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 La campagne des huit éclipses.

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Arax, Inquisiteur
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Arax, Inquisiteur
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 16:21

Lerec se releva, se crispant une seconde alors que les blessures qu'il avait reçu la veille se rappelaient à sa mémoire. Il avait été sauvé par cet étrange groupe, récupéré avec deux autres rescapés de son unité au milieu des bêtes. Il était le seul à avoir pu survivre malgré l'état de son corps et la fuite qu'ils avaient dû accomplir à travers les rues, ces étranges choses sur les talons. Il s'en voulait mortellement d'avoir conduit ses hommes à leur trépas, il en voulait terriblement à l'état major qui avait exigé de lui une escorte sans l'informer de ses tenants et il en voulait encore plus à cet inquisiteur qui avait ignoré son annonce d'assistance et était parti bille en tête, le condamnant à le suivre et ainsi à perdre toute la part de son unité qu'il avait prit avec lui.

Mais dans le même temps savoir ce qu'il allait pouvoir accomplir suffisait à balayer toute sa rancœur. En effet cette mission avait plus d'ambition que ce qu'il n'avait jamais accompli, traquer une des déesse de l'ennemi dans son repaire pour mettre fin à son immortalité. Si il réussissait dans une telle entreprise, son nom serait gravé en lettre d'or sur mille et un monuments de marbre ainsi que ceux de tous ses hommes morts en vain. Il entrerait lui et tous les membres de ce groupe dans la légende au même titre que Forus Aldéran, Sentelia Imaldis, Lemartes Holu et Senequia Alonus. Il avait donc prit son courage en main et s'était décidé à agir de son mieux pour le succès de la mission.

Le cataphractaire se mêla au reste du groupe alors qu'ils quittaient leur cachette, se confiant aux indications de l'étrange fille à moitié nue et au corps couvert de tatouages. Lerec ne l'aimait pas, elle ressemblait bien trop à leur ennemi tout en étant bien trop proche de l'inquisiteur. Et sa tendance à plaisanter sans cesse lui pesait sur le système. De même il n'aimait pas la rucharde et son copain le sniper, trop peu sérieux, trop irrespectueux de sa noble ascendance. Le fantassin de choc également le regardait avec un certains mépris, comme si il se croyait supérieur. Seuls la sœur hospitalière et le croisé lui avaient parus sympathiques. Eux au moins avaient aussi la noblesse d'Aldéran IV et la distinction qui différenciait le glorieux domaine de la décadente Lincia. Il regrettait de ne pas avoir ses hommes avec lui, ses amis avec qui il savait pouvoir fraterniser sans crainte, mais telle était l'épreuve que lui avait confié l'Empereur Dieu et il était bien décidé à l'accomplir.

Le groupe progressa d'un pas rapide en utilisant des petites ruelles qui longeaient une grande artère. Lerec fut surpris par ce qu'il voyait. Hormis en temps de guerre, il n'avait jamais visité les ruches de l'ennemi, il n'avait jamais vu leur façon de vivre, il n'avait rien vu d'autre qu'un champs de bataille jonché de débris et de cadavres. Maintenant qu'il pouvait les observer, il ressentait un grand malaise, non pas que sa vision fut assaillit de mille et une horreurs mais justement de voir ses ennemis honnis, des hérétiques décadents vivre dans un lieu si semblable à une ruche impériale. Il n'y avait pas de pillard pas plus qu'il n'y avait de fous dansant en pleine rue. Quelques hommes et femmes affairées se pressaient sur les trottoirs alors qu'un trafic léger occupait la chaussée. Plusieurs fois il vit passer au détour d'une rue un des marcheurs de combats Lincians et il savait que des forces armées devaient se re-déployer en ce moment même pour circoncire l'invasion de l'astroport, mais les civils en eux même restaient calmes.

Il aurait voulu croire qu'en fait les habitants étaient toujours des citoyens impériaux mais certains signes ne mentaient pas, les chants que laissaient filtrer les temples ne laissaient pas de doute quand à l'affinité religieuse de la ruche et les citadins, loin de se détourner de ces sons impies semblaient les savourer.

Tout cela dégoutait le cataphractaire et alors qu'il fixait une civile portant une tenue honteusement révélatrice mais qui marchait pourtant avec une grande élégance, il se mit à douter, non pas de sa foi envers l'Empereur ni de sa conviction en la victoire impériale mais juste de la justification de cette guerre. Ce peuple était corrompu dans son âme, au delà de toute rémission, se battre pour le sauver n'avait aucun sens car lui même ne désirait pas être sauvé. Tout eut été plus simple en déclenchant un simple pilonnage orbital massif plus tôt que de risquer des dizaines de milliers de vies dans des assauts successifs.



Alors que le cataphractaire était tout à ses pensées, l'esprit de Kaldis flottait au dessus du groupe, influant sur celui des passants pour que personne ne les voient tout en jugeant de l'état de la petite équipe. Le nouveau venu était perdu en pleine réflexion. Il était clair qu'il n'aimait pas la compagnie dont il faisait désormais part et cette dissension pouvait s'avérer dangereuse. Le moral était pour le reste plutôt bon, la nuit de repos avait été la bienvenue.

En étendant un peu sa conscience, la psyker avait pu percevoir que le plan du maréchal avait marché. Deux transporteurs Tétrarques s'étaient posés dans l'astroport, déversant vingt milles hommes dans les niveaux supérieurs ainsi que plusieurs chars et sentinelles. Si la mission pouvait aboutir maintenant, la victoire pourrait s'obtenir dans la semaine, faisant de cette campagne l'une des plus fulgurantes de l'Histoire et la plus rapide depuis le début de la guerre contre Lincia. Mais cette mission ne pourrait pas s'accomplir si les quelques saletés qu'elle venait de détecter une centaine de mètres derrière leur mettaient la pince dessus...
Kaldis rouvrit ses étranges yeux et battit quelque peu des paupières pour reprendre contenance. Elle se tourna vers Arax, le visage marqué par un sérieux rare:

-Des créatures comme celles d'hier sont dans une rue à quelques centaines de mètre derrière nous, et elles avancent à grande vitesse.
L'inquisiteur lança un regard en arrière et jura entre ses dents.
-Courrez! Cria il en s'élançant en avant.

Kaldis laissa tomber son écran de camouflage et la foule s'écarta subitement alors que huit individus surarmés apparaissaient au milieu d'eux, comme sortis de nulle part. Le petit groupe se rua en avant vers les bâtiments les plus proches afin d'y semer les créatures. Tous avaient déjà sortis leurs armes et sur leurs visages comme dans leurs esprit pouvait se lire l'excitation ainsi que l'appréhension.

Soudain six créatures apparurent juste devant l'équipe, au détour d'un croisement. Tous eurent un mouvement de recul alors que la foule se dispersait en criant et que le trafic léger s'écartait subitement. L'inquisiteur fut le premier à se reprendre et alors qu'un des hybrides venait de sauter vers Sophia, la sœur hospitalière, il la fit voler en arrière d'une boule de feu. Le corps calciné de la créature alla s'écraser sur la chaussée et fut rapidement percutée par une voiture civile. Celle ci fit un vol plané magistral et acheva de semer la panique. Les autres monstres passèrent à l'attaque mais les barrages de tirs des deux fantassins de choc combinés aux pouvoirs psychiques d'Arax et de sa compagne les forcèrent à garder leurs distances, en tuant plusieurs. Cependant d'autres arrivaient déjà sur les arrières des impériaux refermant un piège mortel.

-Vers l'avenue! S'exclama cette fois l'inquisiteur.

En quelques instants les huit serviteurs de l'Empereur traversèrent la centaine de mètres qui les séparait de la grande artère qu'ils avaient mis tant de temps à éviter. La vue aurait pu être grandiose, une ruche humaine dans toute sa magnificence, lumineuse alors que le soleil scintillait sur les murs de marbre blanc. Au loin, les fumées de la bataille de l'astroport dépassaient de la cime des immeubles et allaient se perdre dans les nuages gris, comme si la terre se trouvait reliée au ciel par les feux des combats. Des milliers de civils passaient, soit sur les trottoirs roulants, soit au milieu des centaines de voitures individuelles qui traversaient l'avenue. Au loin pouvait se voir un colonne de légionnaires, en partance pour le combat, leurs chimères rutilantes se démarquant au milieu du reste du trafic, ajoutant une touche militaire à ce lieu si majestueux.

Mais le temps n'était pas aux contemplations.

-Il nous faut un véhicule!

Alors que derrière elle les créatures couraient à tout allure pour la tuer et que déjà le bruit d'un transport de la légion Linciane faisant demi tour se faisait entendre, Kaldis s'avança calmement au milieu de la route, insouciante des véhicules qui fonçaient à toute allure pour quitter la future zone des combats.
Arrivée au milieu de la chaussé, elle se tourna brusquement face à l'avenue et à une voiture qui fonçait droit sur elle. Elle vit distinctement le conducteur sembler l'ignorer, la peur éclairant ses yeux alors que des tirs se mettaient à fuser en tous sens. Elle eut le temps de détailler le pare choc qui s'élançait vers elle, prêt à la faucher en un instant.

Puis tout fut immobile.

Une infime fraction de seconde le véhicule fut stoppé par la puissance de ses pouvoirs télékinétiques et un mince sourire se forma sur ses lèvres alors qu'elle savourait l'expression de surprise du conducteur. Puis le temps reprit ses droits et l'homme fut projeté avec une infinie violence contre son pare brise, son crâne éclatant comme un fruit trop mûr.
D'une simple pensée la sorcière fit arrêter un deuxième véhicule et en expulsa les passagers dans les airs d'un geste désinvolte.

Le reste du groupe sembla un instant stupéfait par ce qu'il venait de voir. Puis, sous une injonction de l'inquisiteur, tous grimpèrent en quatrième vitesse à bord avant de faire démarrer leurs nouveaux transports en trombe. Les créatures étaient sur leurs talons mais une terrible onde psychique naquit de l'un des transport et en tua deux de plus, forçant les autres à reculer. Les deux voitures firent rapidement demi tour et s'engagèrent à contre sens sur l'avenue alors que derrière eux un transport chimère roulait à toute allure pour les rattraper tout en faisant feu de son multi laser. Les deux acolytes qui s'étaient dévoués à la conduite, Lupa et Dinor, devaient zigzaguer sans cesse pour esquiver une mort certaine.

-Semblerait qu'on ait trouvé un moyen pour accélérer vers le palais mon seigneur, dit la rucharde avec son humour habituel.
-Tu ferais mieux de regarder devant toi, répliqua l'inquisiteur de sa voix froide.
-Vous en faites pas, je conduis depuis que j'ai...

La fin de la phrase de Lupa s'étouffa dans un hurlement alors qu'un poids lourd fonçait droit vers eux en klaxonnant. Elle tourna le volant à toute vitesse mais il était trop tard pour éviter le choc... Pourtant leur véhicule continua sa route sans encombre, le camion lévitant à une dizaine de mètres au dessus du sol. Des gouttelettes de sueur apparurent sur les tempes de Kaldis alors qu'elle manipulait lentement le géant de métal. Puis elle le laissa tomber en travers de la rue, écrasant deux autres automobilistes paniqués et obstruant le passage. Elle soupira alors qu'une violente explosion se déclenchait derrière les bolides en fuite.

-Lupa très chere, vous seriez gentille de regarder où vous allez en conduisant, je ne ferais pas ça toutes les cinq minutes!
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Njarll
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 17:44

Bien écrit, captivant , les personnages sont intéressants et on commence à redouter de qui va mourir dans les prochains chapitres....


Un truc qui m'a interpellé c'est que Lerec considère la cible de l'Inquisiteur comme une déesse... bien que c'est quasiment le cas c'est une hérésie du point de vue impériale , surtout pour un cataphractaire.
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Arax, Inquisiteur
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 17:47

Une déesse Lincian pour être précis. Il est convaincu que les croyances des Lincians sont fausses et que la seule vrai foi est celle en l'Empereur, aussi il la nomme ainsi car c'est ainsi que ses ennemis la considère mais à ses yeux c'est plus une fausse déesse qu'autre chose.
Enfin il est vrai que j'aurais pu le préciser.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMer 12 Mai 2010 - 13:33

Fiora avait quitté le palais depuis deux heures déjà et ne savait toujours pas ce qu'elle comptait faire. Sa fratrie de bios-guerriers l'avait accompagnée et se déplaçait maintenant avec elle à travers les rues, attirant les regards d'une foule fascinée, respectueuse face aux élus de leur dieu.

Elle voulait passer sa nouvelle épreuve. Elle désirait cela plus que tout autre chose. Cependant, elle ne savait pas comment unifier son âme. A chaque seconde elle sentait l'ombre de l'autre derrière elle, et elle sentait que sa volonté de ne pas disparaître était aussi forte que celle qu'elle avait de devenir une élue. L'ancienne Calidus arpentait ainsi les rues, observant d'un œil plus que distrait les merveilles artistiques qui se trouvaient ici et là. Telle une âme en peine elle errait sans but, enrageant de ne pouvoir vaincre un ennemie qui se cachait au fond d'elle même.

Puis lui vinrent les bruits d'un combat lointain, que seuls ses nouveaux sens pouvaient déceler. Les détonations d'armes à feu, le roulement caractéristique des chenilles d'un char, une puissante explosion et le bruit de la tôle contre la tôle. Ces sons l'attirèrent comme le chants d'une étrange sirène. D'un pas rapide elle se mit à remonter une avenue désertée de sa circulation.

A une trentaine de mètres elle vit un barrage routier qui avait été installé par la légion en installant trois chimères en travers de la voie de communication. Un ennemi était il passé à travers les lignes de défense de la cité et s'était il enfoncé au plus profond de la ruche? Des résistants avaient ils tenté une opération pour célébrer le dernier assaut impérial en date? Un simple groupe criminel avait il eut le malheur de s'attirer la colère de la Légion? Elle n'en savait rien. Elle se rendit compte que depuis ce jour qui lui paraissait si lointain où elle avait levé les yeux au ciel et appelé la mort de ses vœux, elle n'avait pas pris de nouvelles de la guerre qui faisait rage à l'extérieur et dont elle aurait pourtant pu changer le cours. Tout cela lui était désormais indifférent seule son ascension avait du sens à ses yeux. Pourquoi aurait elle dû se soucier de la vie des autres alors qu'il lui restait encore la sienne à bâtir?

Mais peu importait, qui que soient ceux qui se dirigeaient vers ce barrage, ils allaient devoir stopper net et à ce moment là ils seraient réduits à néants. Fiora saliva par avance à l'idée de participer à leur massacre.
Mais un fait incroyable se produisit.

La chimère au centre de l'avenue fut soudain soulevée du sol et projetée contre celle qui se tenait à sa gauche. Les deux véhicules explosèrent dans une violente déflagration. Le dernier véhicule commença à faire tourner sa tourelle mais celle ci se plia violemment vers le ciel, devenue inoffensive en un instant. Dans la fumée générée par les explosions, les légionnaires autour de l'ancien blocus tentèrent de faire feu sur une cible mouvante mais à voir l'acharnement qu'ils y mettaient, leur action ne devait pas avoir grand effet.

Deux bolides émergèrent d'un coup de la chape impénétrable, filant à tout allure. Les bios-guerriers entourant la jeune femme se dispersèrent avec leur célérité habituelle afin de ne pas se faire écraser.

Tout semblait pourtant tellement lent aux yeux de Fiora.

Elle put distinguer les deux véhicules civils qui fonçaient aussi vite qu'ils le pouvaient, elle put détailler les impacts qui criblaient leurs carlingues. Elle put voir qu'ils fonçaient droit sur elle afin d'échapper au plus vite à leurs éventuels poursuivants. Elle put voir qu'à leur bord se tenaient enfin des ennemis sur lesquels elle pourrait passer sa colère.

D'un geste presque détaché, elle pointa l'un de ses hortus vers l'un des deux véhicules et en projeta sa lame. En un instant celle ci traversa le pare brise de la voiture et alla se planter dans le ventre de son conducteur. Comme au ralentit, Fiora vit le fuyard perdre le contrôle de son engin et partir dans un terrible tête à queue. Dans même détachement elle vit l'autre bolide qui ne se trouvait plus qu'à quelques mètres d'elle. D'un saut gracieux mais à la vitesse surnaturelle, elle bondit au dessus du monstre de métal mais elle eut le temps de tracer une large balafre dans son moteur alors même qu'elle tourbillonnait dans les airs.

Tandis qu'elle atterrissait au sol, les deux engins en fuite s'écrasaient déjà contre un mur une centaine de mètres plus loin, la violence du choc les faisant pénétrer dans l'immeuble en question. L'apprentie Succubus sourit et commença à se diriger vers les deux carcasses fumantes d'un pas volontairement lent et provocateur. Si il y avait des survivants, elle allait leur faire regretter leur sort...





Quelques minutes plus tôt, Lupa accomplissait la course de sa vie.
Elle n'avait prit le volant depuis moins de cinq minutes et elle était déjà aussi épuisée que si elle avait conduit cinq heures. Chaque seconde elle devait altérer sa course pour ne pas laisser l'occasion à ses poursuivants de la verrouiller et d'ainsi mettre un terme à sa course folle.

-Inquisiteur, dit elle en gardant cette fois les yeux braqués sur la route, sans vouloir vous offenser, vous comptez faire comment pour que l'on puisse rejoindre le palais? Repérés comme on est, on va pas pouvoir approcher à un kilomètre sans se faire descendre, alors pénétrer à l'intérieur je vous dit même pas!
-Il faut que l'on les sème dans quelques petites rues, que l'on laisse passer un jour ou deux pour se faire oublier, et puis que l'on trouve un moyen de rentrer. Pour le moment contente toi de nous trouver un endroit à l'abri.
-Chef oui chef, clama elle avec sa voix malicieuse.

Malgré son apparente humeur légère, la rucharde était incroyablement stressée. Dinor qui était dans le véhicule de tête lui fit signe de tourner au prochain croisement, dans l'espoir de larguer la bonne vingtaine d'hybrides et la chimère qui les poursuivaient. Elle vira donc violemment et entendit venir de derrière des jurons alors que tous avaient été plaqués les uns contre les autres par la vitesse. Seule Kaldis rit de se trouvée pressée contre Arax. Lupa aimait bien la télékinésiste, elle était aussi peu sérieuse qu'elle et...

Ses pensées furent subitement interrompues alors que face à elles apparaissaient trois chimères alignées, bouchant totalement l'artère. Lupa se sentait foncer vers leurs flancs blindés à toute allure et n'était même pas sûre qu'elle aurait l'occasion de tourner. Déjà leurs tourelles commençaient à se fixer sur son véhicule et l'autre.

-Empereur miséricordieux! Cria elle, mue par la peur.

Puis la chimère au centre de l'avenue fut soudain soulevée du sol et projetée contre celle qui se tenait à sa gauche. Les deux véhicules explosèrent dans une violente déflagration. Le dernier véhicule continua à faire tourner sa tourelle mais celle ci se plia violemment vers le ciel, devenue inoffensive en un instant. Les quelques fantassins qui entouraient les trois véhicules se mirent à faire feu dans le désordre alors que les deux bolides en fuite se faufilaient dans le nouvel espace. Lupa s'accorda un petit rire nerveux alors qu'elle émergeait de la fumée et débouchait enfin sur un artère pleinement dégagée. Non, il y avait une seule silhouette qui se tenait en son milieu et qui semblait pointer son bras droit sur elle...

La douleur fut fulgurante. Une lame d'acier glaciale étaient apparue en un instant et s'était fichée dans sa poitrine, juste sous son sein. La rucharde se cramponna à son volant alors qu'en un instant la douleur se répandait dans tout son corps. Elle tenta de garder les yeux ouverts alors qu'un étrange voile tombait devant sa vision. Comme ailleurs elle sentit qu'elle perdait le contrôle sur son véhicule. Tout se mit à tourner alors qu'un feu liquide s'épandait en ses veines.

Puis vint un terrible choc.
Puis plus rien.



Lorsque Lupa rouvrit les yeux, elle vit le sol remuer sous ses yeux, comme si un terrible tremblement de terre secouait la ruche. Puis elle se rendit compte qu'elle était celle qui bougeait, secouée en tout sens alors qu'on la portait sur l'épaule. Ce on se révéla être Forus au vue de l'épée qui battait son flanc, et il courrait a perdre haleine dans les couloirs d'un immeuble inconnu. Par moment il laissait derrière lui des traces de sang... non, pas le sien, Lupa se rendit compte que c'était sa propre vie qui s'écoulait ainsi au sol.

Elle sentait une douce torpeur la prendre, la douleur ne se faisait plus sentir mais à la place il lui semblait qu'elle s'éloignait de son corps, qu'elle perdait prise sur son monde, petit à petit. Un sourire béat lui vint au lèvre sans qu'elle ne sache pourquoi alors que la torpeur se répandait de plus en plus. Elle avait déjà vu ce que certains poisons de l'ennemi pouvaient avoir comme effet. Elle avait vu des hommes et des femmes fiers et combatifs perdre petit à petit toute volonté propre et devenir de simples esclaves que l'on pouvait monnayer par quelques plaisirs. Elle avait toujours craint de subir un tel sort mais maintenant il lui semblait si doux et désirable. Comme la drogue deux jours plus tôt tellement... méprisable! Il lui fallait se ressaisir, se concentrer sur sa douleur sur le devoir et sur la haine. La haine surtout.



Dinor pour sa part était plus en avant dans le groupe mais il ne cessait de jeter des regards en arrière. Lupa avait été sévèrement blessée. A vrai dire tous avaient des commotions et autres à la suite de l'accident, mais cela n'avait rien à voir avec sa blessure. La lame avait percé son abdomen et y était toujours fichée. Elle risquait de mourir dans la nuit et à voir son regard embrumé, le tranchant d'acier n'était pas la seule chose qu'elle devait craindre...

Tout avait si mal tourné si rapidement. D'abord la fuite effrénée en voiture avait pu sembler assez catastrophique mais ils s'en étaient relativement bien sortis grâce à Kaldis. Cependant il avait suffit de cette étrange créature au milieu de la route pour mettre fin à leurs espoirs. Désormais ils couraient à aussi vite qu'ils le pouvaient dans une tour d'habitation désertée de ses habitants, sûrement au travail pour la journée. Si tant était que les lincians travaillaient...

Ils montèrent une nouvelle volée d'escaliers et débouchèrent dans un grand hall, peut être une pièce de réception conçue pour des jours moins sombres. Il n'y avait qu'une seule entrée et des canapés moelleux étaient dispersés un peu partout, ils feraient de merveilleux couverts.

-Cinq minutes de pauses! Cria l'inquisiteur.

Tous s'effondrèrent presque sur place. L'adrénaline les avaient tenu debout mais elle était une capricieuse maitresse. Forus tituba légèrement et installa Lupa sur l'un des meubles confortable avant de laisser la en charge à Sophia l'hospitalière. La sœur sortit son narthécium et se mit à l'ouvrage pour extraire la lame du corps de la rucharde tout en lui injectant des contre-poisons. Dinor poussa un soupir et s'assit lui même en tailleur derrière le canapé où son amie était étendue. Il examina le mécanisme de son arme, en démonta rapidement le canon avant de le remonter, il agissait ainsi plus pour calmer ses nerfs que pour une quelconque utilité, il savait de toute façon que dans un espace aussi clos son arme ne lui servirait à rien...

Lerec et Dariel, les fantassin de choc, s'étaient installés à couvert et braquaient leurs armes sur l'entrée de la salle, prêts à réduire en cendre un éventuel poursuivant. Forus planta son épée longue dans le sol et s'en servit comme dossier pour s'asseoir, le regard lui aussi rivé sur la seule porte d'entrée.

Arax pour sa part s'accorda un nouveau soupir pour évacuer son stress alors qu'il passait en revue ses hommes. Il y avait vraiment beaucoup d'imprévus et plus les choses allaient plus il se rendait compte qu'il avait peut être vu bien trop grand en espérant réussir là où tous avaient échoués. Kaldis était la seule à être restée debout et une nouvelle fois les volants de sa tenue filaient en tout sens. L'inquisiteur s'approcha d'elle et lui posa une main qu'il voulait réconfortante sur l'épaule:

-Tu devrais te reposer toi aussi.

Pas de réponse.

La jeune femme continuait à lui faire dos, imperturbable. Légèrement inquiet l'inquisiteur observa les tatouages de son acolyte et remarqua qu'une nouvelle fois ils étaient agités et ne cessaient de se former et de se déformer traçant d'étranges runes sur sa peau, signe qu'elle puisait profondément dans ses pouvoirs. L'inquisiteur la contourna de deux pas rapide et vit la sueur qui coulait de son front. Elle gardait les yeux fermés de toutes ses forces alors que ses lèvres formulaient des mots inarticulés.

Un frisson parcourut l'échine du pyromancien et celui ci ouvrit ses sens psychiques pour découvrir l'étrange bataille qui se livrait au dessus de lui.

La forme psychique de Kaldis était là, aveuglante, mais elle était entourée par une douzaine de psykers de plus faibles niveaux qui s'en prenaient à elle de toute part dans un terrible combat psychique. Arax vit rouge une seconde et projeta son essence dans les airs en un javelot de flammes mentales qui empala un de ses adversaires. Il allait se jeter sur un deuxième lorsqu'il détecta les présences en approche. Bloqué dans son corps il avait été incapable de les repérer et maintenant ils lui apparaissaient clairement, les esprits de douze prédateurs décidés à en finir avec les fuyards. Il ne pouvait à la fois espérer affronter les êtres psychiques et mener un combat physique, aussi envoya il un encouragement mental à sa compagne avant de reprendre pied dans le monde matériel.

-Aux armes! Cria il, et tous se levèrent comme un seul homme.

En un instant un fuseur, un fusil radiant laser, une paire de pistolets et un bolter compact se pointèrent sur l'entrée. Forus et l'inquisiteur se dirigèrent pour leur part en direction des battants pour intercepter quiconque passerait outre ce déluge de feu. Puis un léger son se fit entendre, de plus en plus strident et d'un coup, un mur de la salle vola en éclat sous l'attaque d'un rayon thermique.

En moins d'une seconde une grêle d'éclats projetés par des fusils à pompe de bios-guerriers fondirent sur le groupe à couvert. Dinor et Sophia eurent le réflexe de se jeter à couvert, l'armure carapace de Lerec le prémunit contre les centaines de fragments tranchants tandis que Forus se protégeait derrière son bouclier et que le rosarius d'Arax détournait le feu.

Mais Dariel n'eut pas cette chance.

Une première salve d'éclats détruisit son plastron d'armure et une deuxième ravagea ses organes internes. Il tomba à genoux alors que son armure lui injectait des doses de stimulants mais même ainsi il ne put s'empêcher de sombrer dans le coma.

Des silhouettes trop rapides pour être humaines se faufilèrent par la nouvelle entrée, profitant de la distraction des impériaux. Lerec fut le premier à se reprendre et arrosa les nouveaux venus d'une salve de laser à grande puissance. Deux tombèrent alors que les autres plongeaient à couvert pour se servir de leurs terribles armes.

Forus activa son épée et se jeta en avant, ignorant les tirs qui fusaient autour de lui. Le premier bio guerrier qu'il rencontra tenta une attaque latéral qu'il parât de son bouclier avant d'empaler son agresseur de son épée longue. Un nouvel hérétique lui fonça dessus mais il lui expédia une terrible attaque de taille. La femme génétiquement modifiée tenta de parer de la lame de son hortus mais l'ancienne épée énergétique se contenta de trancher son arme, son bras puis sa tête d'un seul coup. Il vit trois autres de ses ennemis tenter de le contourner afin de rejoindre les tireurs et de les massacrer en quelques instants aussi se décida il à se charger de leur sort.

Mais quelque chose n'allait pas.

Avec ce qui lui sembla être une infinie lenteur, il pencha son regard vers sa main gauche mais en lieu et place de son fier bouclier énergétique, sa main ne tenait plus qu'un écu coupé en deux en biais. Pire, sa propre main avait été coupée en deux le privant de quatre doigts. En un instant il releva les yeux, décidé à trouver ce qui avait pu lui faire ça.

A deux centimètres de ses yeux se trouvait un visage souriant aux étranges yeux roses, d'une perfection à couper le souffle. Il tenta de reculer aussi vite qu'il le put mais il sentit clairement cette fois la lame énergétique traverser son plastron d'armure et ravager sa poitrine. Le croisé eut une légère convulsion alors qu'il reculait toujours et sentit douloureusement un coup de pied retourné l'envoyer au sol sur lequel s'étala bientôt son sang...



Arax avait admiré les quelques secondes qu'avaient duré la charge glorieuse de Forus. Il était resté impressionné par l'habilité avec laquelle il avait défait ses deux premiers ennemis. Puis il fut soufflé par la facilité avec laquelle son troisième adversaire l'avait vaincu avec une célérité presque trop grande pour l'œil humain.

Trois de ses hommes étaient déjà à terre et Kaldis n'était pas vraiment disponible pour le moment. Il allait falloir en finir de manière expéditive. L'inquisiteur rassembla ses pouvoirs entre ses mains en deux boules d'un feu tellement intense qu'il en était blanc. Ses prunelles virèrent à la couleur des flammes ardentes alors que le pouvoir du warp coulait en lui. En un instant il embrasa la nouvelle entrée ménagée par les bios guerriers, consumant ses agresseurs en quelques secondes. Un instant il s'accorda un sourire en voyant que son attaque avait bien épargné Forus tout en consumant tout ce qu'il y avait autour.

Puis son visage fut déformé par une grimace de douleur alors qu'il sentit une épine d'acier s'enfoncer dans son épaule malgré son champs protecteur. En un battement de paupière il vit la lame qui fonçait vers lui, surgit de nulle part. Il vit la paire d'yeux rosée qui le fixaient intensément. Il vit sa mort promise et inévitable.
Les yeux roses eux voyaient les flammes, ils voyaient les braises qui brûlaient dans ces prunelles. Ils voyaient la résignation que renfermaient ces iris. Et ils voyaient la foi qui poussait cet homme même dans la mort à garder le regard droit.

-Ar...ax?

Les flammes étaient bien là, brûlantes et fulgurantes, plus lumineuses que tous les soleils de cette galaxie. Dans l'esprit de Fiora s'alluma un brasier éblouissant. Une lumière brûlante se mit à émaner d'une part d'elle et repoussa en un instant les ténèbres qui pourtant croyaient régner.
Au cœur d'une âme divisée, un corps à la perfection sans pareil laissa place à un autre, blessé et fatigué mais victorieux à partir du néant. Bien que vacillante, la lumière avait retrouvé sa force chez l'ancienne calidus mais elle ne faisait que rendre les ténèbres plus sombres encore...



La femme s'était subitement évanoui dans les bras de l'inquisiteur alors même qu'elle allait l'achever. En un instant Arax concentra à nouveau son pouvoir, décidé à réduire son ennemie en cendre puis il la reconnu.

Il ne voulait pas croire que ce fut elle, il ne voulait pas penser qu'il devait la tuer, il ne voulait pas se résigner à savoir qu'il avait échoué à ce point. Dans ses bras, endormie, se tenait la dernière des trois sœurs, la seule qu'il avait espéré sauver. Alors qu'il voyait son corps horriblement muté, sa chair terriblement marquée il sut qu'en elle il n'y avait plus d'espoir de rédemption et se résolut à faire le devoir de tout inquisiteur...
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 13:03

Fiora revient du bon côté, pour l'instant :fete:

Je le redit, tu fais chier ! Plus ça va et plus ton texte capte mon attention. Et il est chaque fois plus dur de voir la fin du post arriver. Et bien sûr, comme tu ne peut pas t'en empêcher, tu fait tout pour que je veuille voir la suite arrivé, rien que pour savourer ce texte magnifique et pour savoir ce qu'il va se passer. Je ne le dirait jamais assez, tu fais chier. :(
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 21:14

Fiora rouvrit les yeux et une fois de plus elle se trouvait prisonnière d'un monde de ténèbres. Elle était suspendue dans les airs, incapable de bouger le moindre membre, contrainte à flotter sans savoir où elle se trouvait. Cependant elle pensait bien connaitre sa situation. Une fois de plus elle se trouvait prisonnière de son corps, esclave de son destin incapable de lutter contre lui. Elle maudit sa part sombre qui une nouvelle fois semblait avoir vaincu.

L'avatar de sa haine finit par paraitre devant ses yeux, à la fois magnifique et détestable dans sa quasi nudité. L'ancienne calidus lui cracha au visage laissant sa colère si longtemps enfouie rejaillir.

-C'est ainsi que tu salue une vielle amie Fiora? Tu as vraiment changée ma chère...

Elle se moquait d'elle en plus de la tenir prisonnière! L'assassin se mit à se débattre, luttant contre son impuissance avec toute ses forces, désirant briser ses liens et jouir à nouveau de la vie. Tuer celle qui lui avait fait subir tant de tourments et l'avait conduit à de si sombres jours. Elle sentit ses membres bouger légèrement et elle laissa s'échapper un cri sauvage alors qu'elle se voyait déjà faire subir les pires sévices à sa némésis.
Puis ses liens se resserrèrent à nouveau, lui arrachant un léger gémissement de douleur.

-Tu ère dans les ténèbres depuis trop longtemps... pouvons nous réellement te ramener?

Cette voix résonnait dans son esprit comme revenue du plus profond de sa mémoire. Elle l'avait connu autrefois. Elle savait qu'elle avait appartenu à une de ses amies. Mais elle la trouvait empreinte de malice et de moquerie et l'entendre ravivait d'étranges sentiments en elle. Une haine enfouie, des pulsions refoulées, une jalousie brimée. Ce n'était pas la voix habituelle de l'Autre mais elle n'en était pas moins cruelle.

-Arrête tes maléfices! Lâcha elle. Tu as encore emporté la victoire, tu m'as encore enfermé, inutile de faire plus!
-Je t'ai déjà enfermé? Je ne m'en souviens pas pourtant...

Si insolente! Comment aurait elle pu oublier? N'était elle pas une autre façade d'elle même? Elle n'aurait jamais pu s'oublier elle même... ou n'était-ce là qu'un nouvel artifice? Son esprit était confus. Elle ne savait pas comment les ténèbres avaient pu envahir son âme au point que même sa prison soit si sombre. Elle ne savait pas où son corps pouvait se trouver, elle ne savait même pas si elle pouvait toujours sentir son corps depuis une si profonde prison!

-Bien sûr que si tu peux sentir ton corps puisque c'est ton corps que je maintiens prisonnier.

Encore cette voix, encore ce déferlement de frustration à sa simple écoute. Cependant Fiora se donna la peine d'enfin réellement regarder celle qui lui faisait face. Relativement petite, chauve à l'exception d'une longue tresse de cheveux blancs, sa tortionnaire avait deux yeux dorés à l'éclat étrange et des runes ne cessaient de courir sur sa peau pâle. Ce n'était assurément pas elle, pas son Autre elle. Un nom lui revint en mémoire datant d'une époque où les ténèbres qu'elle combattaient n'avaient pas encore prise sur son cœur:

-Kaldis... comment?
-Tu retrouve enfin tes esprits Fiora... mais c'est plutôt à moi de demander comment et surtout pourquoi. Arax est profondément blessé et il va mettre un bon moment avant de se remettre. Autrefois tu devais accomplir la mission qui nous est maintenant dévolue, mais aujourd'hui tu te dresse face à nous... pourquoi?

L'esprit de la tueuse était tout chamboulé. Savoir qu'elle avait repris le contrôle de son corps était un choc, tout autant que de savoir ce que l'Autre avait fait de ses dernières minutes de liberté.

-Je ne sais plus parfaitement ce que je fais depuis plus d'un an. Je ne sais plus du tout ce qu'elle me fait faire depuis une semaine. Je n'étais plus qu'une captive de mon propre esprit jusqu'à mon réveil. L'ennemi a posé sa marque sur moi et je peine à lutter contre moi même. Tu as dit qu'Arax était blessé?

Fiora avait laissé échapper une légère angoisse à travers ces simples mots et elle avait senti une bête aussi sombre que la nuit remuer en son sein alors qu'elle révélait son histoire et surtout qu'elle s'enquerrait de ce qu'elle avait pu faire.

-Cela fait toujours plaisir de voir que tu t'inquiète encore un minimum pour lui, répliqua Kaldis d'un ton contrarié tout autant qu'inquiet. Tu l'as empalé de ta propre arme avant de tomber dans les pommes. Nous avons pu lui donner des contre-poisons mais nous avions une autre blessée et il a exigé qu'elle reçoive des soins en priorité. Il est faible pour le moment et le restera sûrement plusieurs jours.

L'ancienne calidus sentait son monde s'effondrer. Non seulement avait elle laissé la nuit prendre possession de son corps mais avait elle été jusqu'à blesser l'être pour lequel elle était allé jusqu'à se damner. Elle avait faillit à l'Empereur, à elle même et désormais à son maître. Elle était bien une hérétique, une âme égarée dans les ombres par delà la rémission. Une unique larme amère monta à ses yeux portant en elle tout son désespoir. Elle tentait de rester forte mais elle ne savait même plus comment user de cette force. Jamais elle ne retournerait vers ses nouveaux maitres, elle ne le désirait ni ne le pouvait, mais jamais plus elle ne pourrait lutter contre ce qu'elle était devenue...

-Pourquoi?
Kaldis se contenta de hausser un sourcil.
-Pourquoi suis-je toujours en vie? Pourquoi ne m'as tu pas tué?
-Parce qu'Arax me l'a demandé.
-Mais pourquoi voudrais il encore de moi... après ce que je suis devenu, après ce que j'ai fais, après que...
-Parce que je lui ai demandé.
-Comment?

La psyker face à elle se contenta de sortir de son angle de vision sans répondre. Fiora poussa un soupir puis se sentit tomber brusquement au sol.

-Te maintenir en l'air me coute de l'énergie et pour le moment je suis la seule réellement en mesure de défendre le groupe. Ne fait rien de stupide et tu pourra te déplacer librement dans notre palace de ce jour. Ais une seule pensée de fuite et je te tuerais dans la seconde. Arax croit peut être en toi mais je ne te laisserais pas nous faire le moindre mal.
-Je... je ne comprend pas, bredouilla la captive, pourquoi lui avoir dit de me laisser en vie alors que tu n'as pas confiance en moi?
-Moi non plus, je ne comprend pas.

Kaldis sortit alors de la pièce en claquant la porte.



Fiora ne sut jamais combien de temps elle resta recroquevillée dans les ténèbres, les mains passées autour des genoux à se lamenter sur son sort.

Elle se maudissait d'être si faible, elle se maudissait d'être si souillée, elle se maudissait pour chaque acte qu'elle avait commis et qui l'avait conduit dans cette situation. Mais même si elle tentait de se le cacher, elle ne pouvait s'empêcher de maudire également le monde autour d'elle. Elle maudissait cette Kaldis qui l'avait fait se sentir si mal, elle maudissait ce groupe qui l'avait détourné de la voie qu'elle avait enfin trouvé pour sa vie, elle maudissait l'univers de ne pouvoir pardonné à ce qu'elle était devenu, à ce qu'elle avait choisit de devenir!

NON!

Jamais. Elle n'avait jamais désiré cela! Ce qu'elle était devenu s'était petit à petit développé sans qu'elle le veuille, prenant sournoisement le contrôle.

Du moins c'était ce qu'elle croyait, ce qu'elle voulait croire tout en sachant que la vérité était toute autre.
Non encore une fois! Il n'y avait pas de vérité, seulement deux points de vues partagés par un même esprit. Un esprit qui en était venu à se diviser de lui même. Un esprit qui avait décidé d'ouvrir ses portes aux ténèbres. Un esprit qui...

Assez!

Fiora se releva et resta un instant désorienté dans la pénombre. Elle voyait mais ne voulait voir. Elle refusait de contempler les ténèbres plus longtemps, elle ne les avait que trop vues et elle ne souhaitait pas s'y perdre à nouveau.

Lorsqu'elle ouvrit la porte la lumière se mit à inonder son univers avec une intensité presque douloureuse. Elle ferma ses yeux roses aveuglés un instant avant de les rouvrir lentement. Face à elle se trouvait une large pièce, une ancienne chambre noble à n'en pas douter. Plusieurs lumiglobes éclairaient la scène d'une douce lueur qui pourtant lui semblait douloureuse.

Avachis sur divers meubles se trouvait là l'équipe de l'inquisiteur, tous apparemment exténués. Mais tous ne la fixaient pas moins. Dans leurs regards, Fiora lut plusieurs choses, du mépris, de la haine, du dégout, de la gêne, de la pitié. Tout cela mélangé en divers proportions. Un à un elle les jaugea. Elle avait connu certains des années durant alors qu'elle ne voyait d'autres que pour la première fois de sa vie. Pourtant aucun ne semblait lui témoigner le moindre signe d'amitié. A quoi s'était elle attendue?

Un instant elle se regarda dans une glace accrochée à un mur non loin. Elle vit sa tenue à moitié déchirée révélant les runes blasphématoires de son dieu... Non! Du Sombre Prince. Elle vit son corps muté, sa poitrine double, sa peau d'une pâleur surnaturelle, ses yeux si étranges, ses cheveux presque bleutés. Elle se contempla et se trouva magnifique. Elle se savait l'être le plus parfait de cette assemblée. Mais elle se savait aussi être de loin la plus souillée.

-Devoir laisser en vie une hérétique... et devoir l'accepter dans la même salle que moi... cet inquisiteur est réellement fou à lier!

L'homme qui venait de parler portait la lourde armure des cataphractaires Aldéran et avait parlé avec l'accent typique de la noblesse. Il se détourna, méprisant et Forus, un croisé qu'elle avait pourtant fréquenté pendant près d'une décennie, le suivit dans une autre pièce. Elle ne le connaissait pas encore mais déjà elle le haïssait avec une intensité rare. Elle aurait voulut lui infliger les pires sévices, le briser tant mentalement que physiquement, le faire ramper à ses pieds et le faire implorer son pardon! Elle voulait! Elle...

Elle ne voulait plus de ces pulsions destructrices. Elle se planta les ongles dans la paume de ses mains jusqu'à les faire saigner pour réprimer sa colère. Petit à petit les autre se détournèrent, cessant de la regarder comme un animal de foire. Elle vit Dinor, un autre être qu'elle avait un temps considéré comme un ami, se détacher d'elle en lui lâchant un regard lourd de reproche avant de baisser les yeux sur une jeune inconnue évanouie sur un lit double. Une sœur hospitalière se tenait à son chevet, attentive bien qu'elle fronçât légèrement les sourcils. Un fantassin de choc pour sa part riva ses yeux sur son fusil radiant, cherchant à le régler pour se détendre les nerfs.

En quelques instants elle se trouva totalement ignorée alors qu'une seconde plus tôt tous la regardait. Elle en conçu une légère frustration mais aussi une certaine honte. Elle peinait à admettre qu'elle fut devenu un être qui ne méritait même plus d'être observé par les autres.

Fiora se mit à avancer dans la pièce regardant le groupe à la dérobée. Elle remarqua que le fantassin de choc, malgré son air absent lui coulait de regards indiscrets et elle lui envoya un sourire aguicheur qui le fit légèrement frémir. La déviante continua à traverser la pièce avec un pas aérien profitant du regard insistant qui se perdait dans les mouvements de son dos dénudé. Malgré leur pureté les autres n'étaient pas indifférents à sa perfection! Car oui elle était parfaite, elle était une élue de... une élue... une déchue, une damnée, une esclave du démon!

C'est toujours aussi perdue dans ses pensées qu'elle vit la porte devant elle s'ouvrir, révélant une Kaldis au visage anormalement inquiet. En voyant la calidus, la psyker eut un sourire léger et quelque peu forcé.

-Tu devrais changer de vêtements Fiora, dit elle, tu pourrais te déplacer nue que cela ne changerait presque rien.
-Si tu veux que je retire ma combinaison cela ne me gène aucunement Kaldis, répondit la tueuse en toute sincérité. Et tu n'es pas plus vêtue...

La psyker lui rendit un regard dur, hostile même face auquel Fiora ne put retenir un léger sourire moqueur.

-Je n'exhibe pas des symboles qui devraient à jamais être cachés aux mortels, je ne proclame pas mon hérésie par ma simple apparence, je ne suis pas fière de la souillure que le chaos a pu laisser sur mon corps, contrairement à toi.

Sa voix avait été emplie de colère, comme si elle libérait une rancœur trop longtemps enfouie. Elle resta silencieuse un petit moment avant de reprendre:
-L'inquisiteur veut te parler, je vais tâcher de te trouver une tenue décente en attendant... fais un minimum d'effort pour ne pas demander à te faire tuer...

La sorcière se détourna de sa démarche étrange, flottant à moitié grâce à ses pouvoirs. Une part de la calidus avait été blessée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle se rendait compte que sa simple vision du monde avait changé et qu'elle n'était plus gênée le moins du monde par des choses qui troublaient ses compagnons. Mais dans le même temps, elle ne comprenait pas ce trouble. Le fait de trembler à la seule vue des runes du Prince des Excès ne reviendrait pas à avouer sa peur? Si les impériaux étaient suffisamment faibles pour avoir peur de simple symboles, méritaient ils vraiment de régner sur cette galaxie?

Elle secoua la tête pour chasser ces pensées. Alors qu'elle ouvrait la porte de la chambre de l'inquisiteur elle frémit à l'idée de la corruption qui courait dans ses veines. Depuis deux ans elle s'était considérée comme pure et contrainte de vivre au milieu de la pire des souillure, de partager son esprit avec un serviteur du Grand Ennemi mais elle même avait changé, même sa lumière semblait terne face à celle de ceux qui n'avaient pas eut à affronter les ténèbres. Elle n'aurait su dire si ce frémissement était de peur ou d'excitation...

Cependant les mille et une questions qui tournaient dans son esprit se dispersèrent lorsqu'elle revit enfin son inquisiteur. Depuis deux ans elle avait préservé sa pureté par fidélité pour lui et elle ne voulait pas finir de basculer le jour où elle l'avait enfin retrouvé.

Il était à demi allongé sur un lit confortable, le torse dénudé mais couvert de bandage. Son visage grimaçait légèrement sous l'effet de la douleur mais il se transforma en la voyant. De son mieux il tenta de sourire bien que son expression restât crispée et quelque peu forcée.

-Fiora! Commença-il. Je ne pensais pas te revoir de mon vivant, j'avais même peur de ne pas te retrouver dans la mort. Je suis tellement navré de t'avoir envoyé vers ce cauchemar et maintenant que je t'ai retrouvé je m'excuse de ne pouvoir t'en sortir.

L'assassin sentit une étrange chaleur en entendant ces paroles et elle crut que la lumière en elle gagnait en intensité. Il s'était tourmenté pour elle et même après qu'elle l'ait blessé il continuait à se soucier d'elle. Voilà peut être ce qui différenciait ceux qui marchaient dans la lumière de ceux qui vivaient dans les ténèbres. Se soucier du sort de ceux que l'on appréciait, être dévoué à autrui au point de se sacrifier soit même. Telles étaient les vertus au nom desquelles elle avait accepté sa tâche et telles étaient celles qui habitaient encore son maître.

-Je ne pensais pas non plus revoir un jour la lumière, répondit elle avec un sourire triste. Cette nuit où j'ai vu ton esprit, cette nuit là j'ai sombré au plus profond des ténèbres et je pensais ne plus jamais m'en sortir. Mais tu es là et moi aussi, enfin! Si tu te trouves ici c'est que la libération approche, mon mauvais rêve se termine.
-Non... la fin est encore lointaine et je ne la verrai certainement pas. Je suis ici pour tuer l'archipêcheresse Selene Aryun et je m'attend à mourir dans cette tâche.

L'inquisiteur grimaça une nouvelle fois. Sa blessure le faisait réellement souffrir et le simple fait de se tenir droit lui semblait pénible. Fiora se rendit une nouvelle fois compte que c'était elle qui avait blessé cet homme, que c'était son bras qui avait enfoncé une lame dans sa poitrine. Le remord et l'inquiétude s'abattirent sur elle avec une violence redoublée.

-Je... je suis désolée.

Elle ne pouvait rien dire d'autre, elle n'avait aucune chose à ajouter. Malgré tout l'inquisiteur s'en contenta et ferma les yeux. Un instant il resta silencieux avant de murmurer:
-Ils auraient voulu te tuer tu sais... moi même je l'ai voulu un moment. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait et pourquoi je ne le fais toujours pas. La prédiction? Le remord? La faiblesse? Je ne sais pas... je ne sais pas quoi faire de toi.

Fiora s'était assise sur le lit du blessé en le fixant de ses yeux si étranges. La chaleur était toujours là, comme une flamme qui prenait de l'ampleur. Elle n'avait jamais senti rien de comparable. Ou plutôt ce feu avait il toujours été là et elle l'avait toujours étouffé mais maintenant qu'elle avait abandonné presque toutes ses inhibition elle sentait un étrange désir à la fois semblable et différent de tous ceux qu'elle avait déjà éprouvé. Des pensées aussi sombres que délicieuses refirent surface alors qu'il continuait à parler.

-Je ne peux pas te laisser sortir. Je ne peux pas te renvoyer à ton nouveau monde, mais tu n'as plus ta place dans l'Impérium. Je ne sais pas voir le destin mais il me semble que le tiens passe par la mort et les...
-Il existe peut être un autre moyen...

Arax rouvrit les yeux alors qu'il sentait une main d'une infinie douceur se presser contre sa blessure. Il vit Fiora se penchant sur lui. Elle avait retiré les lambeaux de son haut de combinaison, révélant son corps muté mais pourtant sublime. Elle le fixait de ses étranges yeux, magnifiques mais terribles. Une seconde l'inquisiteur sembla happé par les abîmes rosés, une seconde il sentit son désir enfler.

Puis la seconde suivante il la repoussait fermement d'un bras, avant de le retirer presque avec dégout de sa peau tatouée. Il crut percevoir dans les yeux de la calidus à la fois de la frustration de la peine et de la déception. Elle était réellement souillée au delà de toute rémission. Avec un soupir il commença à rassembler son pouvoir décidé à ne plus la laisser souffrir un instant de plus. Mais elle se releva du lit d'un mouvement souple et sensuel et son regard retrouva son sérieux.

-Je suis désolée, dit elle, je ne sais pas ce qui m'a prit. En effet j'ai changé et je ne peux plus faire marche arrière mais puis je te demander une dernière volonté?
L'inquisiteur resta silencieux.
-Permet moi de t'accompagner une dernière fois, de mener à bien ma mission à tes cotés de mourir pour une cause juste puisque je ne puis plus vivre pour elle.

Son regard était maintenant déterminé comme si elle avait puisé au plus profond de son cœur les dernier restant de ce qui avait fait d'elle un redoutable agent impérial, autrefois. Arax hocha lentement la tête et elle s'inclina légèrement.

-Je vais accepter ta demande car elle témoigne d'un grand sens du devoir. Maintenant sors, il me faut du repos et rien n'est aussi reposant que la solitude.

Fiora hocha à nouveau la tête et se dirigea vers la sortie, réarrangeant de son mieux sa maigre combinaison de combat. Elle était admirative. Admirative de voir un être maitrisant si bien son désir car elle avait lu dans ses yeux le désir qu'elle lui causait. Admirative de le voir prêt à se sacrifier pour une cause qui ne lui apporterait rien, pas même la gloire. Admirative de le voir prêt à la prendre avec lui malgré ce qu'elle était devenu, de le voir prêt à risquer une nouvelle fois son destin pour le salut de l'âme d'une autre.

Quand la jeune femme sortit de la pièce, tous les regards se braquèrent à nouveau sur elle mais elle ne lança nul sourire moqueur ni regard hypnotique. Elle allait passer les derniers jours, les dernières heures de sa vie à tout faire pour racheter les actes qu'elle avait pu commettre durant ces deux ans. Elle se dirigea vers la pièce qui lui avait été dévolue et croisât Kaldis qui lui remit une armure apparemment prise sur une bio-guerrière morte. Bien qu'un peu trop grande et relativement suggestive elle remplacerait efficacement sa minuscule tenue de cuir. La psyker sembla ensuite se diriger vers la chambre de l'inquisiteur.

-Arax a dit qu'il voulait être seul, signala la tueuse.
-Je sais quand Arax a besoin de solitude et je sais aussi quand il a besoin de moi. Une femme telle que tu es devenue ne peut pas le comprendre.

Fiora voulut répliquer mais déjà l'autre s'était elle glissée dans la chambre. Un moment la calidus resta immobile à contempler cette porte fermée comme en attente que l'inquisiteur expulse la nouvelle venue. Puis voyant que cela n'arriverait pas, elle se détourna pour se blottir à nouveau dans ses ténèbres. La flamme était de nouveau là, de nouveau ardente mais elle avait un goût amer. La jeune femme s'agenouilla dans les ombres et se mit une nouvelle fois à ruminer des pensées plus noires que la nuit.
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Helhorn
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeDim 23 Mai 2010 - 17:36

Y a de l'amour dans l'air. Deux femmes pour un homme, ça sent le crêpage de chignon :fete:

Fiora repasse du bon côté... La partie Slaaneshi en moi se révolte d'indignation tandis que pour Helhorn c'est un juste retour des choses. :(

Sinon, rien a redire, c'est toujours prenant, la scène y est bien décrite, quoi qu'elle fait légèrement cliché, vue dans des films etc...

Je suis partagé, une fois de plus, entre la pitié pour cette pauvre Fiora et mon dégout pour elle. Peut-être sera-t-elle une alliée de confiance, ou peut-être reperdra-t-elle le contrôle et va-t-elle se remettre a les attaqués. C'est frustrant de ne pas savoir :(

Je m'en remet a ton talent pour m'éclairer :)
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeJeu 24 Juin 2010 - 15:53

Le temps s'écoulait, à la fois lent et rapide, délicieux et détestable. Fiora se sentait méprisée, elle voyait la haine des autres et elle ressentait du mépris envers eux. Mille fois elle eut désiré les tuer tous autant qu'ils étaient, créer quelque nouvelle œuvre magnifique en étalant leurs entrailles ou composer une symphonie de leurs gémissements d'agonie. Mais en même temps elle bénissait chaque seconde qui passait, chaque instant où elle se sentait à nouveau maitresse de son destin et protégée contre les ténèbres. Chaque instant passé ici lui remémorait mille et un souvenirs, images fugaces d'une vie passée.

Elle se souvenait désormais de Dinor, ce sniper avec qui elle avait tant de fois fait équipe, elle se souvenait de Forus, le croisé contre lequel elle avait croisé le fer des heures durant dans les salles d'entrainement, elle se souvenait de Dariel qui l'avait toujours regardé en coin lorsqu'ils se retrouvaient amenés à combattre côte à côte. Elle ne connaissait pas les trois autres et ils ne semblaient pas plus vouloir la connaitre. De fait, même ceux qu'elle avait cru connaître faisaient fi d'elle, comme si sa souillure l'avait rendu invisible à ses yeux. Seul le fantassin de choc continuait à l'observer à la dérobée, fasciné par son apparence surnaturelle.

Une nuit Fiora l'avait invité à partager son étreinte, hypnotisé il n'avait su résister et s'était perdu dans son regard violacé. La calidus n'avait pas prit garde aux regards haineux de Kaldis après qu'elle eut fait bénéficier l'homme de ses dons. Elle ne s'était pas soucié de savoir pourquoi ses actes inspiraient le mépris, elle se contentait de vivre en se sachant souillé en acceptant le mépris des autres mais sans réussir à comprendre ce qui en elle était si méprisable.

Trois jours passèrent sans que le groupe ne lève le camp. Sophia l'hospitalière se chargeait des deux blessé avec dévotion tandis que le reste de la petite équipe effectuait des reconnaissances à l'extérieur, tentant de trouver des voies d'accès pour le palais où résidait leur némésis. Au cours de ces excusions, Fiora se trouva à faire équipe avec Dariel, pour son plus grand trouble. A chaque fois que la calidus tentait d'engager la conversation, l'homme se détournait prétendant devoir inspecter telle ou telle ombre. Cependant il ne cessait jamais de la regarder, ses yeux étincelant à la fois de désir et de dégout. Fiora ne comprenait réellement pas. Elle savait qu'il la voulait, elle ne concevait pas que son désir puisse lui paraitre mauvais. Imprégnée telle qu'elle était depuis deux ans dans la culture hérétique, elle avait oublié toute les mises en gardes que ne cessaient de répéter les confesseurs au sujet des charmes de sorcières de l'ennemi. Quand bien même s'en serait elle souvenu qu'elle ne se serait pas vue comme une de ces créatures.

Finalement les blessés furent de nouveau sur pied. Fiora n'avait presque pas pu voir l'inquisiteur depuis le premier jour, il avait passé l'essentiel de sa convalescence dans sa chambre, n'admettant que les visites de Kaldis et de Sophia. La tueuse s'était senti devenir folle et ses pensées morbides avaient refait surface. Cependant elle s'était contrôlé, sachant que le contrôle qu'elle croyait exercer sur son corps s'évanouirait à la seconde où elle porterait la main sur un de ses compagnons. Elle s'était donc morfondu dans son désespoir et avait utilisé des dons de son dieu, de celui qu'elle ne pouvait oublier, pour soumettre le fantassin de choc à ses pulsions, ne se souciant pas du tourment qu'elle créait en lui.




La convalescence avait été longue et pénible, Arax ne s'en rendait que trop compte. La présence de la calidus perturbait son groupe, plusieurs fois des voix montèrent en lui demandant de la chasser ou la permission de la tuer. Mais il avait décidé de jouer au sourd et à l'aveugle. Tous autant qu'ils étaient seraient mort d'ici quelques jours. Tous seraient fêtés comme des héros à travers tout le domaine ou pleurés tel des martyrs, telles avaient été les promesses de Tibérius. Tous avaient déjà gagné leur place à la droite de l'Empereur en acceptant de sacrifier leur vie pour le bien de tous. Dès lors tous pouvaient se permettre une infime souillure si en contrepartie une femme qui avait longtemps été de leurs amis pouvait trouver dans sa fin la rémission de ses pêchés.

Une part de son esprit lui disait qu'il ne faisait pas cela pour le bien de Fiora mais pour la santé de sa propre conscience, pour se convaincre qu'il pouvait encore sauver quelqu'un après en avoir condamné tant. Mais il faisait tout son possible pour se rendre également sourd à ces critiques.

L'inquisiteur décida de rassembler l'ensemble du groupe en tenue de combat dès qu'il se fut remis. Alors que tous s'asseyaient sur les meubles défraichis de la suite qui leur avait servi de cachette ces derniers jours il vit une nouvelle fois le trouble que la calidus avait fait naitre en eux. Il la vit le fixer intensément alors qu'elle prenait place à coté de Dariel, bien trop proche au goût de beaucoup. Le fantassin de choc avait pour sa part les yeux perdus dans le vide. Par moment il jetait un regard avide vers Fiora qu'il faisait systématiquement suivre d'un coupable adressé à l'inquisiteur. Arax se souvint de ce qu'avait pu lui dire Kaldis au sujet de ce que ces deux là faisaient ensemble et il se souvint ne pas y avoir porté la moindre attention. Il se rendait désormais compte que la présence d'une servante du Prince Noir n'était pas seulement une gêne mais un réel danger pour tous ceux dont le cœur restait pur. Il fallait réellement en finir au plus tôt.

-Mes amis, je m'excuse de vous avoir mis en retard mais vous savez ce que c'est: je me trouvais dans un charmant hôtel avec une charmante compagnie et un lit des plus confortable... tout le monde aurait voulu prolonger un minimum son séjour!

Ses hommes sourirent faiblement à cette introduction des plus légères. Le temps n'était plus aux sanglots et aux discours galvanisants. La fin était proche et tous savaient déjà parfaitement ce que l'on attendait d'eux et ce que leurs actes représentaient. Seul Lerec, le cataphractaire, se renfrogna, ne goutant pas l'humour de l'inquisiteur et Fiora jeta un regard assassin à Kaldis auquel la télékynésiste répondit en tirant la langue. Toujours une grande enfant que celle là!

-Mais je suis cruel de parler de mes vacances alors que vous avez tous eut à travailler ces derniers jours. Où en est notre entrée pour le palais lincian?

Ce fut Forus qui s'avança, prenant comme souvent le rôle de porte parole de l'équipe au nom de son titre de noblesse et de sa connaissance du protocole.

-Notre position actuelle est à moins d'un kilomètre du palais. Le premier jour nous avons repéré un grand nombre de patrouilles dans la région mais elles se sont calmées depuis, l'ennemi semble concentrer toutes ses forces disponibles pour tenter de reprendre l'astroport tout en empêchant une nouvelle opération du genre. Le Haut Maréchal a réellement porté un grand coup par cette opération.

Lerec retrouva le sourire en entendant parler de son bien aimé maréchal et se dit que même si ses hommes étaient tous morts dans cette opération, leurs noms ne seraient pas oubliés.

-Le palais est ceint d'une enceinte basse et il n'y a qu'une porte visible lourdement gardée. Nous ne pouvons pas y pénétrer par là. Cependant, notre... amie ici présente, ajouta le croisé en désignant Fiora d'un geste dédaigneux, nous a montré l'existence de nombreux tunnels conduisant à l'intérieur du palais, servant à la fois pour faire pénétrer les produits de subsistance mais aussi pour permettre aux élus de la maitresse des lieux de pénétrer dans le palais en toute sécurité. La calidus prétend pouvoir entrer sans problème du fait de son... statut. Il faudra ensuite traverser le palais ce qui n'est pas réellement possible étant donné notre apparence mais elle prétend également pouvoir faire pénétrer le groupe entier et le faire traverser en toute tranquillité la place pour peu que... nous ressemblions à des Lincians...

Le croisé ne semblait pas emballé, le reste de l'équipe non plus. Arax avait été mis au courant de la proposition la veille et n'avait pas dormi de la nuit en tentant de peser le pour et le contre. Il ne pouvait décemment pas espérer prendre d'assaut le palais de Selene avec le peu de forces qu'il avait. Au mieux causerait il quelques dommages dans sa garde mais il ne la verrai jamais. Si il tentait de pénétrer en toute discrétion dans le bâtiment, son équipe finirait tôt ou tard par se faire repérer et elle devrait combattre pour chaque mètre la séparant de la cible. Les chances de victoires étaient supérieures à celle d'un assaut frontal mais elles ne dépassaient pas les une pour cent.

Cependant confier le destin de ses hommes à une créature qu'il aurait déjà dû tuer mille fois pour sa corption ne lui semblait certainement pas sage. Lorsqu'il n'y a plus d'espoir, faut il s'en remettre à l'inconnu et prier pour que la folie accomplisse ce que notre rationalité ne peut faire? Les enseignements aldéran assuraient clairement que non, que s'en remettre à la folie revenait à s'ouvrir au chaos... mais il ne pouvait pas décider par lui même de compromettre ses chances de réussite.

-Je ne peux accepter cela!

La voix de Lerec retentit dans la pièce, séche comme la détonation d'un fusil.

-Je ne vais pas remettre mon destin et celui de la campagne toute entière entre les mains de... cette créature. Si nous comptons sur l'ennemi pour vaincre l'ennemi, c'est que nous sommes devenu bien faibles!

Tous le fixaient intensément mais aucun n'osai rien dire. Au fond, chacun pensait comme lui, ils ne voulaient pas que celle qu'ils méprisaient décide de leur futur. Mais ils ne voyaient pas d'autres solutions.

-Lerec Ignis, pensez vous que je sois un garde impérial?
La voix de l'inquisiteur n'était pas menaçante ni même particulièrement forte ou grave. Pourtant le cataphractaire se renfonça visiblement dans son fauteuil.

-C'est là le domaine des soldats que de s'assurer que leur victoire soit honorable, qu'elle puisse être chantée et qu'elle assure sur leur lignée la gloire éternelle. Je n'ai pas ce genre de préoccupations. Je n'ai pas de temps à perdre avec des considérations telles que l'image, je suis ici pour m'assurer de la victoire impériale, quels que soient les moyens que je puisse avoir à utiliser. Nous n'avons d'autre solutions que celle que viens de nous exposer mon croisé si nous souhaitons réussir notre mission. Vous n'êtes pas membre de l'inquisition, vous n'avez pas à me suivre dans ce que je vais accomplir mais si vous n'êtes pas avec moi, rentrez chez vous.

L'aldéran resta un moment silencieux. Son regard bouillait de colère mais il savait qu'il n'était pas en position de force. Il savait également que si il quittait le navire maintenant, son nom serait oublié, ou pire, consigné comme celui de l'homme qui a reculé.

-Je vous suivrais inquisiteur, je vous suivrais jusque devant l'Empereur et là, je lui dirait toute la corruption de vos actes.

-Fort bien, répondit le psyker. Fiora, je veux que tu nous trouve huit déguisements, cela devarit être dans tes cordes? Demain au petit matin nous infiltrerons le palais et nous rencontrerons notre destin.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeJeu 24 Juin 2010 - 19:12

Tu sais que je t'aime toi ? :coeur:

Tu peux en conclure que j'ai aimé et tu sais déjà que tu dois pondre la suite :noel:
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeJeu 8 Juil 2010 - 15:15

Les membres du groupe tentaient de marcher de l'air le plus décontracté qu'ils le pouvaient.
Ils suivaient Fiora dans les couloirs étroits à la lumière tamisée qui servaient de porte secrète aux différents élus de la maîtresse de ce monde, leur permettant d'aller et venir pour leurs activités nocturnes.

La calidus menait le groupe, parfaitement à l'aise dans un corset de cuir noir lacé laissant son dos découvert. Elle avançait telle une reine, exhibant fièrement un pendentif aux armes de son dieu autour du cou. Revenir chez elle lui faisait énormément de bien, plus encore que la quiétude qu'elle avait cru retrouver avec ses anciens compagnons. Tout dans ces lieux la ravissait, du raffinement des draperies pendues aux murs à l'agréable chaleur des allées en passant par la légère brume de drogue qui flottait partout dans le palais.

Elle s'était pendue au bras de Dariel, magnifique dans une armure d'officier de la légion, une protection intégrale ciselée de mille et une runes chaotiques. Son visage oscillait entre l'embarras le plus grand et une douce félicité qui lentement envahissait tout son corps alors que les drogues imprégnaient son organisme peu habitué à leur contact. Derrière, le croisé et l'autre fantassin de choc étaient également vêtus de cette même armure et on pouvait voir dépasser de leurs épaules la crosse des fusils automatiques qu'ils avaient récupérés en même temps que leur costume du jour. Alors qu'elle les observait, Fiora put voir le regard purement assassin que lui lançait le cataphractaire aldéran et elle se contenta de lui répondre par une moue moqueuse. Ils étaient sur ses terres, ils devaient lui faire confiance si ils voulaient survivre.

Car oui, elle aurait pu les tuer, elle aurait pu les dénoncer en un instant, ils étaient à sa merci, ils auraient pu devenir les sacrifices de son apothéose, ils auraient pu devenir ses esclaves dévoués corps et âme, soumis au moindre de ses caprices. La tueuse savoura ces idées, elle savoura le pouvoir qu'elle savait tenir entre ses mains. Leur destin étaient à ses ordres et ce simple fait déclenchait en elle des vagues de plaisir et des désirs d'une profonde noirceur. Elle se vit, baignant dans le sang de la psyker qu'elle avait tant envier ces derniers jours, elle se vit, sur une litière portée par les nobles qui la méprisaient tant, elle vit l'inquisiteur qui était resté si distant lui baiser les pied et implorer ses faveurs à genoux. Toutes ces visions étaient délicieuses, délectables. Elle ne leur devait rien après tout, pourquoi dès lors rester à leur cotés et risquer sa vie dans leur entreprise insensée?

Elle ne savait pas, elle ne s'expliquait pas le fait qu'elle continuait à marcher avec eux alors qu'elle aurait pu se trouver tellement au dessus. Seul les reliquats de son sens du devoir et l'excitation que représentait cette situation en elle même l'empêchaient de les trahir ainsi peut être qu'une motivation plus noire encore.


En arrière de la procession, Kaldis avait de plus en plus de mal à avancer. Les runes gravées dans sa peau avaient prisent une teinte rouge sombre et la brûlaient chaque seconde un peu plus. Elle portait la tenue d'une prêtresse du Grand Ennemi, ne cachant presque rien de son anatomie et le simple fait de se trouver vêtu d'un habit impie la rendait malade.

Pire que cela, ses sens psychiques étaient agressés chaque seconde par les ténèbres ambiantes. Ce lieu était la résidence de démons et malgré tous ses efforts pour fermer son esprit et cacher sa présence, elle se sentait nue dans les ténèbres, exposée aux pires créatures de la nuit. Par moment une bulle de pensée venue de l'un des nombreux habitants du palais en venait à frôler son esprit et à chaque fois elle se trouvait prise de hauts le cœur au contact d'une telle perversion. Elle avait déjà eut à plonger dans l'esprit d'hérétiques mais jamais elle ne s'était retrouvé dans un lieu à tel point imprégné de leur essence. Chaque tapisserie, chaque lumière, chaque odeur en ces lieux portaient trace de la plus infâme souillure et chaque ombre cachait un monstre prêt à enlever l'esprit d'un être non protégé.

Elle entendait les murmures, incessant, qui chaque seconde tentaient de libérer ce qu'il y avait de plus sombre en elle, ce qu'elle avait dû sceller près de quarante ans auparavant. Elle savait qu'en tant que l'esprit le plus puissant du groupe elle devait sans doute être la plus sollicitée par les obscurs promesses des démons du palais et que chacun ici portait un inhibiteur psychique mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de la capacité de chacun ici présent à garder sa pureté ne serai-ce que les quelques heures nécessaires à l'accomplissement de leur mission.

Prise dans ses pensées, elle trébucha au détour d'un énième couloir mais se retrouva rattrapée par les bras puissants de l'inquisiteur.

Son visage était également tourmenté et le fait de savoir qu'elle n'était pas seule dans sa détresse rassura légèrement la psyker. Un instant elle se laissa aller contre sa poitrine musclée laissée à découvert par l'étrange combinaison de cuir qui lui avait été remise par la calidus et elle ne put s'empêcher de ressentir une légère vague de chaleur lorsqu'elle vit un sourire se dessiner sur le visage de son ami. Ils se connaissaient depuis maintenant quarante ans, et leur première rencontre avait été des plus explosives mais ils n'en étaient pas moins devenus deux êtres très proches, portant tous deux la malédiction divine du psyk. De tous les êtres de la galaxie, Kaldis était heureuse de savoir que ce serait à ses cotés qu'elle allait mourir et elle n'avait nul besoin de ses pouvoirs pour savoir que ce sentiment était réciproque.

Un instant ils restèrent immobiles et silencieux alors que le reste du groupe progressait, puis chacun se remit debout et ils poursuivirent leur marche, déterminés à en finir aujourd'hui avec tout ce qu'ils avaient pu commencer au cours de leur vie.


Dinor se retourna, surpris de ne plus entendre les pas de l'inquisiteur. Ses yeux mirent un instant à distinguer quelque chose dans l'obscurité mais il vit rapidement les deux corps serrés l'un contre l'autre.

Il sourit légèrement et se détourna. Il y avait toujours eut des rumeurs sur la relation entre Arax et sa sorcière, rumeurs que l'inquisiteur n'avait jamais prit la peine d'infirmer mais qu'aucun signe extérieur n'avait permit de confirmer. Les deux psykers étaient dévoués au service de l'inquisition à un point rare, certains affirmaient qu'ils agissaient ainsi pour expier quelque antique péché. Toujours était il que leur vie n'avait sans doute jamais eut de place pour une relation réellement affectueuse mais que l'approche de la fin les poussaient peut être à enfin se dire ce qu'ils avaient tut durant près d'un demi siècle.

Lorsque Dinor reprit la marche, il se retrouva exposé aux silhouettes à demi dévêtues de Lupa et Sophia. Il détourna rapidement le regard en rougissant légèrement et se contenta d'avancer les yeux rivés au sol.

Lui n'avait rien à avouer pour ses dernières heures, il n'avait pas de secret à enfin libérer ni de réels remords sur ce qu'il aurait voulu accomplir. Bien que courte, sa vie avait été bien remplie entre son service dans l'armée aldérane puis ses années passées dans les rangs de l'inquisition. Il avait été élevé pour devenir un soldat mais au cours de ses trente ans de vie il avait trouvé le temps de devenir un humain. Il ne lui fallait pas plus.

Depuis qu'il avait pénétré dans cet endroit étrange il s'était senti oppressé par son environnement mais il était un sniper, il savait comment garder son calme dans les pires situations. Rapidement il avait considéré ce lieu comme rien de plus que ce qu'il était: un couloir décoré avec un excès manifeste de richesse. Il sentait l'odeur caractéristique de l'ivrae planer un peu partout mais cela ne le dérangeait pas, elle n'était pas désagréable bien au contraire et son esprit discipliné et froid ne se laissait pas influencer par un simple excitant.


Après un quart d'heure de marche lente, le groupe atteignit enfin une large cage d'escalier. Des volées de marche en marbre s'élevaient en spirale jusque hors de vue. Au centre, une plate forme métallique semblait capable de s'élever par le biais de quelques simples commandes, permettant sans doute une ascension moins astreignante à ceux désirant rapidement rejoindre les sommets.

Le groupe prit place et ils s'élevèrent rapidement, montant vers leur destinée.

Après une minute ils dépassèrent enfin le niveau du sol du palais et se retrouvèrent enfermés dans une tour de cristal elle même enserrée dans l'escalier de marbre en colimaçon de tout à l'heure.

Autour d'eux un vaste dôme se déployait, illuminé par quelque sorcellerie. En son centre se trouvait un trône élevé sur un piédestal de marbre noir veiné d'or et d'argent. Tout autour étaient disposés des tapis et des litières, des tables et des commodes, des rateliers et des autels, tout ce dont la cour de la maîtresse des lieux pouvait avoir besoin. Tout en ce lieu exsudait la richesse la plus débordante, le luxe le plus décadent. Cinq autres tours de cristal s'élevaient vers les hauteurs du dôme, se perdant dans son plafond décoré d'une peinture gigantesque de la divine Selene.

Pour tous ici à l'exception de Fiora ce fut la première fois qu'ils virent réellement leur ennemi et dès que leurs yeux se posèrent sur cette simple représentation, ils ne purent en détacher le regard de toute l'ascension. Tous ressentirent un immense malaise à la voir, alanguie comme elle était représentée, entourée d'une cour de démons mais aussi une intense fascination.

Elle était sans conteste la femme la plus belle que tous ici aient jamais pu voir. Sa peau d'une pâleur incroyable tranchait avec le velours violet qui lui servait de couche et les couleurs, noires blanches et pourpre de l'œuvre dégageaient une parfaite harmonie. Tout sur cette création semblait parfait, elle était à la fois saisissante de réalisme du fait de sa qualité technique mais elle dégageait une beauté presque mystique, comme si elle était une porte d'entrée vers le surnaturel. Pour des sens psychiques, la représentation n'en était que plus belle mais aussi plus redoutable car l'artiste fou à son origine y avait enfermé l'âme de plusieurs démons qui survivaient depuis en se nourrissant des innombrables délices que vivaient chaque jour les habitants du palais. Les âmes des spectateurs d'une telle œuvre finissaient pas se perdre dans les spirales infinies de sa trame ou dans les étranges fondus de couleur.

Chacun était persuadé qu'elle le fixait de son regard entêtant alors que sa voix, suave et délicieuse, susurrait à son oreille mille et une promesses. Sophia tomba à genoux, versant des larmes de sang sans pour autant pouvoir ciller. Lerec se senti subitement très faible et cogna contre l'une des parois de leur cabine, luttant pour rester debout. L'inquisiteur garda son regard froid et dur, plongé dans celui de son ennemie mais il ne put s'empêcher de laisser couler des gouttes de sueur sur son front. Kaldis pour sa part serrait les dents tandis que ses tatouages se mouvaient sur son corps tels des serpents fous.


Tous étaient agités par cette œuvre à la beauté telle que seul un esprit inspiré par le divin Chaos aurait pu la créer. Au milieu de toute cette excitation, personne ne remarqua lorsque Fiora tomba à genoux, des larmes d'adoration aux yeux. Ses iris roses se délectèrent de chaque courbe de sa maitresse. Elle sentit le plaisir monter en elle alors qu'elle laissait son imagination se perdre dans les la complexité de ses tatouages. Elle aussi voyait que sa déesse la regardait, elle ne regardait qu'elle, elle la reconnaissait comme une de ses élues, venue lui livrer ses ennemis sur un plateau. Elle entendit les voix, et elle les accepta, savourant chaque parole. On lui promit la réalisation de tous ses désirs et elle sut qu'ils lui seraient accordé, on lui montra une fugace vision de l'avenir et elle sut ce qu'il lui restait à faire.


La plateforme finit par sortir de l'immense dôme et rejoindre les étages habités du palais qui en eux même constituaient le point culminant de la spire de cette Ruche Majoris.

Pour la première fois depuis leur arrivée dans le bâtiment, les membres du petit commando virent d'autres âmes errant dans cette immensité. Il devait être aux alentour de la cinquième heure du matin et la plupart des habitants du palais devaient désormais dormir, cependant, les couloirs n'en étaient pas moins envahis de dizaines d'esclaves occupés à assurer une parfaite propreté ou transportant les mets qui devraient nourrir leurs maîtres à leur réveil. D'autres encore, assemblés dans de petites pièces réparties au long des couloirs, chantaient ou jouaient de leurs longues flutes à corps double, baignant les lieux dans une douce mélopée.


A peine arrivée Fiora prit une nouvelle fois la tête du groupe, le dirigeant d'un pas décidé vers les appartements de sa maîtresse. Les serviteurs s'inclinaient devant elle, sentant que les yeux de leurs dieux étaient posés sur elle. Le groupe légèrement en retrait se sentait plus mal que jamais, oppressé de partout sans possibilité de faire demi tour. Tous commençaient à avoir la détestable sensation d'avoir été menés dans un piège et de s'être laissé guidés tels des moutons que l'on conduit à l'abattoir.


L'inquisiteur lui même en venait chaque seconde à regretter un peu plus sa décision de suivre son ancien agent mais il ne voyait toujours pas comment il aurait pu procéder autrement. Kaldis avait détecté mille et un capteur qu'ils n'avaient pu passer que grâce à la présence de la tueuse. Sans elle jamais ils ne seraient parvenu à pénétrer le palais, jamais ils n'auraient pu approcher à même un kilomètre de leur cible. Mais il voyait bien que rien ne garantissait qu'elle était réellement avec eux. Arax se mit a regretter de simplement avoir eut la prétention de croire qu'il pourrait faire quoi que ce soit, seul dans cette ruche. Il n'avait pas réellement pensé à comment il aurait pu tuer sa cible. Une fois à l'intérieur du palais il s'était rendu compte à quel point il était impossible de l'infiltrer. De même, malgré l'excellence de ses hommes, il avait eut le temps depuis son entrée dans la ruche de voir que jamais sa cible ne quittait son palais si bien fortifié.

Il avait présumé de ses forces alors qu'il aurait dû rester en arrière comme simple gardien de la pureté de l'armée. Désormais il se trouvait incapable d'accomplir son devoir de praetor mais il doutait de sa capacité à mener à terme sa mission.


Une nouvelle fois ils se trouvaient à marcher dans des couloirs sans fin et bien vite aucun ne sut plus où il était à l'exception de leur guide. Ils finirent par déboucher sur un nouvel escalier majestueux de marbre noir. Ils le franchirent lentement, gardant un pas lent et aussi décontracté que possible. Une grande porte apparut devant eux, entièrement faite d'adamantium, sa surface était sculptée de scènes érotiques ayant la même beauté que la peinture de tantôt.

En approchant de ces battants de métal, tous sentirent le sentiment d'oppression se renforcer toujours plus au point de menacer de les faire paniquer et perdre toute contenance. Cependant ils étaient agents de l'inquisition et leur discipline mentale était de fer. Ils purent voir Fiora s'avancer vers les deux êtres surnaturels qui tenaient la garde devant l'entrée. Ils entendirent distinctement leurs mots:

-Nous craignions de ne plus te revoir, nous sommes heureux que tu ai accomplit ton épreuve de foi.
-Je suis toujours là où se trouve mon plaisir, répondit l'ancienne calidus. Je suis venu rendre hommage à notre maîtresse à tous et lui présenter quelques êtres exceptionnels que j'ai rencontré au cours de mon absence.

Les deux gardes semblèrent hésiter très fortement mais ils se calmèrent tous deux subitement et appuyèrent sur une console de commande qui firent s'ouvrir les battants d'adamantium. Le groupe hésita lui aussi un instant alors que Fiora s'avançait seule dans les ténèbres de la chambre, puiis finit par la rejoindre en vitesse.
Dès que tous furent entrés, les portes se refermèrent derrière eux.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeLun 2 Aoû 2010 - 14:55

Le dernier pavé est très bien, rien de choquant et pas grand chose à dire, c'est bon s'too.

Maintenant, faut que je lie ce qu'il y a avant. :noel:
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeLun 2 Aoû 2010 - 15:05

Ben... merci... je l'attendais plus le commentaire de ce chapitre en fait :noel:

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Helhorn
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeLun 2 Aoû 2010 - 16:51

... Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais plus quoi dire. La fin approche et je voudrais dire stop. Mais en même temps je veut voir le final, la conclusion de tout ceci.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 13:36

Chapitre 13 : Aboutissement

Avec un bruit sourd les portes se clorent, enfermant le petit groupe dans un univers surnaturel.

La pièce baignait dans une semi obscurité déroutante si bien que personne n’aurait pu en déterminer précisément les limites. Par endroit les murs paraissaient n’être distants que de quelques mètres alors qu’à d’autres ils restaient invisibles comme si ce lieu se poursuivait à l’infini. La lumière rosâtre qui disputait aux ténèbres la maîtrise de cet espace semblait ne venir de nulle part et de partout à la fois, se dérobant afin que le regard d’un quelconque observateur ne soit jamais fixé que dans les ombres. Des formes indistinctes faites de brumes musquées semblaient tourbillonner dans l’espace, affranchies des lois de la logique, narguant les mortels tels des spectres immatériels.

Un tel environnement eut dérouté le plus rationnel des esprits mais les nouveaux venus n’en perçurent pas la moindre bribe.

Des meubles et des décorations innombrables s’épandaient derrière les portes. Le moindre espace du sol était encombré par des tapis précieux à la texture délicieuse et aux motifs complexes. Là où l’on pouvait voir les murs ils étaient décorés de peintures d’une beauté à faire pleurer le plus difficile des esthètes et à faire se damner le plus talentueux des artistes en échange d’un talent égal à celui de leurs créateurs. Des objets tout fait de courbes harmonieuses et de saillies tranchantes mêlées en une étrange harmonie occupaient l’espace, disposés selon un savant schéma à la magnificence inexplicable. Le plafond était tel le firmament, intouchable mais merveilleux, d’une profondeur telle que l’on aurait pu se perdre dans sa contemplation de heures et même des jours durant. Tout en ces lieux était admirablement délicat et d’une grande originalité mais partout revenaient des runes déroutantes courrant sur les surfaces telles des serpents impossibles à cerner mais impossible à ignorer. Quiconque se serait abandonné à la contemplation de ces symboles l’eut fait au péril de son âme.

Mais rien de toutes les merveilles et des horreurs de cette chambre ne fut remarqué par les agents inquisitoriaux.

Il régnait dans la chambre une délicieuse tiédeur à la fois régénérante et assoupissante. Une forte odeur musquée imprégnait chaque chose mais elle était si agréable qu’elle semblait naturelle et désirable à quiconque la goûtait. L’air lui-même semblait avoir une grande douceur, caressant les corps telle une main sans consistance mais au toucher réel. Quelque chose d’invisible en ces lieux assoupissait les consciences et invitait à la langueur et au sommeil.

Les esprits de chacun de ceux qui venaient d’entrer commençaient déjà à être altérés par leur nouvelle condition mais aucun ne le perçut car tous étaient focalisés sur une seule chose.

Séléné Aryun, Archérétique de Lincia, Maîtresse de l’Aube Rouge, Corruptrice du Couvent des Minimes, Invocatrice de Six Grands Démons, Fléau d’Aldéran et Ennemie de l’Impérium de l’Humanité se tenait face à l’entrée, assise sur un trône d’obsidienne.

Tous ici présents connaissaient les risques qu’ils avaient à la regarder, tous savaient que la damnation attendait celui qui croiserait son regard. Tous savaient ce qu’ils ne devaient faire mais tous le firent, leur regard happé par la frêle silhouette insensible à toute autre chose que la créature surnaturelle qui leur faisait face.

Son visage était au-delà de la description, d’une perfection impossible pour une créature de ce monde. Ses yeux violets brillaient dans la pénombre tels deux phares et tels des insectes les nouveaux venus ne pouvaient s’en détacher. Les deux orbes lumineux étaient délicatement soulignés par des lignes roses tranchant avec sa peau pâle légèrement violacée. Dans ces deux abîmes on lisait à la fois de l’amusement et la sagesse, la cruauté et la concupiscence d’une créature ayant vécu des siècles et ayant appris et fait des choses qu’un humain ne devrait jamais savoir ou voir. Un sourire moqueur illuminait son visage, révélant une dentition parfaite aux canines pointues. Des cheveux d’un noir d’ébène cascadaient en cachant une partie de son visage derrière un rideau soyeux. Deux petites cornes sortaient de son front et pointaient hors de sa chevelure de même que des tentacules de chair se mêlaient à sa chevelure ou s’enroulaient autour du reste de son corps mais la fascination qu’exerçait son visage fit que personne ne leur prêta attention pas plus qu’à sa paire d’ailes membraneuses gravées de symboles impies ou à la queue pointue qui se tortillait au pied du trône. Elle portait un corset sombre laissant paraître en de nombreux endroit la perfection de sa peau et ne protégeant qu’à peine sa poitrine et son entrejambe. Des jambières de même nature lui remontaient jusqu’à mi cuisse, de même qu’une paire de hortus ceignait ses bras, soulignant leur finesse et la pâleur de sa peau.

Tout en elle dégageait une beauté une magnificence une présence qui imposait la vénération. A voir son visage souriant on aurait juré la plus belle et la plus innocente des créatures que la vie eut pu produire. Ce ne fut pas de la haine ni de la méfiance que ressentirent les impériaux en la voyant mais bien de l’attendrissement et de l'adoration.

-Bienvenue dans mon antre. Je vous ai longtemps attendu !


Sa voix résonnait dans la pièce comme dans les esprits de ses hôtes, sortant à la fois de son adorable bouche mais aussi des ombres dissimulant les centaines de portrait d’elle qui ornaient sa chambre. Elle savait qu’elle avait donné à ses paroles une douceur, une candeur et à la fois une profondeur impossible pour un être humain. Elle savait que par ses simples mots elle pouvait plier le ridicule groupe qui s’étendait désormais devant ses yeux, venu avec le fol espoir de la vaincre mais mené ici uniquement par sa volonté. Elle était une déesse et les mortels n’étaient que des jouets entre ses mains, des marionnettes dont elle manipulait les fils. Elle avait dénoué l’écheveaux du destin et vu quelle terrible menace arrivait mais aussi quelle glorieuse perspective l’attendait et par-dessus tout elle avait vu l’être qui lui ouvrirait les portes de sa douce destinée.



Arax était totalement paralysé, fasciné par ce qu’il voyait au point d’en oublier tout ce qui avait pu le mener en ces lieux. Face à lui se tenait une ennemie de l’Empereur, l’élue d’un des Dieux Sombres, une démone sous forme humaine, une déesse marchant parmi les mortels, une fascinante créature, un objet d’adoration, une maîtresse à laquelle il eut donné les rênes de sa vie sans hésitation…

Il tenta de secouer la tête afin de chasser les noires pensées qui semblaient s’y immiscer mais ne le pouvait pas. Il voulait saisir son arme et abattre son ennemi mais ses membres ne répondaient pas, il voulait déchaîner ses pouvoirs en une tempête de feu dévastatrice mais son esprit ne lui appartenait plus. Il n’était qu’un jouet entre ses mains, il ne pouvait pas lutter, il ne voulait pas lutter, il se rendait compte à quel point il avait été aveugle de croire qu’il pouvait vaincre une telle perfection, à quel point il avait été fou de vouloir détruire une telle beauté. Il voulait… il voulait…

Il voulait être maître de lui-même !

Sans réellement en prendre conscience il entendit le bruit d’un homme tombant à genoux, rapidement suivit d’un autre. Du coin de l’œil il aperçut sans la voir Fiora tomber en vénération devant sa véritable maîtresse tandis que Lupa se prenait la tête entre les mains et que l’Aldéran titubait péniblement à la recherche d’un appui.

-Vous semblez ne pas aller bien, peut être puis-je vous aider ?

Sa voix était un véritable envoûtement, balayant les esprits telle une brise divinement agréable mais à la puissance démoniaque. En un instant tous cessèrent tout mouvement et se mirent à la dévorer du regard, n’ayant d’autre désir que de s’incliner face à elle, de lui baiser les pieds et d’être touché ne serai-ce qu’un instant par sa divinité. Alors qu’elle se levait avec une infinie sensualité, ses ailes se déployant dans son dos avec la grâce d’un ange et ses cheveux flottant, portés par un vent invisible, tous furent envahi de la vision des mille et une horreurs, des dépravations infinies auxquels ils seraient prêts à se livrer pour une seule faveur de cette femme qui n’en était plus une.



Séléné s’avança, savourant la vénération dont elle était l’objet. Elle vit un homme portant un uniforme d’officier de la légion et au visage buriné à genoux devant elle. Avec un grand sourire elle lui tendit la jambe et lui demanda de lui baiser les pieds. En un instant Dariel se retrouva à embrasser follement la jambe profilée et le pied menu de l’Archérétique, prit d’une dévotion frénétique et surnaturelle. Alors qu’il allait une fois de plus poser ses lèvres sur la peau douce de la linciane, celle-ci l’envoya voler au loin d’un coup de pied qu’il reçut avec un gémissement d’extase avant de s’écraser au sol, un sourire béat figé sur son visage.

Alors que les autres impériaux continuaient à ne pouvoir détourner leur regard d’elle, elle se dirigea vers une deuxième silhouette, celle-ci portant la tenue rituelle d’une prêtresse Linciane. La psyker pouvait lire en elle comme en un livre ouvert, une foi indéfectible envers l’Empereur brillait au cœur de la Sororitas mais face au pouvoir de Celle qui abritait le Démon, sa dévotion vacillait. Soudainement, Séléné disparut du champ de vision du groupe pour réapparaître dans le même instant tendrement enlacée avec Sophia, la sœur hospitalière.

Alors que les autres restaient figés, elle desserra légèrement l’emprise qu’elle avait sur la jeune femme et vit une étincelle de peur se mettre à briller dans ses yeux. Le temps sembla se tordre alors qu’avec une infinie lenteur elle fit s’allonger l’hospitalière et releva les pièces de cuir qui couvraient ses épaules. Elle vit le signe maudit de l’Aquila gravé dans sa chair et c’est avec délectation que Séléné se mit à caresser d’une main le corps de sa captive tout en posant les doigts de l’autre sur son tatouage. Pour les deux femmes étreintes il s’était passé plusieurs minutes mais les autres avaient vu la scène s’écouler devant leurs yeux en quelques secondes.

Sophia se débattit faiblement, usant de toute sa volonté pour tenter de lutter contre le monstre qui la tenait en son emprise mais ses efforts furent stoppés net par un cri de douleur extrême lorsque l’autre toucha le symbole de sa foi. Elle sentait que quelque chose de terrible se passait dans son esprit comme elle sentait que sa peau elle-même bougeait. Elle continua de crier jusqu’à s’en irriter la gorge mais progressivement son cri changea de nature, passant de la douleur à la surprise puis à l’extase. Lorsque Séléné se releva, sa victime se convulsait sur le sol, pénétrant son entrejambe de ses doigts et émettant des râles de plaisir pur et des gémissements de contentement. L’aigle sur sa poitrine avait disparu, se tordant affreusement pour former une rune faite de deux croissants reliés à un cercle.

La rune du prince des plaisirs.

-Chacun de vous mérite une telle bénédiction, chaque être qui passe ma porte mérite de connaître le plus intense plaisir de son existence !

Les observateurs n’avaient pu réagir ou n’avaient pas voulu réagir. Sur le visage de certains se lisait l’envie de connaître le même sort et à la fois la peur panique d’être touché par cette démone. Elle les gardait toujours sous son emprise, leur interdisant le moindre geste et les laissant à sa merci. Elle allait jouer avec chacun d’entre eux avant de les rendre avec le message qu’elle devait véhiculer. Mais avant tout, il y en avait une qu’elle devait remercier.

Une nouvelle fois le temps sembla se distordre alors qu’autour d’elle les membres du groupe inquisitorial se figeaient, seule Séléné et celle qui par-dessus tout désirait la servir continuaient à pouvoir agir normalement. La déesse prit entre ses mains celles de l’ancienne Calidus, plongeant ses yeux violets dans ceux roses de Fiora. Elle n’y lut aucun doute, elle n’y vit que la luxure, l’ambition, l’orgueil, la cruauté, la gourmandise, l’avarice et par-dessus tout la dévotion à sa maîtresse.

-M’aime tu, apprentie ?
-Plus que toute autre chose de ce monde ô ma maîtresse, répondit la tueuse.
-Ces derniers jours tu as vécu dans le doute, en subsiste il en toi ?
-Mon seul doute porte sur ma capacité à être digne de votre perfection, ô ma déesse.
-En ce cas sache que depuis ton arrivée sur ce monde avec la volonté de me tuer, tu n’as jamais cessé de me servir et que grâce à toi, je pourrais accomplir mes désirs, aussi chacun des tiens deviendra réalité une fois que tu aura passé ton apothéose. Tu seras une part du divin Slaanesh, tu seras imprégnée d’un fragment de la divinité qui coule en moi et tout ce que peut offrir cet univers sera à ta portée. Sois heureuse Fiora Alsin, assassin impérial car bientôt tu seras Fiora, Succubus élue du divin Prince Noir.
-Oui ma maîtresse.

Lorsque le temps reprit son cours pour les autres, ils virent Séléné et Fiora tendrement enlacée s’échangeant un baiser fougueux. Les gémissements de plaisir de Sophia redoublèrent alors que son esprit anéanti contemplait l’union de deux êtres de désir pur. Elles restèrent un long moment enlacées puis Séléné se dégagea tendrement, laissant un mince filet de bave joindre sa bouche à celle de sa servante un court instant encore avant de se détacher totalement. Elle s’amusait grandement mais elle n’avait pas tout son temps, elle avait prit un grand risque en ce jour, elle avait plus que jamais baissé les défenses de ce corps qu’elle chérissait et il lui fallait agir avec minutage.

Elle ignora la gamine qui semblait avoir des mots de têtes de même que l’homme sec à la peau sombre dont les yeux le désignait comme un chasseur. Elle marchait désormais droit vers l’inquisiteur, vers celui qu’elle devait toucher et dont le destin était lié à une des plus anciennes créatures du Warp. Elle pouvait voir qu’il luttait, que sa volonté était grande et qu’il n’était pas totalement sous son emprise. Elle se savait capable de violer son esprit de renverser ses barrières pour en faire une poupée docile mais tel n’était pas son souhait, elle désirait jouer avec lui avant de lui délivrer son cadeau, elle désirait le blesser comme tous les porcs d’impériaux méritaient de l’être, elle désirait l’humilier avant de le relâcher. Il était le seul à devoir repartir vivant et il méritait donc une attention toute particulière durant son court séjour.

Alors qu’elle était sur le point de le toucher pour la première fois, lisant dans ses yeux un dégoût de plus en plus profond, elle finit par percevoir la plus grande faiblesse de cet être, elle finit par voir le nœud du destin qui l’avait conduit ici en ce jour et qui devait le mener plus loin dans les siècles à venir. Elle vit cette nuit, une quarantaine d’année auparavant où cet homme qui n’était alors qu’un enfant avait fait face au démon et par Slaanesh seul savait quel miracle l’avait vaincu. Elle vit de quel péchés il avait été témoin et qu’il avait promis de conserver secret. Elle apprit le crime qu’il avait perpétué des décennies durant, motivé par la plus dangereuse des émotions humaines. Et elle vit qu’elle disposait de l’objet de toute cette attention à son entière disposition.



Le bras de l’inquisiteur s’était mis à trembler alors qu’il se concentrait toujours plus pour reprendre ses propres rênes. Il avait senti la température monter autour de lui en même temps que sa colère alors que ce monstre jouait avec ses amis et ses compagnons. Elle voulait désormais le toucher, l’envoûter, faire de lui son chien docile mais il ne se laisserait pas faire, son esprit serait entièrement brûlé plutôt que de tomber sous la coupe des ténèbres. Ses forces lui revenaient à mesure qu’elle se rapprochait alors qu’il pouvait à nouveau se focaliser entièrement sur son but. Ses envoûtements n’avaient plus d’effet, à la seconde où elle le toucherait, il se libérerait et déchaînerait l’enfer, une dernière fois !
Mais la main de son ennemie se retira, son regard se détourna, en perdant le contact un instant, Arax perdit de sa haine et se remit à sentir l’admiration monter alors qu’elle se retournait avec grâce, ses cheveux volant autour d’elle. Il se laissa un instant s’égarer dans la contemplation de son dos tatoué et de ses étranges mais magnifiques ailes.

Puis il entendit crier.


Kaldis venait de faire un pas en arrière, se libérant partiellement du carcan physique dans lequel elle était enfermée. Avec son entrée dans ce lieu de démence et de corruption, des souvenirs lui étaient revenus en mémoire, des souvenirs ne venant pas d’elle mais de ce qu’elle avait été un bref instant de sa vie. Elle avait senti ses barrières s’effondrer, elle avait senti avec délectation renaître ce qui en elle l’avait autre fois fait jouir de la plus intense des félicités mais avait faillit la conduire à la plus terrible des destinée. Alors qu’elle contemplais l’Archérétique, elle avait un moment envisagé de s’abandonner à nouveau, les runes de gardes sur sa peau s’étaient déformées, certaines reprenant leur aspect originel et stimulant encore son désir de replonger dans le vice.

Puis, lorsque Séléné s’était rapprochée de l’inquisiteur, Kaldis avait ressenti comme un choc et en un instant ses barrières s’étaient remises en place, ses électrotatouages formant de nouveau un réseau de runes gardiennes. Mais lorsque l’Archérétique s’était rapprochée d’elle, les runes de protection de la prophétesse étaient en un instant passé du noir au rouge bordeaux, devenant plus ardente que du fer chauffé à blanc. Elle cria de douleur et tomba au sol alors que ses défenses luttaient contre l’aura de corruption qui entourait l’autre femme. Celle-ci s’arrêté un instant, intriguée par la tournure des événements et ne fut donc pas prise dans le mælstrom psychique qui se répandit de Kaldis. Tous les objets alentour se mirent à tourbillonner à toute vitesse créant un cyclone dont la silhouette effondrée de la psyker était l’œil. Elle se mit à sangloter alors que certaines de ses runes commençaient à s’effacer, menaçant une nouvelle fois de libérer ce qui était enfoui en elle.



Séléné avait stoppé face à ce spectacle puis s’était mise à rire, d’un rire cruel et dément. D’un geste elle fit stopper la tempête psychique puis avança fermement avant de saisir Kaldis par le bras, regardant avec délectation les tatouages de l’étrange femme se dissoudre à son contact. D’une pression télékinétique, l’impériale parvint à se dégager un instant et à retourner au sol mais cela n’arrêterait pas l’Alpha Plus qui se pencha à nouveau…

Avant de disparaître du champs de vision de sa victime en ne laissant qu’une traînée blanche derrière elle.

La boule de feu s’écrasa contre un mur non loin mais pourtant invisible aux yeux de tous et la parfaite silhouette s’extrait des flammes sans présenter de dommages apparents mais avec de la rage au fond des yeux. De l’autre côté de la pièce, l’inquisiteur s’était enfin libéré et tenait d’une main son pistolet inferno alors que l’autre soutenait une nouvelle boule de flammes blanche.

-Je suis mandataire des Ordo Praetors de la très sainte Inquisition impériale. Séléné Aryun, vous êtes condamnée à mourir par ma main ou celle de mes hommes par décret de l’Empereur Dieu. Préparez vous à mourir !
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 14:11

C'est très bien toujours mais y a 2-3 trucs que j aime pas.

Le nom du boss déjà Séléné c'est un "é" de trop. Un truc genre Sélené est déjà plus mélodieux, Sélène est encore mieux. 'fin, c'est mes gouts, chacun les siens.
Ensuite, dans cette partie y a le "clasique" syndrome du: "le gentil es à la mercis du méchant qui peut le tuer sans se fouler mais ne le fait pas parce que c'est le héros". C'est pet être justifier par le scénar, je sais pas, mais j'aime pas quand même.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 15:25

Ceci s'explique par trois choses: la première est que Séléné ne veux pas la mort d'Arax, elle en a besoin pour ses plans à moyen et long terme et elle a aussi besoin d'entrer en contact avec lui. La deuxième est qu'un Slaaneshi est sadique et aime donc faire durer le plaisir, de plus pour ses projets elle a besoin d'un Arax affaiblit sur le moment mais toujours fort et servant l'Impérium une fois qu'il aura récupéré d'où le fait qu'elle s'amuse beaucoup.
Enfin elle peut se permettre tout ça du fait qu'elle est une succubus et qu'elle ne peut donc être détruite par une simple escarmouche de ce genre, la seule chose qu'elle risque est de devoir prendre un nouveau corps...
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 15:33

Ouai ouai, pt'ere. N'empêche que je suis pas fan de ce genre de situation, meme si justifiées.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 10 Aoû 2010 - 22:26

Au début je crois que tu marquais Sélène avant, mais je suis pas sûr, et y me faudrait une aprèm pour relire et vérifier ><

Sinan la description est un peu confuse je trouve, un peu lourde aussi. Mais le reste est très bien :oui:
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeVen 13 Aoû 2010 - 17:14

Séléné était contrariée. Elle avait laissé l’attaque la prendre par surprise et l’envoyer au sol. Ses défenses passives l’avaient protégé de la majorité des dégâts et sa tenue n’était même pas abîmée mais elle n’en considérait pas moins ce manque d’attention comme une faute personnelle ou comme une mise en garde. Dans tous les cas il ne lui était rien arrivé de tel depuis une quarantaine d’année et l’attaque d’un assassin Vindicare. Alors qu’elle se redressait, dispersent les flammes alentour d’une pensée, elle se laissa aller à un rire cristallin mais sinistre.

-Une menace de mort ? Intéressant, très intéressant, tu es combatif petit roquet de l’empereur de Terra, exactement ainsi que j’ai besoin de toi.


Arax ignora les paroles de la damnée et s’élança en avant, faisant feu de son pistolet Inferno. Il vit le tir à fusion foncer droit vers sa cible puis être stoppé net dans les airs, à quelques centimètres de son objectif. Séléné prit la boule d’énergie entre ses mains comme si il se fut agit d’une simple bille avant de la faire se dissoudre dans sa paume. L’inquisiteur voulut faire feu une deuxième fois mais un tentacule de ténèbres pures attrapa son arme et la tira dans les ombres, l’arrachant de ses doigts. Privé de son arme de tir il lança la boule de feu qu’il avait préparé, l’élargissant alors qu’elle prenait de la vitesse jusqu’à ce qu’elle fasse s’embraser les tapis au sol. Une marée de flamme entoura l’archérétique alors que la boule de feu en elle-même la frappait de plein fouet sans lui causer de dommages une nouvelle fois.

L’inquisiteur dégaina alors son arme de force qu’il avait pu garder malgré son déguisement et la prit à deux mains, l’entourant d’un halo de flammes tout en continuant à foncer droit sur sa cible. La démone continuait pour sa part de rire sans attaquer. Elle baissait sa garde et l’agent de l’Imperium comptait bien ne pas lui pardonner une telle erreur. La marée enflammée s’ouvrit devant ses pieds et avec toutes ses forces il abattit son arme vers son adversaire en une frappe verticale dévastatrice qu’il se préparait à accompagner d’une attaque psychique.

Il ne rencontra cependant que le vide.

Séléné réapparut juste derrière lui et avec sa lente célérité si dérangeante, prit son adversaire par la taille en maintenant ses bras avec les tentacules sortant de l’arrière de son crâne. Malgré son apparence frêle et délicate elle était dotée d’une force inhumaine, plus grande que celle d’un bio guerrier, plus grande même que celle d’un space marine si les souvenirs de l’inquisiteur ne lui jouaient pas des tours.
-Par six fois, lui chuchota elle à l’oreille, par six fois tu sera marqué par le chaos…

Arax libéra l’énergie qu’il avait préparée pour son arme de force et s’entoura d’un halo de flammes. Avant même qu’il ne sente la rassurante chaleur entourer tout son corps il sut que l’autre l’avait lâchée. Il souffla une seconde puis se retourna pour la retrouver se tenant, moqueuse, quelques mètres derrière lui. Elle continuait à ne voir ceci que comme un jeu et à ne pas prendre au sérieux la menace, elle allait le regretter profondément.

Une détonation retentit alors que Dinor faisait feu de son fusil de sniper vers l’archérétique, ayant enfin reprit ses esprits. La démone se cambra en arrière laissant la balle fuser sans la toucher avant de se reprendre comme si de rien n’était. Elle se mit à jauger ses opposants, voyant que la gamine s’était elle aussi reprise et avait sorti une paire de pistolets alors que les deux hommes en armure d’officier qu’elle n’avait pas encore touché s’étaient mis en position de combat, l’un épaulant un fusil d’assaut tandis que l’autre dégainait une épée longue. La psyker enfin s’était péniblement mise sur ses genoux et avait utilisé ses pouvoirs afin de barricader les portes avec les meubles de la pièce. Ils devenaient combatifs, ils pensaient de nouveau à leur mission de mort et espéraient réellement pouvoir l’accomplir.

Les fous !

L’homme armé de l’épée longue effectua un salut majestueux suivant les règles de l’art de l’escrime Aldérane avant de la charger, pointe en avant. Il s’agissait là d’un croisé, un noble ayant d’une façon ou d’une autre perdu sa richesse ou l’héritage qui lui était destiné et qui avait consacré sa vie à la lame afin de maintenir son honneur. D’un point de vue purement objectif il était un épéiste exceptionnel, un combattant capable d’en remonter à un surhomme sans avoir à rougir de son statut d’humain. Pourtant face à une élue du Prince Noir il n’était pas de taille. Telle une danseuse, la chaotique fit un pas de coté puis, d’un geste trop rapide pour l’œil lui saisit le poignet et le brisa net dans un craquement répugnant. L’homme au fusil d’assaut l’avait contourné pour lui tirer dessus de flanc mais une nouvelle fois, avec une célérité inhumaine, elle fit passer sa victime devant elle, s’en servant comme couvert. Une seule rafale fut tirée mais elle suffit à régler le sort de l’homme, son armure de facture linciane ne pouvant le protéger d’une attaque directe.


Sur son autre flanc, Dariel commença à se relever et fut interpellé par Lupa et Dinor afin de les aider à former une zone de tirs croisés mortels pour leur cible. Il se remit sur pied, se dirigea à couvert, sorti son arme, visa attentivement et fit feu.

Les balles frappèrent Lupa en plein abdomen. La jeune fille se retrouva paralysée de douleur quelques instants puis commença à chuter vers le sol, les yeux emplis de larmes. Dinor qui était non loin vit ce qui venait de se passer et se dirigea à toute allure vers sa partenaire pour la soutenir. Elle était légère dans ses bras, comme une enfant et ses grands yeux emplis de larmes étaient un spectacle déchirant. Faiblement elle tenta de toucher le visage du sniper d’une de ses mains mais elle n’avait déjà plus la force d’en faire autant, la rafale automatique l’avait presque coupée en deux. Elle tenta de parler mais seul du sang sorti de sa bouche, elle toussa quelques instants puis reprit une dernière fois son expression joviale :

-Merci pour tout… le vieux… je me suis… bien amusée…

Elle toussa une dernière fois et son regard devint vide.

-Gamine ? Hey gamine !

Le sniper la secoua un moment, frénétiquement, ne pouvant croire qu’elle était morte et lui toujours en vie, qu’elle avait sans cesse été blessée et que lui n’avait rien subit. Alors qu’il serrait le petit corps sans vie contre son cœur et que son sang envahissait sa tenue, il sentit une terrible culpabilité se répandre en son âme. Elle avait été sa partenaire et jamais il n’avait été à la hauteur, jamais il n’avait su protéger celle qu’il considérait presque comme sa petite sœur. Il avait faillit à son amie et au nom de sa mémoire il ne faillirait pas à sa mission.

Lorsqu’il releva la tête, il vit le chaos ambiant qui avait envahit les lieux. L’inquisiteur nimbé de flammes était engagé dans un combat mortel contre la cible. Il avait transformé ses deux bras en de gigantesques lames de feu qui n’avaient de cesse de frapper pour être ensuite esquivées dans une danse tourbillonnante et éblouissante exécutée par l’archérétique. Un moment le sniper resta fasciné par la grâce et la beauté de la danseuse. Il voulu s’incliner devant elle, accomplir le moindre de ses désirs et laisser derrière lui toutes les peines que pouvaient lui porter son devoir. Puis il sentit à nouveau le sang de sa partenaire sur ses doigts et la promesse qu’il venait de se faire. Il détourna le regard, laissant à son employeur le soin d’en finir avec sa némésis et partit à la recherche du meurtrier de Lupa.

Sophia était toujours étendue là où la démone l’avait laissée. Ellle avait arraché quasiment tous ses vêtements et se livraient aux pires des perversions avec le pommeau de son épée courte, gémissant de plaisir sans se soucier de ce qui se passait autour d’elle. Dinor n’avait pas de temps à perdre avec une telle créature.

De plus loin dans les ténèbres de la pièce provenaient les bruits intenses d’une fusillade au fusil automatique. Le sniper empoigna son arme et se dirigea au pas de course vers les ombres à la recherche de sa vengeance. Il marcha un temps qui lui semblait une éternité sans jamais sembler se rapprocher des limites de la pièce. Tout ce qui l’entourait était troublant de la statue par trop impudique au simple meuble à la forme dérangeant ou aux ombres mouvantes angoissantes.

Il finit néanmoins par débouler au milieu d’un combat acharné. Les balles fusaient de part et d’autre en deux flots quasi incessants alors que deux fantassins de choc échangeaient de tirs avec acharnement.


Lerec courrait à toute allure, quittant le refuge d’un canapé pour se réfugier derrière une colonne tout en faisant feu de son arme. A peine fut il arrivé à couvert qu’il éjecta son chargeur à moitié vide pour le remplacer par un neuf. Il attendit qu’une nouvelle rafale balaye sa position pour sortir à la seconde où elle s’arrêtait, mitraillant la position d’où étaient venues les balles d’après leur angle. Il vit la silhouette de son ennemi se mettre à courir à pleine vitesse tout en rechargeant sa propre arme. Elle bondit à couvert, glissa derrière un fauteuil confortable et fit feu lorsque qu’elle déboucha à nouveau à découvert, profitant de sa position sur le dos pour compenser le recul de la volée de balles automatiques. Lerec pour sa part avait déjà rejoint une nouvelle cachette.

Il se sentait exalté, il affrontait enfin un véritable ennemi excellant dans les mêmes compétences que lui. Un cataphractaire se trouvait la plupart du temps confronté soit aux membres de la légion qui leur étaient très largement inférieur en fusillade ou aux bios guerriers dont les compétences étaient purement asymétriques aux leurs. Pour une fois il se trouvait prit dans un combat ou seules ses talents individuelles et sa véritable maestria allaient jouer sans dépendre du travail d’équipe, de la sélection du terrain ou de la qualité de l’équipement.

L’Aldéran entendit le bruit caractéristique d’une grenade roulant au sol non loin de lui. Il bondit à découvert tout en lançant une de ses propres grenades, obligeant son adversaire à se déplacer à son tour et l’empêchant de l’abattre alors qu’il baissait sa garde. Une nouvelle fois il partit chercher refuge à couvert et entendit une nouvelle rafale partir, trop imprécise pour être une réelle attaque, il devait s’agir d’un tir de couverture. Tout une part de l’esprit de Lerec était consacrée à tenter de calculer le nombre de balles restantes à son adversaire afin de prévoir quand il aurait à recharger et quand il serait donc possible de l’attaquer sans risque. Lui-même lança une timide attaque à laquelle répondit une violente riposte.

Dix balles dans le chargeur de l’ennemi, il allait recharger.

Lerec fonça à découvert, l’arme sous l’épaule et dépassa en une seconde la position de couverture de son ennemi… pour se retrouver nez à nez avec le canon de son arme.

Dariel avait changé son fusil en mode semi auto et fit feu à cinq reprises. Lerec profita de sa vitesse pour esquiver les deux premiers tirs, le troisième rebondit contre son armure mais le quatrième le toucha à l’épaule gauche tandis que le dernier le frappait à la jambe, l’envoyant s’écraser au sol.

Son arme lui échappa des mains une secondes et lorsqu’il tenta de la récupérer ce ne fut que pour trouver son bras écrasé par la botte de son ennemi. Il leva les yeux pour voir le canon d’un fusil automatique se presser contre son front ainsi que le sourire malsain barrant le visage du traître face à lui et l’étrange éclat violet qu’avaient prit ses yeux. En tant qu’Aldéran il voulait mourir en regardant son ennemi droit dans les yeux mais il ne put s’empêcher de les fermer lorsqu’il entendit une puissante détonation tout de suite suivit d’un torrent de sang.


Dinor avait visé juste, le corps du fantassin de choc de l’inquisition s’effondra sur celui du cataphractaire qu’il avait tenu à sa merci. Rapidement le sniper se rendit sur les lieux et aida le blessé à se relever, le soutenant sur son épaule.

-Vous allez bien ? demanda il avec plus de professionnalisme que d’inquiétude.

-Aussi bien qu’un Aldéran qui vient de manquer se faire tuer par un aldéranéen avant d’être sauvé par un autre…
Dinor lui jeta un regard méprisant mais s’abstint de répondre, la prétention et l’orgueil était dans la nature des aldérans et aller contre elle ne donnerait rien de constructif dans de telles conditions.

-Et bien retournons à la mission en ce cas.





Arax commençait à avoir le souffle court alors que son adversaire continuait à se dérober à la moindre de ses attaques. Du coin de l’œil il surveillait Kaldis dont les runes de garde ne cessaient de drainer l’énergie, la laissant presque sans défense et incapable de lui venir en aide. Lupa était morte, Dariel avait trahi, Lerec et Dinor étaient partis à sa poursuite, Sophia n’était plus… il se retrouvait désormais seul face à un être ayant depuis longtemps dépassé la simple humanité.

Alors qu’il enchaînait les frappes de taille et d’estoc, qu’il focalisait pouvoir après pouvoir et que la fatigue envahissait son corps, il trouvait son action de plus en plus vaine. Il eut été tellement plus facile de courber la tête et de s’avouer vaincu, de s’incliner face à cet être qui en tout point le dépassait. N’étai-ce pas là la voie de la raison que de se soumettre à ce que l’on ne pouvait vaincre ? De préférer une vie dans les ténèbres à une mort dans l’oubli ?

L’inquisiteur savait que ces pensées n’étaient autres que des tentatives de son ennemie de faire plier son esprit mais il ne pouvait pourtant par les faire complètement taire. Il maudit sa faiblesse et reparti dans une nouvelle série de passe d’arme qui aurait réduite n’importe quel homme à néant. De son coté l’Archérétique se contentait d’esquiver sans cesse en riant de plus en plus, glissant par instant une parole à l’inquisiteur poursuivant la prophétie qu’elle avait entrevue quelques mois plus tôt :

« Par six fois le vertueux sera marqué par la souillure
Par cinq fois il se détournera des ténèbres mortelles
A la sixième caresse le vertueux ne sera plus pur
Et à nouveau le Seigneur sera libre parmi les fidèles »

Il était la clé, lui qui autrefois avait empêché Sa renaissance, lui qui portait Son nom et qui permettrait Son retour. La seule chose dont elle avait désormais besoin était qu’il achève de baisser sa garde, qu’un instant le désespoir soit en lui si fort qu’il en oubli toutes ses valeurs et qu’elle puisse profiter de ce moment pour lui imposer la première souillure sans qu’il n’y oppose la moindre résistance.

Une nouvelle fois la magnifique femme laissa la lame de son adversaire frôler sa peau parfaite sans pour autant causer le moindre mal mais en reculant elle se sembla se retrouver bloquée par une présence dans son dos.


Fiora Alsin, celle que l’inquisiteur avait été si heureux de retrouver, celle qui l’avait tant fait douter du bien fondé de ses actes, celle qui leur avait fait traverser les défenses de l’ennemi, celle qui les avait mené dans l’antre de la plus dangereuse créature de ce monde se tenait là, les lames de ses hortus sortant de ses poignets, prêts à frapper et à mettre un terme à une longue histoire. Dans le court instant où il la vit, se tenant ainsi en position d’en finir avec une déesse linciane, entourée d’une étrange lueur rosée se reflétant sur ses lames alors que sa chevelure d’un noir presque bleuté s’étendaient autour d’elle telle une cape soyeuse, elle lui parut glorieuse, archange de la mort prête à frapper. Comme au ralentit il vit Séléné se retourner face à l’assassin et il imagina le désarroi qui devait envahir son esprit, il imagina son visage se décomposer alors qu’elle se trouvait à la merci de ceux venus la tuer. Un instant il attendit que son acolyte se charge donner le coup mortel à celle qui avait faillit causer sa damnation mais ne voyant pas l’attaque venir, il frappa, décidé à ne pas laisser passer cette occasion.

Sa lame fila en un arc meurtrier vers le cou de la linciane, traversant l’espace en un instant qui semblait s’étirer en heures entières. Il avait donné à son coup toute la force de son bras.

Il lui sembla avoir frappé un mur de pierre.

L’inquisiteur releva les yeux et vit avec incompréhension une lame se tenir face à la sienne, retenant son attaque sans même trembler. Séléné se retourna lentement et avec elle la calidus lui faisant face et dont le bras l’avait sauvé de la décapitation. Arax resta confus un moment puis vit comment les deux femmes se tenaient l’une blottie contre l’autre ainsi que la nouvelle rune qui était apparue autour de l’œil de son ancienne amie, la désignant définitivement comme une servante des puissances obscures. Il sentit son bras reculer alors que la calidus le repoussait grâce à sa force surhumaine encore améliorée par la puissance qui coulait désormais dans ses veines.

-Fiora ? demanda il tout en sachant pertinemment que celle qui se tenait face à lui n’était plus celle qui l’avait servi des années durant.
-Inquisiteur ?
-Ainsi donc ce monde a tellement altéré ce que tu étais ?
-Altéré ? Non inquisiteur, j’ai été libérée d’un carcan qui pesait sur mes épaules depuis ma naissance. Je ne suis pas différente d’autre fois, j’ai simplement ouvert les yeux sur la folie de mon passé et les promesses de mon avenir !
-Et bien en ce cas je fermerais ces yeux et je purifierais ton âme souillée dans les flammes afin que l’Empereur puisse t’accorder la pitié dans l’au-delà.

-Je n’ai que faire de la pitié d’un mortel, je sers désormais de véritables dieux. Il est dommage que tu ne puisse pas toi-même ouvrir les yeux, Arax, un jour peut être tu verras tout ce qui t’es offert en renonçant à ton passé et peut être que cette fois là, tu ne refusera pas ta chance.
-Il n’y aura pas de prochaine fois Fiora, tout s’achève ici et maintenant, tu vas mourir ainsi que ta maîtresse ou je mourrais moi-même, aucun avenir ne nous est promis.

L’inquisiteur se dégagea de deux pas en arrière et concentra une nouvelle boule de feu qu’il envoya sur le couple impie qui lui faisait face. Chacune esquiva en un instant mais alors que Séléné reprenait une position d’observation, Fiora se mit en garde, prête à se battre. Elle semblait frêle comme une brindille et son armure dénudait tant son corps qu’elle ne lui serait probablement d’aucune utilité. Il fallait l’abattre d’une seule attaque avant de reprendre l’assaut sur sa maîtresse. Arax concentra une nouvelle fois ses pouvoirs pour invoquer des flèches de feu mais son adversaire fut plus rapide que lui, se ruant au contact à une vitesse défiant l’imagination et lançant une attaque de ses deux lames depuis deux directions différentes. L’inquisiteur n’eut d’autre choix que de reculer avant de parer de son épée longue un coup vertical descendant. Il n’eut toutefois pas l’occasion de se détourner de la frappe de l’autre arme de Fiora qui le frappa au torse, faisant couler son sang après avoir traversé son armure sans la moindre difficulté. Il chancela légèrement et recula en assénant un large coup horizontal mais une nouvelle fois son adversaire se déroba, passa dans son dos sans lui laisser l’occasion de réagir avant d’y tracer deux profondes balafres.

L’agent impérial se laissa tomber un instant à genoux alors que la douleur traversait son corps et il vit la tueuse face à lui s’écarter en riant et en léchant le sang qui souillait ses lames. Elle était une calidus, une des plus redoutables guerrière de l’Impérium avant même sa trahison et elle semblait désormais porteuse d’une vigueur surnaturelle. L’homme comprit qu’il ne pourrait vaincre cet ennemi et encore moins celle qui se tenait derrière. Il jeta un œil sur sa pauvre compagnie et se rendit compte à quel point sa situation était désespérée. Lupa et Forus gisaient, morte alors que Sophia subissait un sort bien pire. Lerec Dinor et Dariel étaient partis au loin et nul ne pouvait dire si ils pourraient revenir de cet étrange lieu. Kaldis enfin luttait contre le monstre qui vivait en elle et ses forces étaient tellement accaparées par son combat intérieur qu’elle ne pourrait plus rien faire avant de subir de nouveau des rituels d’enfermements. Etant donnée la situation, elle ne pourrait plus rien faire consciemment lors de cette vie.

Il était temps de faire sa sortie et Arax savait comment. Concentrant tout ce qu’il lui restait d’énergie psychique, il s’entoura d’un feu dévorant avant de se jeter sur son ennemie, l’épée tenue bien haute. Fiora n’esquiva pas comme si elle savait que se tenait face à elle le dernier sursaut de fierté d’un être qu’elle faisait plus qu’apprécier.

L’épée embrasée rencontra les deux lames croisées en garde et un moment les deux combattants restèrent figés dans une épreuve de force et de volonté.
Puis les armes commencèrent à descendre tandis que l’inquisiteur semblait prendre l’avantage. Voyant cela il concentra ses dernières forces, ses dernières flammes pour entourer sa lame d’un halo blanc de flammes pures qui commença à mettre le feu à la tenue de la calidus. Il voyait cette ultime victoire se rapprocher, cette dernière bravade mettant un terme à son opération trop orgueilleuse. Il ne vit cependant pas le coup de genoux qui vint le cueillir en plein ventre.

Tout fut finit en un instant. Perdant sa concentration, l’inquisiteur laissa échapper sa lame qui fut projetée au loin. Une nouvelle attaque de Hortus lui barra la poitrine et un coup de pied l’envoya glisser sur le sol. Ses dernières forces s’étaient envolées et avec elles sa volonté de fer. Il n’aspirait désormais plus qu’à se laisser glisser dans le long sommeil de celui qui attend sa renaissance en tant que servant de l’Empereur.
Il ferma les yeux et abandonna le contrôle.




Les ténèbres étaient désormais son univers, étonnement douces mais néanmoins oppressantes. On lui avait toujours dit que l’on voyait une grande lumière dans la mort et que l’âme quittait le corps et avec lui toutes les sensations mortelles pour entamer sa transformation en ange gardien de l’Empereur Dieu.

Pour sa part il se sentait bien, comme baignant dans une douce euphorie et il lui semblait toujours se trouver sur une quelconque terre dont il sentait le toucher, l’odeur, la chaleur et…

Une secousse. Sourde et lointaine mais néanmoins bien réelle. Rapidement une deuxième secousse vint puis une troisième accompagnée du bruit d’une explosion. Il sentit que quelqu’un le secouait par les épaules et que l’univers autour de lui était en train de s’effondrer.

Il ouvrit les yeux.

Il ne vit que chaos.

Un des murs de la chambre vola en éclat sous les yeux de l’inquisiteur et quelques roquettes eurent le temps de passer par la brèche ainsi causée avant d’exploser un peu plus loin. A peine un rayon de lune avait il tenté une timide entrée que trois hommes déboulèrent par la portion de mur effondré se balançant au long de filins. En un instant ils levèrent leurs armes et vérifièrent les moindres recoins de la salle puis, ne voyant pas de signe de l’ennemi indiquèrent par geste aux survivants de les rejoindre. Ils portaient l’armure carapace noire et rouge des troupes de choc des ordos praetors et il fallut quelque instants à Arax pour les reconnaître comme ses hommes. Il leva un regard hagard vers celui qui l’avait arraché à son étrange rêverie et reconnu Dinor dont les yeux reflétaient la grande inquiétude mais aussi l’infinie tristesse.

-Vous allez bien inquisiteur ?

Il fallut encore un moment à Arax pour reprendre pleinement conscience de son environnement.

-Assez bien dirons nous.

Il se releva et se dirigea au pas de course vers un grand homme dont l’armure intégrale ne laissait pas voir les traits mais dont la morphologie avait trahis l’identité.

-Doric ! commença l’inquisiteur, que faites vous ici par l’Empereur ?
-Nous avons reçu votre message inquisiteur que vous aviez réussi à désactiver les défenses de la zone et que vous demandiez une extraction immédiate. Grimpez en vitesse, la chasse ennemie ne va pas tarder !

Arax ne savait plus trop ce qui se passait. Il n’avait envoyé aucun message pas plus qu’il ne s’était chargé d’un quelconque plan d’extraction. Cependant il n’était pas l’heure de discuter, il s’assura que chaque membre survivant du commando et les cadavres de Lupa Dariel et Forus soient chargés sur l’une des deux valkyries qui étaient venues leur porter secours et qui attendaient désormais en vol stationnaire devant la brèche qu’elles avaient causé dans le palais. De Fiora Sophia et Séléné, il n’y avait nulle trace.

Une fois toute la compagnie à bord, les deux aéronefs filèrent à toute allure jusqu’au spatioport capturé pour s’y ravitailler avant de repartir pour le camps de l’armée organisé autour de la ruche Majoris.

La tentative d’assassinat était un échec, la guerre allait continuer.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeVen 13 Aoû 2010 - 17:14

Je suis très moyennement satisfait de cet extrait, il va falloir que je me remette plus sérieusement à l'écriture moi :(
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeVen 13 Aoû 2010 - 19:39

Tout à fait d'accord. :(
C'est du niveau de Golden marine là, ressaisi toi! ><



Plus sérieusement, c'est pas ma comme d'hab', mais un peu confu. J'ai ps bien saisi la scène (ceci étant peut être lié au fait que je n'ai pas lu ce qu'il y avait avant...), les deux combats se passent au même en droit ou pas?
Après, ça reste bien même si le duel entre les deux boss manque cruellement de punch. Dans ma fic aussi tu me dira mais c'était assez volontaire. Là, ce qui aurait du être un apothéose est plus plat que ce que tu es capable de faire.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 3:19

Oui, les deux combats se passent dans la chambre, mais ils ne sont pas côtes à côtes. :oui:

J'aime bien mais Arghit à raison, c'est confus, je m'y suis perdu dans les combats et particulièrement dans le duel Lerec vs Dariel, je ne savait pas lequel était le gentil et lequel était le méchant avant d'avoir lu plus bas, je me suis même dit que c'était Dariel qui survivait ><

Le combat est assez actif, mais pas assez pour un combat qui marque l'apogée de pareille fiction. Je m'attendais à mieux, vraiment.

Y a du relâchement et j'aime pas ça. ça me fait bizarre de le dire sur cette fic' mais je suis déçu.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 8:52

Je sais, je me suis pas mal raté sur ce passage. Depuis le début de la phase commando, je suis en terrain plutôt non maitrisé et c'est pourquoi j'ai peut être voulu en quelque sorte m'en débarasser pour enfin en finir avec ce passage, pouvoir commencer ma V1.5 et débuter la deuxième partie de la fiction à partir de septembre.
Ce passage sera probablement entièrement réécrit au même titre que les chapitres 1 et 2 qui sont déjà en chantier et j'espère bien que la deuxième version sera à la hauteur.
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MessageSujet: Re: La campagne des huit éclipses.   La campagne des huit éclipses. - Page 6 Icon_minitimeVen 20 Mai 2011 - 20:01



Tout son corps était douloureux mais plus encore que la simple souffrance physique, le poids de l'échec se faisait terriblement sentir sur ses épaules. Il ne l'avait pas tué, il n'avait même pas été en position de le faire. La seule chose que lui avait apporté sa tentative imbécile avait été la mort de quarte de ses agents et la confirmation de la trahison d'un cinquième. Maintenant, dans l'habitacle étroit d'une de ses valkyries, le remord rattrapait l'inquisiteur Arax sans qu'il n'ait le moindre moyen de lui échapper.
Se laissant aller contre la paroi froide de l'aéronef, il laissa son regard s'égarer sur les flancs immenses de la ruche Majoris, se laissant brièvement fasciner par les flammes qui s'élevaient ici et là, traces des bombardements impériaux, des combats des jours précédents ou de ceux toujours en cours. Au moment de partir, l'inquisiteur avait relevé un rapport qui indiquait qu'une révolte pro impériale était en cours au sein même de la ruche, pensant pouvoir profiter de l'avancée de l'armée d'invasion pour se libérer des chaînes de Lincia.

Leurs espoirs allaient être aussi déçus que les siens.

-Vous allez bien Inquisiteur?

Doric Hellate semblait réellement préoccupé par la mine cendreuse de son employeur et Arax s'autorisa un sourire, heureux que cet être là au moins ne lui avait pas été retiré.

-Non, je ne vais pas bien je pense, finit il par répondre, conscient que les êtres en présence méritaient de connaître sa pensée. Je suis physiquement et mentalement épuisé et je dois faire face à un des échecs les plus cuisants de ma carrière. Il va me falloir un ou deux jours avant de pouvoir donner une autre réponse à cette question.

Un instant, le commandant des forces d'élite du Sine Nominem sembla quelque peu déboussolé par cette réponse avant de partir d'un des grands rires dont il avait le secret.

-Je préfère vous savoir ainsi que mort Inquisiteur, je ne pense pas que la perte d'un Praetor à un tel moment eut été ce dont la croisade avait le plus besoin de même que je n'aurais pas voulu devoir changer de patron aussi brutalement.

Arax eut un petit sourire en coin avant de s'autoriser un profond soupir. Il n'était pas le seul en souffrance en ce jour, bien au contraire et s'apitoyer sur son sort n'apporterait rien de bon. Il leva les yeux pour voir deux médics de sa suite prendre en charge le cataphractaire qui les avait accompagné au cours de toutes leurs dernières pérégrinations. Il semblait avoir encaissé deux balles de plein fouet et serrait les dents pour ne montrer la moindre forme de faiblesse. Les aldérans étaient définitivement des êtres butés et l'inquisiteur restait amusé de ce trait de caractère si marqué même après avoir passé des années à les fréquenter.

Dinor pour sa part s'était muré dans un silence dont nul ne semblait capable de le faire sortir. Il n'était pas blessé dans ses chairs mais il était clair que la perte de Lupa l'avait profondément affecté. Bien que jeune, l'inquisiteur avait eut de grands espoirs pour la jeune femme, voyant peut être en elle une nouvelle Maria en devenir tant son potentiel avait été grand entre ses pouvoirs psychiques en plein développement, sa résistance au psyk son esprit d'initiative et d'analyse et ses capacités de meneuse. Arax l'avait prise avec lui pour ces raisons, espérant qu'elle pourrait confirmer ou infirmer ses attentes au cours de leur mission. Désormais il n'y avait plus d'avenir pour la jeune rucharde, sacrifiée sur l'autel de l'orgueil de son maître. Se sentant observé, le sniper releva les yeux et lorsqu'il croisa le regard de l'inquisiteur celui ci sut qu'il était tenu pour responsable de la mort de la jeune fille. Il n'avait pas besoin de confirmation, il s'en était déjà lui même convaincu. Le sniper détourna cependant le regard avant que son maître ne tente d'entamer la conversation, sans doute peu désireux de parler aussi tôt. Il faudrait peut être envisager à le détacher du service actif ou à le réaffecter à un nouvel employeur car il était clair qu'il ne combattrait plus ni enquêterait avec l'allant qui avait été le sien.

Se détournant du sniper, Arax finit par poser le regard sur celle qui catalysait toutes ses craintes.
Kaldis n'avait pas été blessée au cours de l'affrontement pas plus qu'elle n'avait pu combattre alors. Elle se trouvait pourtant prise dans une bataille des plus intenses à l'instant même pour rester maîtresse de son corps. Plus que tout autre, elle avait ressenti en elle les promesses de Sélène et du chaos, celle ci n'ayant pas à faire naître la corruption mais simplement à réveiller ce qui se trouvait enfoui au plus profond de la psyché de la psyker.

Les runes de protections gravées dans les chairs de la prophétesse ne cessaient de se former et de se transformer, développant à chaque seconde des restrictions plus fermes ou au contraire se relâchant quelques instants pour venir recouvrir les zones de peau où elles avaient disparues. Arax avait personnellement établi la plupart de ces protections, usant d'un savoir qu'il n'aurait dû pouvoir maîtriser. Sans elles, la parcelle de la créature ayant autrefois possédé Kaldis et se trouvant toujours enfermée en elle pourrait en un instant balayer de nouveau l'esprit de son hôte et l'utiliser pour répandre la destruction. L'inquisiteur ne douta pas que l'archérétique ait perçu ce qui dormait au plus profond de sa plus ancienne amie et n'ait caressé l'idée de libérer cette essence. Il remercia l'Empereur qu'elle n'en eut pas le temps ou l'occasion.

Se relevant tout en grognant légèrement alors qu'une des blessures faites par Fiora le tenaillait durement, l'inquisiteur vint s'agenouiller devant l'autre psyker, prenant ses mains dans les siennes et ajustant son pouvoir pour aider Kaldis à maîtriser le flux qui courrait dans ses veines. Le souffle de la femme devint plus régulier, les runes courant sur sa peau gagnèrent en intensité et, consciente qu'elle le pouvait désormais, elle ferma les yeux et se laissa rapidement gagner par un sommeil sans rêve, privé de toute promesses.

Un instant, l'inquisiteur envisagea de se reposer lui aussi mais il savait que son sommeil serait tourmenté par de bien sombres rêves. En lieu et place il se rassit face à Doric et commença à reprendre son rôle de Praetor.

-Que s'est il passé lors de mes quelques jours d'absence? demanda il.
-Je pense que le seigneur Alonus vous fera un bien meilleur état des lieux que moi même inquisiteur mais... à dire vrai, l'armée continue de se reconstruire. Plusieurs milliers de troupes déployées au cours de l'assaut du début de semaine ont été renvoyées en orbite pour y avoir un peu de repos. Le Haut Maréchal a fait déployer les réserves pour compenser à la fois les pertes et les retraits du front mais d'après ce que j'ai compris, les pertes en équipement lourd ont été bien trop importantes sur ce front, il a été ordonné d'organiser une ligne de siège autour de Majoris et les seules troupes que l'on y envoie encore sont celles en charge de tenir l'astroport. La situation sur le continent est semble plus sous contrôle, les Lincians n'y ont quasiment pas déployé de troupes et depuis la tête de pont de Dalapolis les troupes du domaine commencent à exercer un contrôle de plus en plus ferme sur les environs. La population semble relativement coopérative même si nous avons dû purger un grand nombre de temples du chaos. Je suppose que vous allez devoir déployer une bonne part de notre effectif dans ces environs dans les jours à venir.

L'inquisiteur digéra toutes ses informations, se doutant bien que Laure aurait un rapport bien plus détaillé, probablement trop, à lui transmettre. Il lui restait cependant une question à poser:

-Peux tu me rappeler comment as tu dis que tu avais été contacté avant de venir à ma rescousse?
-Et bien inquisiteur, j'ai reçu votre message enfin!
-Mon message?
-Un message prioritaire de niveau d'accréditation magenta où vous me demandiez un déploiement rapide de troupes pour venir vous chercher en annonçant que vous auriez désactivé les défenses antiaériennes de la zone à notre arrivée.
-Je crois que ma mémoire peut sembler un peu embrouillée mais... ce message était il oral, vidéo...

Doric fronça les sourcils, il n'était pas dans les habitudes de son maître de poser des questions sur ses propres actes.

-Il s'agissait d'un message vidéo mon seigneur, un plan de votre tête délivrant vos ordres comme vous l'avez toujours fait.

L'inquisiteur sentit son cœur se serrer en comprenant à qui il devait son salut. Réprimant la vague d'émotion qui menaçait de l'engloutir, il parla une dernière fois avec une certaine faiblesse dans la voix:
-Il faudra que je vois cet enregistrement... je... il formera un bon souvenir.

-Bien inquisiteur.

Alors qu'Arax se laissait aller contre se laissait une fois de plus aller contre la paroi de métal, une prophétie lui revint en mémoire:

Pour vaincre l’ombre trois lames furent forgés, semblable à la vue, différente à l’épreuve. La première s’est ternie d’elle-même, la deuxième est berceau de corruption, seule la troisième retrouveras son éclat.






Doucement, le dernier corps tomba au sol, tentant désespérément de retenir de ses mains la vie qui s'enfuyait de ses flancs déchirés. Lentement, la tueuse rapprocha ses bras de son corps, portant instinctivement ses pinces ensanglantées à sa bouche mais les retirant avec effroi dès qu'elle se rendit compte de ses actions.

La pièce dans laquelle elle se trouvait était écarlate, le sang des agents de sécurité étalé sur tous les murs en arabesques grotesques qu'elle aurait encore trouvés magnifiques quelques jours plus tôt. Les corps de ceux qu'elle avait contraint à agir selon sa volonté se débattait encore nerveusement sur le plancher.

Tous les voyants clignotants des divers cogitateurs étaient passés au rouge, témoignant que toutes les défenses antiaériennes du palais avaient bel et bien été désactivées et, par le biais d'écrans de surveillance, la jeune femme put voir les valkyries inquisitoriales s'enfuir. Elle poussa en soupir en se disant qu'elle aurait au moins réussi à faire s'échapper certains de ceux engagés dans la même folie qu'elle.

Des gardes de sécurité n'allaient sans doute pas tarder à arriver en masse et il fallait désormais disparaître. Un instant, la tueuse envisagea de rester sur place, de combattre une dernière fois, de sentir les chairs céder face aux lames, le sang jaillir suite aux coups. Elle pouvait expérimenter une dernière fois l'ivresse du combat et enfin se livrer à l'oubli de la mort. Une semaine plus tôt, elle aurait choisit cette option sans hésiter, massacrant ceux se dressant face à elle en attendant d'enfin arriver au terme de sa vie mais en même temps que sa mémoire et sa personnalité avait rejaillit sa mission et elle ne pouvait disparaître sans tenter une dernière fois de l'accomplir.

Phinéa Alsin quitta ainsi la salle de commande depuis laquelle elle avait organisé l'évasion de son maître, prenant l'apparence de l'un des gardes qu'elle venait de massacrer et dont elle avait revêtu l'équipement, résorbant ses pinces, derniers vestiges de sa déchéance.

Depuis qu'elle avait revu son maître, Phinéa avait lutté de toutes ses forces contre les horreurs qu'avaient commit sur elle les biomages lincians. L'ayant capturé plus de deux ans auparavant, les chaotiques avaient usé de la polymorphine que son corps sécrétait pour unir son corps à celui d'une de leurs créatures, avilissant son esprit par un usage élaboré de drogues et de configurations mentale, altérant son être pour en faire l'une des premières d'un nouveau genre. Vivant une existence qui n'avait pas été la sienne, elle était devenue une bête au service de l'ennemi, la mère porteuse d'une nouvelle espèce, une tête de bétail mutant. Lorsque la guerre s'était abattue sur Rhyos V, son rôle dans les plans du Grand Ennemi semblait avoir déjà été complété et elle avait eut la liberté de s'élancer sur un champs de bataille où elle avait jouit de la mort de ceux qu'elle aurait dû aider comme elle n'avait jamais profité d'aucune sensations. Succombant à la corruption de son corps, elle avait laissé s'évanouir son esprit et en revenant à elle même dans le corps mutant qui était devenu le sien, elle avait senti toute la honte de son échec et de sa déchéance. Usant de la polymorphine qui courrait toujours dans ses veines, elle avait isolé les horreurs que les lincians avaient intégré à son corps avant de les éliminer, retrouvant l'apparence d'une humaine et la dignité de son espèce. Elle se trouvait néanmoins fortement affaiblit, les dommages faits à son corps au cours de ses deux transformations étaient bien trop importants et elle ne tarderait pas à mourir, elle le savait parfaitement. Il ne lui restait qu'assez de temps pour faire ce pour quoi elle avait quitté l'Impérium, pour quoi elle avait été préparée dès son plus jeune âge, pour quoi elle allait mourir sans regret.
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