Eléphia

L'homme se pencha légèrement en avant, et souffla quelques mots de sa voix grave.

-Rejoignez-moi dans le bar à deux rues d'ici, avec une enseigne de cargo rouge, vous ne pourrez pas le louper. attendez quelques minutes avant de bouger.

Il se releva alors et s'éloigna de la jeune femme. En tournant un peu la tête elle put remarquer qu'il était bien plus grand et musclé qu'elle ne l'avait pensé au premier abord.

Iléna attendit quelque minutes en faisant mine d'étudier l'intérieur de l'église ou en observant les personnes présentes. Puis elle se leva et repartit calmement du lieu de culte. Dehors, les cinq FDP attendaient sur le bord de la place, sirotant une boisson locale dans un des nombreux cafés du coin. Quand ils virent leur lieutenant partir dans la direction opposée, ils payèrent l'addition et suivirent à distance raisonnable.

Deux rues plus loin, Iléna trouva effectivement un bar avec une vieille enseigne représentant un cargo rouge, surement un bar bien fréquenté par les marins du port. Elle entra, seule, et chercha du regard son contact.

Le contact en question était assis à une table, près du fond. En s'approchant, Iléna put détailler un visage rude, mangé par une barbe blanche coupée court. Ses lunettes de soleil cachait ses yeux et elle put voir une main bionique lorsqu'il se saisit de la chope qu'il avait devant lui.

-Bien, avant que je ne vous détaille la suite, vous avez des questions ?

L'homme semblait être un vétéran, bien qu'Iléna n'aurait su dire s'il venait de la garde impériale ou autre. Elle n'aimait pas les gens qui portaient des lunettes, elle aimait juger les gens sur la lueur qui brillait dans leurs yeux.

- Pas pour le moment.

-Bien. Nous allons donc devoir rejoindre la ruche, pour cela, rassemblez vos hommes si vous en avez et retrouvez moi dans trois heures au niveau de la gare de lev-mag à direction de la ruche. Si vous n'en avez pas, prévoyez des lampes torches et de l'eau. Et je vous conseille de pas vous habiller trop chaudement.

Il se leva et lâcha quelques mots avant de partir.

-Et ne soyez pas en retard !

Des lampes torches et de l'eau ? Les hommes d'Iléna avait bien de ça, mais elle n'en voyait guère l'utilité. Peut-être que le repère de la résistance était dissimulé dans une quelconque partie des égouts de la ruche, ou bien pire. Le contact demandait également que les FDP s'habillent de manière légère. Iléna avait un mauvais pressentiment mais elle n'avait guère le choix. Elle retrouva ses hommes dehors et leur expliqua la situation. Ils restèrent muets, bien que le lieutenant put voir qu'ils étaient assez sceptiques.

Trois heures plus tard, les FDP étaient au lieu de rendez-vous convenu avec le résistant.

Le contact les attendait sur place et en les voyant, leur fit signe de le suivre. Ils quittèrent la gare pour lev-mag et se mirent à suivre la voie. D'abord aisé, le chemin se révéla plus ardu alors qu'ils s'éloignaient des voies habituelles, s'enfonçant dans des taudis aux ruelles étroites. Mai le lev-mag était toujours visible au-dessus d'eux. Ils arrivèrent finalement au pied d'un épais mur, qui marquait la fin d'Eléphia.

Avant que les FDP ne puisse protester, un chuintement sonore se fit entendre et ils virent deux pans de mur apparemment ordinaire se séparer devant leurs yeux. Une bouffée de chaleur s'en échappa, sec comme le vent du désert.

Un homme à la peau bronzée, athlétique et torse nu leur fit signe d'avancer.

-Dépêchez-vous, on est pas en avance.

Le contact avança sans hésiter.

Intéressant. L'entrée était invisible aux yeux de tous, et bien que ne connaissant pas la ruche, Iléna pensait que peu de gens passaient par là, ce qui réduisait le risque que quelqu'un repère l'entrée. Elle suivit le contact de la résistance, pas mécontente d'avoir enlever son manteau, la chaleur ici était aussi sec qu'un désert et elle pouvait voir que Maec, qui avait gardé son long manteau, commençait à suer à pleines gouttes.

Le groupe de FDP s'enfonça dans le passage secret en gardant leurs mains à portée de leurs armes.

Les FDP s'enfoncèrent entre d'imposantes machines qui servaient sans doute à maintenir la structure même de la ruche. Le chuintement ininterrompus des vérins et des pistons était difficilement supportable, et la chaleur de l'endroit rendait les conditions encore pire.
Fort heureusement, la traversé ne dura pas plus de deux heures, deux heures de souffrance, excepté pour leur guide au teint hâlé.

Ils arrivèrent finalement devant ce qui semblait être une porte de sécurité, semblable à celle qu'il avait emprunté pour entrer dans la super-structure.
L'homme bronzé leur fit signe d'attendre et tendit l'oreille. soudain, il s'anima, alla presser quelques boutons sur un tableau de commande et actionner un levier ou deux, sans qu'aucun son ne sorte de l'ordinaire pour les visiteurs au bord de l'assèchement.
Puis un grondement sourd se leva, de plus en plus fort, de plus en plus proche. bientôt, tous purent identifier le bruit caractéristiques des lev-mags sur les lignes de service, un boucan digne des forges de l'enfer.

Aors que le bruit atteignait son paroxysme, le guide pressa un ultime bouton et la porte de sécurité s'ouvrit, laissant sortir le groupe de FDP et leur contact à la barbe blanche, chacun savourant la fraîcheur revenus alors que la porte se refermait derrière eux.

Le contact s'assit alors contre le mur.

-Vous feriez mieux de vous reposer, le véhicule qui doit venir nous chercher ne sera pas là avant une heure.

Bien qu'habituée aux chaleurs intenses que pouvait connaitre l'archipel, Iléna avait trouvée cette traversée éprouvante, que ce soit la chaleur intense ou le boucan provoqué par les innombrables machines de la Ruche. En sortant de ce tunnel aux allures d'enfer, le lieutenant prit le temps de prendre une gorgée d'eau. Pendant que ses hommes s'installaient plus ou moins confortablement sur le sol, Iléna se rapprocha du contact :

- Vous pouvez m'en dire plus sur le pourquoi de cette convocation ?

-Pas vraiment, je suis un agent. Mais je sais que vous n'êtes pas les seuls par contre, en ce moment des contacts s'activent dans toute la sous-ruche. Quoiqu'ils préparent, c'est de grande ampleur.
Tiens, ils ont de l'avance.

En effet une camionnette venait de tourner au coin d'un bloc d'habitations et vint s'arrêter devant le groupe hétéroclite. Le contact se releva, ouvrit la porte et monta à bord du véhicule, signalant aux FDP d'en faire de même.

-C'est le dernier transport, je vous le garantis.