute la population en un point, et boum ! Sauf qu'il fallait trouver un moyen de tous les amener jusqu'à cette endroit.
Sirius déboula en trombe dans le bureau, une pochette à la main.

-Nabérius ! J'ai le premier exemplaire de notre "publicité" , eheh !
-Fais moi voir ça.

Le nécromant prit la pochette, l'ouvrit, puis en sortie une feuille sur laquelle un squelette pointant du doigts celui qui lisait cette feuille, en disant "We need YOU for Undead army ! Next cemetery station."
Nabérius tourna lentement la tête vers le squelette.

-Eh bien ?
-C'est...un peu trop voyant, les gens vont se douter de quelque chose...Ce qu'il faut, c'est les mettre en confiance. Mais enfin, tu n'es pas trop apte à mettre les gens en confiance, avec ta tête...
-Tu sais bien que je n'ai jamais voulu ça ! C'est le sort qui a foirer...
-J'en sais rien, je ne t'ai jamais connu de ton vivant...ce que je sais, c'est que ce jour là, en plus de te réincarner en squelette, tu as invoqué une liche qui a massacré les 3/4 de la ville...
-C'était un effet non désirable...
-Je vois ça.

Nabérius prit une tasse pleine d'un liquide noir cachée derrière une pile de feuille, puis en but quelques gorgée.

-Qu'est-ce que c'est ?
-Je sais pas. J'ai acheté chez un marchand exotique, ça vient de la Lustrie. Je pense appelé ça "Café", ça sonne plutôt bien. Mais c'est pas tout ça, je réfléchirai à la question une fois notre grand œuvre réalisé !
-Tu ne m'avais pas parlé de ça...
-Oui, en fait, je viens de l'imaginer. Je vais ressuscité notre grand maître à tous en sacrifiant 666 vierges, je vais ressuscité...
-Hit-the-Lair, le peau bleu, le Na-zi ?
-Non, je parle de Barry White bien sûr !
-C'est possible ?
-Je sais pas, faudrait que je fasse un test sur quelqu'un d'autre, une autre méthode avant de valider la mienne. Mais je peux te dire que bientôt, les ville de Bretonnie vont danser !
-J'ai bien une idée sur qui tu pourrais essayer.
-Rickar von Asthley ?
-Je pensais plutôt à moi...
-Tu ne te plais pas en squelette ?
-Je préfère l'immortalité dans ce sens...

Nabérius resta un moment interdit, la tasse à ses lèvres, puis se leva soudainement de sa chaise.

-Je vois où tu veux en venir ! Je savais que tu étais gay, mais tu vas trop loin ! Je ne m'abaisserai jamais à ça !
-C'est pas la première fois que je le dis, ni la dernière, tu es cinglé.
-Ouais, ben...
-Faut bien que tu fasse à un test de toute façon. Une idée des ingrédients ?
-Une épée vorpale +8, une durandile, 5 chiantos pour toi...

Le squelette resta de marbre.

-Je plaisante. Il faudrait que j'analyse ton cas plus sérieusement, et que tu me raconte le pourquoi du comment de ta mort.
-C'est hors de question ! Vous allez vous foutre de moi !
-On a tous foirer un sort un jour ou l'autre. Mais, en attendant, il faut préparer le rituel. Où est Igor ?
-Il fait la cuisine dans la roulotte...
-Il faut l'arrêter ! Vite ! Son ragoût d'ongles de pieds et purement atroce, viiiiiite !

Nabérius était tranquillement assis sur son canapé, en train de lire, quand il fut soudainement tiré de cette lecture par Igor, qui semblait affolé.

-Maître ! Maître !
-Que-se passe-t-il ? Tu ne vois pas que j'essaye de lire le dernier Midnight ?!
-Le Pedobear s'est échappé...

Le nécromancien se leva soudainement, plus pâle que d'habitude. Le pedobear s'est échappé ! Cela voulait dire qu'il savait ce qu'il préparait...il fallait très vite l'arrêter, mais il devait vérifier une chose avant, une chose qu'il craignait plus que tout...

Il entra dans la roulotte, et sur l'une des étagère, il vit avec horreur que plusieurs fioles avaient disparu.
Sirius entra. Igor était allé le prévenir sur ordre de Nabérius, et avait donc dû s'interrompre dans sa dentelle.

-Les gars...y a une couille dans le pâté... dit le nécromancien.
-Qu'est-ce qu'il a volé ?
-Tu te souviens lorsque je t'ai parlé de mon projet de sacrifier 666 vierges ?
-Oui.
-Eh bien, figure toi que trouver 666 vierges, c'est déjà très dur. DU coup, comme je suis alchimiste dans l'âme, j'ai concocté une petite potion qui change le sexe de la personne qui l'utilise...
-D'accord; donc...
-Le pedobear va dévirginiser toute la ville...Il faut l'en empêcher !

Nabérius était enragé, et se précipita vers un tapis dans le fond de la roulotte. Il fit rouler le tapis sur son côté, dévoilant une trappe donnant sur le double fond de la roulotte. Il l'ouvrit, et en sortit victorieusement un filet, une épée et un tromblon et quelques cartouches. Il en sortit aussi un chapeau de chasseur qu'il mit sur sa tête, puis se releva en rechargement bruyamment le tromblon.

-La chasse à l'ours est ouverte.

Puis, il sortit en courant, sous les yeux, ou plutôt les orbites étonnées et perturbées de Sirius ; Igor lui était habitué à ce genre de divagations, et tous deux se lancèrent à la suite du nécromancien.

Nos trois compères éraient donc dans la ville, aux aguets. Il pouvait être partout, mais il ne tarderai pas à se révéler...
Soudain, un cri, un gémissement sembla émaner d'une maison à proximité, la porte ouverte. Ils se précipitèrent sur le pas de la porte, pour découvrir un ours en train de violer une femme, après s'être occupé d'une autre qui gisait lamentablement sur le sol.

-Note à moi même, dit Nabérius, la potion fonctionne.

Puis, il leva son tromblon sur l'ours.

-Alasta...Astla...Alastama vita...Oh, et puis merde !

Puis il fit feu. Seulement, l'ours, n'étant pas idiot, se servit de sa victime comme de bouclier humain qui déchiqueté par le tir, puis qui retomba mollement sur le sol. Le Pedobear repartit de plus belle, la queue entre les jambes, après un sublime bras d'honneur à nos trois compère.

-Deuxième note à moi même : il est intelligent le bougre.

Puis, ils poursuivirent leur poursuite, qui les mena hors des portes de la ville. La scène fut remarqué par deux hommes déjà cuits par le vin, et un poulet de passage.

[Suite dans les bois de truc machin]

Akeyras retrouva rapidement les Aigles d'Aciers aux portes de la ville. Ces derniers s'étaient rangés en deux rangs de chaque côté de la porte, et acclamèrent Akeyras à son passage. Celui-ci dégaina son épée et la dressa au dessus de sa tête pour saluer ses hommes, puis entra dans Therheim, Danifae toujours derrière lui.
Egel et Krylla, à présent sur son propre cheval, le rejoignirent rapidement et Akeyras donna ses ordres rapidement :

- Egel, envois un de tes cavaliers faire l'annonce de notre victoire au palais. Organises nos soldats dans leurs nouveaux baraquements.

Le frère d'Akeyras hocha la tête et partit au galop. Akeyras se tourna vers sa soeur, le nez et le bas du visage ensanglantés.

- Soignes-toi rapidement, je n'aime pas te voir dans cet état.

- Ce n'est que l'avant-garde, répondit Krylla, ignorant l'ordre de son frère.

- Je sais, mais quand ils reviendront, les Aigles d'aciers seront là. Aujourd'hui, nous avons prouver que Therheim ne se laissera pas prendre si facilement et que ces barbares payeront chaque mètre de leur sang. Tes hommes ont fait du bon boulot, qu'ils continuent.

Sa soeur hocha la tête rapidement et partit au galop rapidement. Akeyras repartit vers l'auberge, réfléchissant à la défense de la ville et à l'avenir de ses hommes. Il était impatient de se battre, le combat de ce jour l'ayant laissé sur sa soif de sang. Au fond de lui, Akeyras n'inspirait qu'à sa propre gloire et il voulait que son nom, que celui de sa famille, soit inscrit dans les légendes.

Danifae serra un peu plus le torse de son amant, rappelant à celui-ci sa présence. Il sourit et fit accélérait son cheval. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à l'auberge et le capitaine laissa sa monture à un de ses hommes de garde. Il prit Danifae dans ses puissants bras et monta les escaliers menant à sa chambre. Une fois à l'intérieur, il déposa la magicienne sur le lit, lui accordant un baiser passionné.

Il se sépara de sa femme pour pouvoir enlever son imposante armure. Une fois débarrassé de cette imposante masse d'acier, il retourna dans le lit en commençant en enlever les vêtements de Danifae, leur étreinte devenant plus passionnante de seconde en seconde.

Danifae avait raison, la bataille la plus importante de la journée commençait maintenant.