Balmora

Une voix répondit à Iléna qui eut du mal à la distinguer dans le bruit ambiant.

-Désolé du retard, on a eu du mal à atteindre le toit... on arrive vous prêter main-forte, mais commencez à vous repliez, ça va pas faire bon restez là.

- Reçu, répondit simplement Iléna.

Alors que les balles fusaient toujours, elle observa les environs pour pouvoir définir un itinéraire de replie à peu près sur pour ses hommes. Elle regarda aussi le nombre de projecteurs qui éclairaient sa position.

Deux projecteurs balayaient les rocs à la recherche des FDP. L'un d'eux fut d'ailleurs démasqué et littéralement criblé de balles avant d'avoir pus rejoindre un couvert.

Iléna voyait deux chemins s'offrir à elle. Le plus risqué était une corniche qui descendait le long de la falaise pour remonter plus loin. Elle était courte et assez large, mais ils seraient mortellement vulnérable dessus.
L'autre solution consistait à reculer progressivement en s'abritant derrière les rocs déchiquetés jusqu'à pouvoir atteindre un petit bosquet à une trentaine de mètres de leur position.

Iléna ne tarda pas à faire son choix et ordonna à son escouade de se replier progressivement à travers les rochers et d'atteindre le bosquet le plus proche le plus surement possible. Ses hommes obéirent avec discipline et commencèrent à reculer progressivement, avec discipline, lâchant à intervalles réguliers des rafales en direction des renégats qui progressaient vers eux. Ils avaient retenus la leçon et s'assurait d'être en dehors de la ligne d'un projecteur pour tirer. De son côté, Iléna tachait de viser les projecteurs plutôt que les traîtres qui avançaient. Toutefois, elle préférait se mettre à couvert plutôt que de tirer quand les lumières se braquaient vers elle, ne voulant pas jouer sur sa putain de chance. Elle eut un sourire satisfait en voyant un des projecteurs explosait dans une gerbe d'étincelles, touché par un des deux commandos laissés dans les hautes-herbes.

Les FDP se replièrent en bon ordre, même si un autre soldat tomba sous les rafales de balles aveugles que lâchaient les renégats. Iléna réussit à abattre le deuxième projecteur ce qui priva les renégats de toute lumière. Ils stoppèrent leur progression aussitôt, ce qui laissa le temps aux FDP de parcourir les derniers mètres les séparant du couvert salvateur.
Alors qu'Iléna observait la situation à l'abri des arbres, son com-vox émit quelques bruits.

-Sergent, j'espère que vous êtes à l'abri parce que c’est partis.

Relevant la tête vers le toit du bâtiment, elle put voir une flamme d'un blanc qui lui fit mal aux yeux s'élever dans la nuit. Elle dut retirer ses lunettes pour observer la scène sans se brûler la rétine. Puis la torche éphémère s'éteignit soudainement, replongeant le toit dans l'obscurité nocturne.
Les renégats reportèrent leur attention vers le bosquet, ayant ramené de nouveaux buggys dotés de projecteur. Un sifflement s'éleva alors dans les airs. Et le dôme du bâtiment explosa soudainement dans une pluie de débris et de poussière, tous les combattants se tournant aussitôt vers le poste radar. D'autres sifflements s'élevaient et les explosions suivirent, à différent endroit du bâtiment. Les fenêtres étaient soufflés, les murs s'effondraient et l'ensemble de la structure se tordait sous les obus.

Au loin, Iléna pouvait apercevoir la silhouette rassurante de l'un des croiseurs de la flotte FDP, suivis d'autres vaisseaux de différents types. Rapidement, au vacarme de l'orage s'ajouta celui des canons, des sifflements des obus, des explosions multiples et bientôt celui des bateaux de débarquement qui s'approchaient du rivage.

Alors que les renégats s'éparpillaient en essayant de fuir, l'autre commando rejoignit la position d'Iléna avec les deux blessés qu'elle avait laissé en arrière. Le commando semblait lui aussi avoir subis quelques pertes, Iléna pouvait compter au moins deux personnes de moins que la dernière fois, et l'un d'eux se tenait le bras.

-Beau travail sergent, on devrait rejoindre les points de débarquement non ?

Le point de débarquement le plus proche était à un demi-kilomètre, dans une crique dont la position était indiqué sur la carte d'Iléna.

L'arrivée de la flotte fut salvatrice pour Iléna et son escouade, quelques minutes de plus et ils étaient tous raides. Il ne restait plus que six hommes en état de combattre au sein de son escouade, avec deux blessés. L'Aldéranéene se permit de respirer plus doucement pour calmer la douleur qui lui remontait des abdominaux. Le sergent de la deuxième escouade la rejoignit avec ses hommes et les deux blessés laissés en arrière. Il félicita Iléna et lui proposa de gagner la zone de débarquement. La sergent approuva et sortit une carte rudimentaire de son bardas, enveloppée dans du plastique pour la préserver de la pluie. Après un bref coup d'oeil, elle guida les deux groupes trempés jusqu'aux os vers la plage.

Iléna, son escouade et l'autre commando arrivèrent sur les lieux de débarquement. Plusieurs dizaines de FDP s'affairaient à sortir des bateaux de transport quelques véhicules d'assaut destinés à la forteresse renégate.
On les accueillit et les conduisit rapidement sur l'un des bateaux logistiques, où ils furent heureux de pouvoir trouver un peu de chaleur.

Ils furent amené devant l'un des commandants FDP, apparemment ravis de la tournure des évènements.

-Soldats, toutes mes félicitations, votre mission s'est déroulée comme prévus et nous sommes en bonne voie. Néanmoins, vous ne pourrez pas vous reposer tout de suite.

Il étala devant eux une carte de Balmora. Les défenses renégates n'y étaient pas très claires, mais il pouvait clairement distinguer cinq canons sur les pourtours de la ville. Le général les désigna un à un.

-Voici votre nouvelle cible, les canons de défenses longue portée, ils empêchent nos croiseurs de pouvoir bombarder la ville. Vous êtes chargés de profiter de l'assaut pour vous y introduire et les saboter. La perte de seulement deux d'entre eux suffira à affaiblir suffisamment la défense pour que notre artillerie navale finisse le travail. Vos deux équipes seront chargés de la destruction du numéro 3 -il désigna l'un des canons les plus proche de la côte.
L'assaut n'a pas encore commencé, il vous reste quelques dizaines de minutes avant de replonger dans les combat, une armurerie à bord pourra vous fournir les équipements que vous désireriez, n'hésitez pas à y faire appel, c'est finis la discrétion, je veux que vous me rasiez cette structure !

Bien qu'elle le montra pas, Iléna aurait souhaité qu'elle et son escouade soient mis au repos. La tempête, la pluie battante et le combat avaient entamés sa forme physique et elle espérait bien prendre un peu de repos avant de passer à la suite des opérations. Elle se contenta de garder un air impassible, lâcha un garde à vous à son supérieur avant de quitter la pièce du navire. Les hommes sous ses ordres attendaient patiemment dans l'étroit couloir du vaisseau, profitant de cette accalmie pour se réchauffer et reprendre quelques forces. Tidus avait trouvé un termo de de café et il distribuait de généreuses doses aux hommes présents. Iléna prit une tasse avant de guider l'escouade vers l'armurerie de bord. Les hommes firent le plein de munitions et de grenades. Un prit un lance-flammes à la place de son fusil d'assaut et un second un lance-grenades. Le sergent de l'autre escouade était également présent et trois hommes avaient rejoins l'escouade d'Iléna. Cette dernière prit deux grenades frags et deux chargeurs pour son fusil. Après une dernière vérification du matériel, elle donna l'ordre de marche vers l'objectif suivant.

Équipées, renforcées et légèrement réchauffées, les deux escouades retournèrent de mauvaise grâce dans la tempête qui les attendait dehors. Ceci dit tous savaient que le meilleur moyen d'en finir c'était d'être rapide.
Une fois de retour à terre ils embarquèrent dans un véhicule de transport qui les amena rapidement à l'un des points avancés installés par les FDP.

Celui-ci était situé à environ trois cent mètres des premières fortification renégates et les échanges de tir longue portée avait déjà commencé, les détonations d'obus et de snipers ressortait telle une promesse de mort.
Un sergent expliqua plus en détail la situation avant que l'assaut ne soit lancé.
Le no-man's-land était heureusement une zone relativement vallonnée, ce qui assurait au troupes une légère protection lors de l'approche. Les défenses de l'ennemi se résumait à une tranchée de première ligne, et une muret fortifié en seconde ligne. quelques positions d'armes lourdes étaient installées mais globalement peu de défenses fixes. Seuls deux bunkers de chaque côté des canons constituait des cibles difficiles. Mais l'artillerie loyaliste s'appliquait à les détruire le plus rapidement possible.

Puis le signal de l'assaut fut donné et les premières unités s'élancèrent à travers la plaine, progressant autant que possible à l'abri, bientôt suivis des quelques véhicules d'assaut alloués à cette partie du front.
En observant plus en détail le champ de bataille adverse, Iléna pu remarquer que l'ennemi avait dégarnis un certain nombre de positions entre les canons, ayant remarqué que les offensives des FDP se concentraient dessus.

Alors que les troupes régulières des FDP engageaient le combat et que les explosions succédaient aux tirs de mitrailleuses, Iléna s'approcha de son homologue commando, qui s'était positionné légèrement en retrait par rapport au font principal. Elle lui désigna les espaces entre les canons renégats, espaces bien moins défendues que le reste des fortifications. Le sergent approuva l'idée de l'Aldéranéene et ordonna à ses hommes de se mettre en marche. Iléna ouvrit la voie avec sa propre escouade, profitant des moindres couverts pour progressaient. Bien que l'infiltration n'était plus de mise, la sergent comptait bien rester discret le plus longtemps possible.

Les deux escouades purent facilement approcher des lignes ennemis jusqu'à portée de tirs. La tranchée ennemie semblait déserte, mais une unité était régulièrement stationné derrière le muret fortifié.
Ceux en face des FDP ne semblaient pas très concentré sur leur portion, bien plus inquiet quand à ce qui se passait au niveau de la véritable attaque.

Les derniers mètres pouvaient difficilement se faire à couvert, mais la tranchée n'était plus qu'à une vingtaine de mètre et les défenseur devaient bénéficier d'une particulièrement mauvaise ligne de tir sur l'intérieur de celle-ci. Cela dit, il était tout à fait possible pour les FDP d'attaquer depuis leur position.

Iléna prit quelques secondes pour analyser la situation. La tranchée offrait un abri relatif contre les ennemis positionnés derrière le muret fortifié. Le problème venait des vingt dernières mètres entre sa position et la ligne de tranchée. La discrétion n'était plus une option possible et il était temps de cogner l'adversaire là ou ça fait mal. L'Aldéranéene s'approcha de l'autre sergent et lui proposa un plan :

- Une escouade progresse vers la tranchée, l'autre la couvre d'ici. Une fois la-bas, ce sera facile de nettoyer le muret avec des grenades ou le lance-flammes. D'accord ou pas ?


C'était simple mais efficace.

Le sergent acquiesça, il fut convenus qu'Iléna mènerait l'assaut, son escouade étant mieux équipée pour ça. La deuxième escouade se mit en position et, une fois tout le monde prête, ouvrit le feu sur les positions ennemis, mitraillant sans vraiment chercher à tuer, juste à couvrir.

L'escouade d'Iléna s'élança à travers la courte plaine et parvint in extremis à atteindre la tranchée avant que les renégats ne trouvent le moyen de riposter. La tranchée était assez profonde, presque deux mètres. Elle était large, plutôt bien entretenus et creusée avec de nombreux angles destinés à empêcher les tirs en enfilade. sur son rebord extérieur un marchepied permettaient aux hommes de sortir la tête pour viser.

Régulièrement, des boyaux de communication permettaient de passer en seconde ligne, le plus proche était situé à la droite de l'escouade, dans la direction opposé à leur principal objectif, mais un second était également visible à leur gauche, bien que significativement plus loin.
Ils pouvaient entendre, mais pas comprendre, les ordres aboyés au-dessus d'eux, derrière les fortifications desquelles ils étaient comme prévus abrités.

A peine Iléna venait-elle d'atterrir dans la tranchée qu'un souffle intense passa au dessus de sa tête et de celles de son escouade, jetant une certaine confusion au sein des FDP.

- Qu'est-ce que... commença la sergente en regardant le ciel. Elle fut interrompue par une puissante secousse qui l'envoya à terre, elle et tous ceux autour d'elle. Un puissant grondement suivit le tremblement de terre et l'espace d'un instant, Iléna n'entendit plus les cris autour d'elle, ni les explosions et les rafales de balles. Une fois le choc passé, l'Aldéranéene se releva prudemment pour regarder autour d'elle. Une nappe de poussière descendait sur le champ de bataille et rapidement le champ de vision des protagonistes se limita au bout de leurs bras. Plusieurs personnes toussaient autour de la sergente, recrachant la poussière âcre qu'ils avaient respiraient. Pour sa part, Iléna prit son bandana gorgée d'eau de pluie et le mit en travers de se son visage pour recouvrir ses voies respiratoires. Une fois cela fait et assurée que toute ses hommes étaient indemnes, elle contacta le commandant.

On répondit rapidement à Iléna.

-Sergent Sergulavitch ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Ce qu'il y'a ? Mon escouade et moi, on est noyés dans un nuage de poussière géant, il y'a eu une putain d'explosion pas loin. On ne voit pas à deux mètres et j'aimerais savoir ce qu'il se passe !

-Parce que vous croyez qu'on le sait ? On y comprends rien, mais ça nous arrange, ils arriveront pas à tenir des positions avec une telle visibilité, alors profitez en pour aller remplir votre objectif. Quand on aura des infos, on transmettra.

- Reçu, Sergent Sergulavitch terminé.

Iléna jura intérieurement tout en changeant la fréquence de son com-vox pour pouvoir contacter le sergent avec qui elle effectuait la mission. En allant vite, ils pouvaient profiter de la poussière pour atteindre les tranchées.

- Ici Iléna, Zack, vous êtes encore en vie ?

-On fait comme on peut. Y a un truc qui s'est écrasé pas loin de nous mais on est toujours entier. Je vois plus rien dans cette poussière, ça va de votre côté ?

- On a étés un peu secoués, mais ça va. La poussière va rapidement retomber avec la tempête qu'il y'a au dessus de nous. Je suggère que vous en profitiez pour me rejoindre. Le commandant ordonne qu'on agisse rapidement, afin qu'on profite de l'effet de surprise.

-Ok, on arrive.

La communication fut rompue et, comme énoncé, l'escouade de Zack déboula dans la tranchée peu de temps après.

Iléna se retourna en voyant l'autre escouade descendre dans la tranchée, apparemment indemne. La pluie mélangée avec la poussière donnait un aspect fantomatique à la plupart des soldats présents, c'était assez étrange. La sergent s'approcha de son homologue et baissa son masque improvisée avant de communiquer avec lui :

- Avant que cette putain de poussière obscurcisse tout, j'ai eu le temps de voir un passage sur la gauche, qui nous mènera surement à notre objectif. On va profiter de ce nuage pour avancer le plus loin possible, la pluie fera le ménage très rapidement de toutes façons. Je passe devant avec le lance-flammes, vous couvrez nos arrières avec votre mitrailleuse.

- Ce plan me convient, répondit Zack. En formation les gars ! On protège le petit cul de la demoiselle !

Iléna se permit un léger sourire avant de donner ses ordres à ses propres hommes. Les FDP se mirent en marche.

Les deux escouades progressèrent et trouvèrent facilement le passage en question, s'en servant pour passer derrière les fortifications renégates. La poussière, qui se dissipait petit à petit avec la pluie ambiante, masquait encore le champ de bataille et les FDP purent progresser sans problème.

Ils arrivèrent finalement au niveau du champ de bataille principal. Le brouillard avait profité aux FDP qui avaient pris la tranchée et luttait maintenant au coude-à-coude avec les renégats pour prendre les fortifications.
A une centaine de mètres se dressait l'imposante silhouette du canon de défense. Mais il s'agissait d'une centaine de mètre en terrain ennemi, la poussière achevant de se dissiper.

En quelques secondes, Iléna absorba les diverses données du champ de bataille et se rendit compte que les FDP n'avaient pas encre pris le mur et que le commando était seul, à découvert et entouré de renégats. Le canon n'était plus qu'a une centaine de mètres, mais c'était presque impossible de l'atteindre sans se faire repérer. Il y'avait un chantier pas très loin et Iléna décida de diriger son escouade vers le bâtiment en construction.

Pour le peu qu'elle pouvait en deviner, les renégats construisaient un entrepôt souterrain. Les deux escouades purent descendre le long d'une rampe en béton. Les fondations avaient été creusés et les premiers piliers de bétons étaient dressés.
Plusieurs bâches recouvraient ce qui semblait être du matériel de chantier et quelques engins de construction étaient garés près d'une rampe d'accès. Une grue était installé au centre de la fosse.