Diftéral avait mis plusieurs jours à profit pour observer sa cible. Il avait minutieusement noté son emploi du temps, les éventuelles failles de la sécurité à des moments critiques, l'entourage qui rendait régulièrement visite à Ermanus... Rien de tout cela n'était probant. Ermanus ne trainait jamais en ville, dans des lieux à risque, et les deux lieux où il passait la majorité de son emploi du temps étaient sa maison et le quartier général des FDP. Surement les deux endroits les plus protégés de la ruche.
Quant à ses gardes ils étaient effectivement compétents. Il n'avait remarqués que quelques failles minimes, et réussir à passer par ces failles relevait d'une chance incroyable. Et le général n'avait pas l'air très sociable vu le peu de gens qui lui rendaient visite. Autant dire que s'infiltrer par la grande porte était exclus.
La seule solution qui lui semblait viable, c'était les jardins. Ce n'était pas une faille immense mais ça avait l'air possible sans se faire repérer. Ce qui était étonnant d'ailleurs, vu la sécurité habituelle, le manque de protections dans le jardin lui sonnait faux. Il ne voyait pas d'autres solutions, mais il lui faudrait être excessivement prudent.
Le soir venus Diftéral rejoignit le toit d'un immeuble à proximité du manoir Folst. C'était une bâtisse gothique sans fantaisie, disposant de murs épais, de grandes fenêtres étroites et de plusieurs niches abritant des statuettes de saints impériaux dans les murs. La seul chose permettant de l'identifier comme une maison de particulier, et non un temple, c'était le jardin de belle taille accolé à la façade nord-ouest, qui était accessible depuis le manoir par une grande baie vitré orné de dorures. Plusieurs plantes exotiques poussaient dedans, dans un joyeux fouillis végétal. Il avait vu plusieurs fois les deux filles du général s'y promener rêveuse. Il avait même cru que l'une d'entre elles l'avait aperçue une fois mais ce n'était heureusement pas le cas.
Il n'avait qu'une rue de 15 mètres à traverser, par les airs. Il sortit un fusil à air comprimé, qu'il s'était procurer auprès de son indic, les lincians avaient malheureusement oubliés de récupérer le sien sur la planète où ils l'avaient invités. Il visa un arbre du jardin, un peu en contrebas et tira. La pointe d'acier alla se ficher dans le tronc. Il attacha l'autre bout du filin composite à un poteau métallique.
Il s'approcha du bord du toit. Le filin lui permettrait de glisser directement dans le jardin, et ensuite il devrait s'infiltrer dans le manoir, et atteindre le plus vite possible Ermanus pour le tuer. La suite était assez incertaine, et seul le défi lui permit de se saisir du filin et de se laisser glisser vers sa mort probable.
Il atterrit discrètement dans le jardin et il dégaina directement son katana. Il commença à progresser vers la demeure en veillant à rester dans l'ombre des arbres. Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres de la baie vitrée, il entendit un grognement pas loin à sa droite. Il tourna la tête pour apercevoir deux chiens robotiques de garde, Ils étaient noirs comme la nuit, leur corps fin et élancé, avec une tête munis d'une caméra basique et d'une mâchoire redoutable.
Il ne donnait pas cher de sa peau si ces monstres métalliques posaient leurs canines sur lui. Il comprenait l'apparent manque de sécurité du jardin, il n'avait tout simplement pas vus les chiens. L'un d'eux jappa et se précipita sur lui, tandis que les deux autres aboyaient pour avertir leur maître de la présence de l'intrus.
Diftéral se décala rapidement sur le côté pour éviter la mâchoire meurtrière et trancha le cou du chien d'un mouvement de lame.
Le métal n'opposa que peu de résistance, ces molosses n'étaient pas de grande qualité. Mais quand même trop pour lui, aussi se tourna-t-il et courut vers le mur du jardin. Il entendait les chiens se mettre à le pourchasser.
Il sauta et attrapa une branche, puis se hissa dessus. Il ne s'arrêta pas pour autant et sauta sur une autre branche, manquant tomber pendant ce temps.
Une rafale de balles percuta l'écorce du tronc à sa gauche et il en sentit deux êtres arrêtées par sa plaque de protection dorsale. Il ne fallait vraiment pas trainer ici.
Il sauta de sa branche, s'appuya sur le mur, déclenchant par la même un carillon d'alarme, et bondit dans les airs pour attraper le filin et s'y hisser.
Il entendit alors un train passer sous lui, plus à cause du déplacement d'air que du son, quasiment inaudible. Il regarda dans le jardin. Deux gardes étaient en train de le viser, et pendus dans le vide il faisait une cible facile.
Il regarda donc en dessous de lui, s'assurant qu'il avait encore de la marge. Et il lâcha.
Il se réceptionna difficilement sur le toit d'un wagon, il dut s'accrocher de toutes ses forces à une jointure pour ne pas partir dans le vide.
Il entendit d'autres bruits de chute et se tourna en commençant à se relever.
Les deux autres chiens l'avaient suivis, s'accrochant sur le train à l'aide de leur griffes. Ils s'apprêtaient à lui sauter dessus tous les deux. À dire vrai il n'attendait que ça. Dès que le plus proche décolla du sol, Diftéral se jeta sur le côté du train, attrapa une poignée et se plaqua contre la paroi. Il vit l'un des chiens mécaniques tombés dans le vide suite à son saut.
Il attendit tranquillement que le train commence à longer un trottoir et se jeta sur celui-ci, se réceptionnant en une roulade maladroite qui le fait percuter les jambes d'un gros lard. Une fois relevé il commença par essayer de se repérer dans la ruche. Il n'était pas trop loin du manoir encore, il pourrait aller récupérer son fusil qu'il avait laissé sur le toit, si jamais les gardes n'était pas allé le confisquer.
Il entendit un grognement sourd derrière lui et n'eut que le temps de se protéger le visage d'un bras avant que le dernier chien de lui saute dessus, transperçant sans peine la combinaison. Diftéral lâcha un râle de douleur et roula sur le côté pour essayer de se dégager du chien.
IL dégaina une dague et saisit d'une main le dessous de la mâchoire de son opposant. IL planta la dague dans le crâne, traversant facilement la faible couche de métal protectrice. Aussitôt le robot cessa tout mouvement et s'effondra sur le côté.
Diftéral se releva en évitant de s'appuyer sur son bras blessé et s'éloigna rapidement, sous les regards intrigués des passants, direction l'hôpital le plus proche de sa liste.