Eléphia

Le garde tourna vivement la tête, brandissant son arme. N'apercevant rien, il décida d'aller voir ce qui avait pu causer ce bruit. Il arriva à l'endroit où la bouteille s'était brisé, contemplant un instant les morceaux de verre et le liquide répandus au sol en se demandant sans doute comment c'était arrivé là.

En pleine réflexion, le garde sentit subitement le contact froid et terrifiant du canon d'un pistolet qu'on vous braque dans le cou. Il s'immobilisa, en silence, conscient que le moindre pas de travers signifier la mort. Il n'opposa pas de résistance quand la main libre de l'inconnue le débarrassa de son arme de poing, ni quand elle vérifia la présence d'une oreillette.

- Derrière cette caisse, à genoux, lui chuchota une voix au ton neutre. Et pas un mot.

Le garde obéit silencieusement.

Toujours l'arme braquée dans son cou, l'homme s'exécuta silencieusement.

Bien, pensa silencieusement Maev.

- On va jouer à un jeux toi et moi. Dis moi le contenu de ces caisses, et tu verras la lumière du jour demain.

-Je ne le connais pas.

Maev assomma le garde avec la crosse de son arme. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il lui réponde. Elle récupéra l'arme du garde, un fusil à pompe, qu'elle cala dans son dos grâce à la sangle du fusil. Dans l'immédiat, il lui fallait vérifier le contenu des caisses.

Elle vérifia s'il restait des caisses sur les quais, une ouverte, et si elle pouvait l'atteindre sans risques.


[Mj].

La seule caisse ouverte qu'il y avait été celle où s'était servis les dockeurs, mais pour autant que Maev le savait, elle était vide de toute caisse originelle.

Changement de plan

Infiltrer la bateau est nécessaire à présent, et Maev allait devoir se mouiller pour ne pas être repérée trop rapidement. Quand au grade qu'elle avait assommée, elle avait sa petite idée. Le corps était près du bord du quai, avec à proximité une fiole d'alcool brisée. La tueuse retourna près de l'homme inerte et remit le fusil à pompe à sa place et poussa le garde dans l'eau. Le bruit devait être suffisant pour attirer les deux gardes sur le pont. L'assassine activa son camouflage optique et se dissimula entre deux caisses, à l'affût du moindre bruit.

-C'était quoi ce bruit ?

La tête d'un des gardes du bateau apparut par-dessus le bastingage, ne repérant pas l'assassine dissimulée.

-Hé, je vois plus Vito.
-Il est surement partis pisser dans un coin.
-Je vais vérifier, tu sais se qu'ont dis les patrons.
-Ouais, c’est ça, vas-y.

Le garde descendit la rampe et se mit à arpenter le quai, légèrement tendus. Arrivé près de Maev, il repéra la trace d'alcool et la bouteille brisée, exposant l'espace d'un instant son dos.

Maev leva lentement son arme en sortant de sa cachette. Le dénommé Vito venait de se baisser devant la fiole d'alcool et il ne semblait pas avoir remarquer la présence de la femme derrière lui. La tueuse ajusta sa visée et tira une fois. La balle traversa le crâne du gardeet ressortit par son oeil droite, allant se perdre dans l'eau polluée d'Eléphia. Avant même que le cadavre ne touche le sol, Maev avait fait deux pas de plus et amortit la chute du mort. Elle traîna le corps dans sa précédente cachette.


Il ne restait plus que le dernier des gardes. Maev s'approcha du navire, scrutant le bastingage, arme à la main. A priori, il ne s'était rendu compte de rien. La tueuse se hissa sur un des cordages reliant le navire au quai. D'après ses calculs, il lui restait deux minutes avant que les dockeurs ressortent.

Arrivée en haut, elle vérifia par une bouche d'évacuation d'eau la position du garde.

Le dernier garde était à l'autre bout du pont, l'épaule appuyée contre l'une des caisses, en train de fumer, son fusil à pompe négligemment posé à ses côtés.

La disciple de Malaal se hissa à l'aide de ses bras et posa pieds sans le moindre bruit sur le pont du cargo, immobile. La combinaison changea pour prendre la couleur et la texture visuelle de l'acier du navire. Le dernier garde fumait tranquillement, adossé à un conteneur au milieu du cargo. Le garde ne l'ayant toujours pas remarqué, Maev se dirigea vers le conteneur en lui-même et s'y adossa une fois arrivée. Son armure changea à nouveau de couleur et prit la teinte bleutée de la surface métallique. Elle s'approcha du garde lentement, vérifia au tournant qu'il était toujours occupé à regarder ailleurs. Quand l'homme tourna la tête de l'autre côté, son attention distraite par une lumière lointaine, l'assassin passa à l'action. En à peine cinq pas, elle fut sur lui et lui plaqua le canon de son arme contre la tempe :

- Ne bouge-pas. Un cri et tu es mort. J'ai besoin de toi vivant. Alors tu vas m'écouter en silence. Quand les dockeurs auront finit leur petite sauterie dans la cale, tu m'y guidera, c'est compris ?

Le garde hocha silencieusement la tête.

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que les dockeurs remontent et qu'ils redescendent du cargo. Dès que le dernier quitta le pont, Maev ordonna au garde d'y aller, toujours sous la menace de son arme. L'homme se dirigea vers le poste de pilotage du navire et les multiples portes que comportaient sa base. Il entra dans l'une d'entre elle et descendit rapidement vers la case, passant par plusieurs escaliers et autres passages étroits communs aux navires. Le garde ouvrit une dernière porte et ils se retrouvèrent dans la cale.

La cale était remplis d'un grand nombre de conteneur, tous standards. Il devait facilement y en avoir plus d’une centaine, et le navire était-il encore loin de sa capacité maximale.

Et aucune trace des caisses descendues par les dockeurs.

Des centaines de conteneurs, des centaines de possibilités différentes. Il y'avait des fiches répertoriant leur contenu, mais comment être sur qu'elles n'étaient pas fausses ?

- J'imagine que tu ne connais pas le contenu des caisses ?

Le garde répondit non d'un hochement de la tête, visiblement pas très rassuré. Maev avait encore besoin de lui. Pointant toujours le garde avec son arme, elle regarda rapidement si les ouvriers n'avaient pas laissés une trace de leur passage, ou si dans le cas où ils n'avaient pas terminés, avait laissé un conteneur ouvert.

Toutes les portes étaient parfaitement refermées, comme si elles n'avaient pas été ouverte depuis plusieurs jours, ce qui était surement le cas au vu de la couche de poussière qui s'accumulait dans les caves peu entretenue. Couche de poussière qui était mystérieusement absente dans une zone en demi-cercle devant l'un des conteneurs.

- Ouvre ce conteneur, exigea Maev du garde.

Le garde s'exécuta faisant coulisser la lourde porte de métal pour révéler une douzaine de caisse semblable à celle que les dockeurs avaient eu en main. La fiche indiquaient une livraison de matériel préfabriqué à Alonia.

Elle était sur la bonne piste, pour le moment. Le garde s'éloigna légèrement de la porte pour laisser le champ de vision libre à l'assassine.

- Sors une des caisses et ouvre là, plus vite que ça.

Le garde s'exécuta. Lorsque la caisse s'ouvrit, elle révéla plusieurs fioles contenant un liquide à la couleur doré pour certaines. Plusieurs paquets d'injecteurs par intraveineuse et de sac de poudre violette, rose, verte ou encore bleue étaient également présents.

- Merci, lâcha Maev en appuyant sur la détente de son arme.

La balle traversa le cou du garde, broya la trachée et tua le garde sur le coup quand elle toucha la moelle épinière à la base de son coup. Le corps bascula en arrière et tomba à la renverse dans le conteneur.

Satisfaite, Maev récupéra plusieurs échantillons de poudre et deux fioles, dont une dorée. Elle glissa la poudre dans sa ceinture et glissa les deux fioles dans un renflement de sa combinaison contenant habituellement deux chargeurs d'un de ses pistolets-mitrailleurs. Elle remit la caisse dans le conteneur et ferma ce dernier, puis décida de quitter les lieux, l'arme toujours en main.

Maev n'eut aucun mal à quitter le bateau, les quais étaient désormais déserts.

L'assassine s'éloigna tranquillement des quais, laissant derrière elle trois cadavres et emportant en souvenir un fusil à pompe. Elle récupéra un peu plus loin le sac contenant son déguisement de rucharde et repartit en direction de la ruche supérieure. En chemin, elle tenta d'entrer en communication avec le Raven.

C'est au petit matin que le cargo transportant les FDP arriva dans le port d'Elephia en se mêlant au flux quotidien de centaines de navires venant de divers endroits de la planète, acheminant plusieurs tonnes de ressources nécessaires au bon fonctionnement de la ruche ou au relatif bien-être de ses habitants. C'était la première fois qu'Iléna venait ici et elle comptait surtout sur ses hommes, tous originaires divers quartiers de la Ruche et plus aptes à trouver le chemin que leur lieutenant. Tous les FDP avaient échangés leur uniforme pour des effets civils à peu près cohérent et neutres. Iléna avait une tenue assez classique, un pantalon et une veste dans une manière synthétique assez résistante de couleur vert foncé, un T-shirt rouge et une paire de bottes. Elle portait en bandoulière un sac de voyage et elle ressemblait à une de ses filles qui cherchaient du travail en provenance des îles du sud.

Aaron prit la tête du groupe et guida les autres jusqu'à la vieille église d'Elephia. Arrivée la-bas, Iléna ordonna à ses hommes d'attendre à proximité pendant qu'elle y allait seule. Elle donna son sac à Maec, vérifia que son revolver était toujours dans son holster et entra dans l'église. Le bâtiment était assez petit, et on avait alignés plusieurs rangées de bancs en face d'un autel. Quelques personnes étaient présentes, notamment un homme habillé en noir. En s'approchant un peu, Iléna put voir qu'il portait une paire de lunettes. Elle le dépassa et prit place sur le banc devant lui, puis tapa trois coups contre son dossier.