Petite mise à jour avec beaucoup de délai, comme souvent ^^ Il reste des corrections à apporter mais ce devrait déjà être plus que lisible.
Comme toujours, vous savez ce que je pense des commentaires et de tout le toutim
Chapitre VI : Eclipse
Fiora s’éveilla.
Ses yeux roses posèrent un regard nouveau sur ce monde, le regard d’une créature assoiffée de jouissance, avide du jour nouveau.
Enfin libre de l'Autre, elle percevait son environnement avec une acuité que même sa formation de Callidus n'avait jamais pu lui apporter. Sous son nouveau regard, les imperceptibles variations de teintes nées de la lumière ternes des lumiglobes de ce lieu reculé était aussi marquante que les plus forts contrastes d'une œuvre d'art néo-impressionniste. Mille et une odeurs venaient chatouiller ses narines. Aussi bien celles de sueur et de sexe en provenance de ceux avec qui elle avait cru passer la dernière soirée débridée de sa vie mais aussi celle plus subtile de la poussière légèrement humide, du sol, de la porte de bois qui venait clairement d'un autre monde, de l'air lui même, purifié de la pollution industrielle mais toujours légèrement marqué par les reliquats d'urine, de sang et de crasse qui imprégnaient toute la basse ruche. Son ouïe même parvenait si elle se concentrait, à repérer le léger écoulement d'une des rares canalisations en fonctionnement, une dizaine de mètre sur sa gauche, dissimulée dans le mur. Elle s'étendit un instant, délaçant ses jambes et se dégageant du corps contre lequel elle avait été blottie ces dernières heures. La sensation de cette peau rugueuse contre la sienne la frappa tel un coup physique et sans même percevoir ses actes, elle avait, d'une manchette dévastatrice, écrasé la trachée de celui qui avait été son amant de la nuit.
Elle se releva d'un bond, se croyant entourée d'une foule en mouvement agressive mais il ne s'agissait que des lentes respirations de ceux encore endormis et des légères ondulations des derniers toujours éveillés. Ses sens nouveaux l'assaillirent d'une foule d'information alors que ses pieds analysaient la moindre strie su sol sur lequel elle reposait et qu'elle se trouvait subitement, douloureusement, consciente de la position de chacun de ses membres, du rythme de fonctionnement de chacun de ses organes. Elle se sentit perdue un instant puis elle ferma les yeux, inspira calmement avant de laisser échapper un petit rire.
L'épreuve de talent n'était bien souvent qu'une formalité, une confirmation des capacités de l'élu du succubus au terme de laquelle, tout ce qu'elle avait pu mériter au cours de ses années passées aux côtés de Sliek lui serait enfin donné. Aussi profond qu'elle se trouvait, il lui était impossible de voir la lueur du soleil mais elle savait qu'un jour nouveau avait commencé et qu'avec lui, une force nouvelle et délicieuse s'était mise à couler dans ses veines.
Elle était enfin libre.
Libre d'oublier ce temple assassin qui lui avait volé sa vie, libre d'oublier cet Empereur qui ne lui avait jamais rien donné, libre d'oublier Arax... non... libre de changer les choses qu'elle ne voulait pas oublier afin de les faire se plier à sa volonté. Désormais, rien ne devait importer d'autre que l'accomplissement de ses désirs et seuls cinq pas la séparaient encore de l'immortalité et de la plus grande des félicités.
En rouvrant les yeux, elle revit la masse de ruchards l'entourant. Elle n'avait plus à leur égard que mépris et elle quitta la pièce d'un pas rapide, ne portant toujours que ses hortus. Il lui fallait rejoindre le palais, rejoindre Sliek, son sombre amour et se laver des contacts si misérables qu'elle avait eut par une toilette bien mérité et une étreinte autrement plus gratifiante.
Dans le couloir miteux de l'hab où avait prit place l'orgie de la veille, deux autres filles de la basse ruche étaient tendrement enlacée, ayant apparemment décidées de finir la nuit ensemble plutôt que de rester au coeur de l'union brutale prenant place non loin. Du bout du pied, la tueuse en réveilla une portant toujours des bottes et un haut de cuir moulant. La rucharde grogna en s'éveillant et lui jeta un regard mauvais mais dès que ses yeux croisèrent les orbes roses de Fiora, elle laissa échapper un mot d'excuse avant de se prosterner face à celle qu'elle avait perçue comme ayant l'attention de Slaanesh.
-Donne moi tes vêtements, lui demanda calmement la callidus d'une voix qui portait en elle une séduction qu'elle ne pouvait, encore hier, atteindre qu'en se concentrant au mieux sur ses intonations.
-Oui maitresse, lui répondit l'autre fille sans parvenir à détacher ses yeux de l'apprentie surccubus.
Elle se défit de sa tenue et la donna à la nouvelle élue avant de sortir également un mini-short qu'elle avait gardé non loin, apparemment encore assez consciente la veille pour conserver ses vêtements.
Foira revêtit l'ensemble de cuir, le haut laissé ouvert pour ne pas opprimer sa deuxième poitrine et, sans un geste de reconnaissance, se dirigea vers la sortie.
-La maitresse n'aurait elle pas la bonté de m'accorder une caresse contre mon offrande?
La voix de la fille des ruches était pleine d'avidité. Elle savait parfaitement qu'elle ne reverrait de sa vie une personne d'une telle caste que si elle avait le malheur un jour d'être prise dans une chasse et qu'alors, les seules sensations que pourraient lui offrir les élites seraient les plus intenses des douleurs.
-Je te laisses la vie sauve, répondit Fiora, savoure ma miséricorde et contemple moi un instant, sous peu un tel présent vaudra plus que la vie de tous les habitants de cette tour.
Elle s'en fut sans un mot et sans écouter les remerciement de l'autre. Elle n'en avait que faire.
Arrivée dans les rues, elle commença à remonter les niveaux de la basses ruche, finissant par atteindre les zones non abandonnées pour y prendre un lev-mag à destination de la spire principale.
En parcourant ses rues, elle posa un regard neuf sur ce qu’elle avait jugé. Les peintures étaient d’une magnificence incroyable, les tenues étaient finement étudiées pour sublimer la beauté et effacer les imperfections. Ces jeunes gens déambulant dans les rues de la haute spire n’étaient pas des pauvres victimes mais au contraire des vies sauvés de l'ennui et du mensonge dans lequel croupissait l’Impérium.
Un chant s’éleva et Fiora s’y joignit. Elle ne s’étonna pas de connaitre les paroles d’une ode entendue pour la première fois. Celle qui s’abandonne d’elle-même au Chaos en deviendra une partie et apprendra toutes ses merveilles. Tous ses souvenirs lui paraissaient fades. Les incroyables chants de la Basilique de la Rédemption, les œuvres de Volonus Londar, son premier meurtre, tout cela lui semblait morne et sans relief. Le Chaos lui avait donné de nouveaux yeux mais aussi une nouvelle vision.
Elle franchit une nouvelle fois les portes du palais. Le nouveau garde en faction ne l’arrêta même pas, la marque de Slaanesh était sur elle et Ses servants pouvaient la sentir. Entrant dans l’édifice elle se retourna un instant, ses yeux fixant sans ciller le soleil noir qui flottait dans les cieux. Les ténèbres avaient engloutie le jour comme elles avaient engloutie son âme.
Karl s’éveilla après une trop courte nuit.
Il avait été contraint de subir un interrogatoire poussé le soir précédant. Un étrange homme habillé de noir l’avait questionné sur l’ennemi, sur ses techniques, ses forces. Il avait aussi beaucoup été interrogé sur l’autel mais il avait sentit qu’il ne devait rien dire, non pas qu'il sache grand chose. Après trois heures de questions il avait été relâché et réassigné. Sa compagnie entière avait été anéantie et il se retrouvait simple sergent d’une unité composée d’autres survivants.
Il venait de subir l’humiliation et le déshonneur.
La colère bouillait en lui. Oui, il n'avait pas tenu la ligne au niveau de la périphérie urbaine mais personne ne l'aurait pu. L'ennemi était venu avec des forces face auxquelles il n'avait pas été préparé et les troupes de la légion qui avaient servi de deuxième vague avaient été bien mieux équipées que ses propres hommes. Il n'avait survécu que par sa compétence à regrouper ses subordonnés et par la chance qui savait sourire aux audacieux. Il méritait mieux!
Entre cela et l'humiliation infligée par les aldérans à peine quelques heures plus tôt, il avait senti en lui monter une présence qu'il n'avait jamais ressenti jusqu'alors, comme si toutes ses ambitions avortées et ses désirs inassouvis avaient prit corps en lui même et tentaient de prendre possession de son esprit. De retour sous sa tente après l'interrogatoire, il y avait trouvé Glisel et à sa vue, sa conscience avait semblé s'éteindre alors qu'il laissait quelque chose qu'il ne saurait définir prendre le contrôle de son corps.
Désormais, ses esprits lui revenaient et il voyait le corps étendu à son coté. Il n’avait aucun souvenir de ce qu’il avait pu faire, comme si il n'avait été qu'une marionnette l'espace que quelques instants, quelques heures peut être? pourtant il gardait trace d’un agréable moment. Un de ses désirs avait été assouvi finalement.
Karl se releva, il devait rencontrer ses nouveaux hommes. Un nouveau départ, voilà ce qu’il devait prendre. Il jeta un dernier regard en arrière sur cette femme si belle mais dont il savait si peu. Puis il sortit.
Dehors l’air était oppressant, la lumière était aussi faible qu’à un clair de lune. Karl vérifia l’heure mais le soleil aurait bien dû être levé. Il leva les yeux vers la source de l’étrange lueur mais en lieu et place du soleil flottait un disque noir cerclé de feu. Ses yeux le brulèrent à cette vue et il les baissa tout de suite. Une atmosphère sombre, pesante résignait sur le campement. Les hommes étaient éveillés mais ne parlaient pas, s’étaient rassemblés mais ne se regardaient pas. Karl sentit un vent de peur souffler sur tout le campement. Sans qu’il ne sache pourquoi ses poils se dressaient sur son corps. Il s’étonna de ne pas avoir ressentit cette oppression sous sa tente. Certain hommes se roulèrent en boule, d’autres se mirent à pousser d’occasionnels cris ou à s'arracher les cheveux. Des commissaires et leurs hommes de main se répandaient parmi les rangs, en appelant à l'ordre et à la discipline. Au loin on pouvait entendre de temps à autre la détonation d'un pistolet bolter, témoignage qu'un agent du commissariat avait dû faire usage de sa pleine autorité. L'ancien capitaine ne savait pas si tout cela faisait partie de la stratégie de terreur de l’ennemi mais il n’aimait pas voir ses hommes paniquer sans lui !
Reconnaissant les quelques membres de son escouade, Karl s’avança vers eux avec son ton le plus autoritaire. Il tenait là une parfaite occasion d’asseoir son autorité.
-Soldats, seriez vous des lâches ? demanda t-il d’une voix grave.
Les auxiliaires se calmèrent quelque peu à ces mots, leur attentions détournées de leurs craintes, et posèrent des regards noirs sur lui. Karl soutint sans broncher, il avait déjà tenu tête à des commissaires et de simples gardes ne l’effraieraient surement pas.
-Pour qui tu te prends toi ? demanda l’un des soldats.
Karl se rendit compte qu’il ne portait pas ses insignes, ces hommes devaient le prendre pour un autre simple survivant.
-Je suis le Capitaine Karl Drar et du fait de la destruction de ma compagnie lors de l’assaut d’hier matin -si peu de temps pensa t-il- je suis votre supérieur direct.
Façon pour lui de ne pas dire qu’il avait été relégué sergent. Il voyait que les autres étaient légèrement intimidés, menacer un capitaine était rarement bien vu et pouvait même valoir la peine capitale dans certaines circonstances. Leur malaise jouait en la faveur de l'officier: il tenait une occasion de se présenter comme magnanime.
-Faites pas cette tête les gars. Je suis votre nouvel officier mais ne vous en faites pas, je ne suis pas un chieur. Les commissaires et les Aldérans sont là pour ça non? C'est quoi vos ptits noms et qu'est ce qu'il se passe par ici d'un coup?
Les huit soldats se présentèrent, cinq hommes et trois femmes. Apparemment l’un d’entre eux était porteur de lance grenade et un autre de lance missile, un dernier servant de radio. Une escouade standard comme l’armée aldéranéenne en comptait des milliers. Une force sans caractère donnée à un chef jugé sans importance.
Alors que tous faisaient connaissance, des hauts parleurs disséminés partout au sein du camp se mirent à débiter à haut volume la propagande du domaine. L’éclipse était un phénomène naturel et ne devait pas durer plus de trois heures. Pour oublier cette farce de la météo locale l’assaut était reporté jusqu’au retour du soleil.
De quoi rassurer tout le monde. Si une grande explosion n’avait pas retentit à ce moment là.
Lerec sortit brusquement de son sommeil au bruit d’une détonation. Par réflexe il se releva mais la douleur le ramena bien vite à la réalité. Les médecins aldérans étaient bon et du fait de son statut de lieutenant il avait eut droit à un traitement de faveur. Il serait bon pour le service actif dans deux jours, ses côtes ressoudées par il ne savait quel miracle mais se redresser aujourd’hui était plus qu’il ne pouvait. Il regarda autour de lui. Cette infirmerie était réservée aux cataphractaires, à l’élite. Il se sentait misérable d’être parmi le si petit nombre qui s’était laissé blesser.
Lerec vit passer un infirmier et l’appela :
-Mais que se passe-t-il dehors ?
-Une attaque lieutenant, rien de bien grave, l’ennemi a utilisé le couvert des ténèbres pour lancer un assaut surprise.
-Les ténèbres ? Mais quelle heure est-il ?
-Huit heure monsieur mais il semblerait que le soleil ne se soit pas levé ce matin. Si vous voulez bien m’excuser…
Lerec ne pouvait y croire, l’ennemi était à portée de main et il ne pouvait combattre, ses hommes étaient confrontés à une nuit anormale et il n’était pas là pour les mener. Il retentât de se lever mais la douleur le recloua dans l’instant. Aujourd’hui une bataille allait se livrer. Mais ce ne serait pas la sienne.
Aryn avançait dans les ténèbres.
Aujourd’hui il allait une fois de plus avoir la chance de combattre l’ennemi, de se délecter de sa mort. L’humanité se retrouvait prise dans une lutte sans merci pour sa survie et bien qu’humains, ceux qui lui faisait face étaient une entrave, des fanatiques promettant la race humaine à des siècles de ténèbres et à sa mort finale. Il était un soldat, un guerrier, et il vaincrait ceux qui se dressaient face à lui. Sa vie entière n'avait d'autre raison d'être que de participer à ce qui se devait être la victoire de sa cause et l'évolution de la race humaine.
Tous ensemble ils progressaient, silencieux comme des ombres, ne laissant qu'échapper de faibles souffles qu'il sentait plus qu'il ne les entendait. Chacun de ses frères et sœurs progressaient de couvert en couvert, se protégeant les uns les autres avec une efficacité née de l'habitude, s'accordant une confiance mutuelle née des années passées à vivre les uns aux côtés des autres. Ils n'avaient pas besoin d'échanger le moindre mot, de simples signes leurs permettaient de se communiquer toutes les informations qu'ils pensaient nécessaires de partager et au fond de leurs esprits leur mère permettait à chacun de percevoir une fraction de ce que pouvait capter les autres. Dans un parfait ensemble ils diminuaient la distance les séparant de l'objectif distinguant dans la pénombre les feux installés par les envahisseurs et les larges projecteurs balayant les alentours de leurs positions, recherchant des agresseurs sans jamais être capables de les voir. Ceux qui se tenaient quelques centaines de mètres devant lui étaient venu troubler la paix d'un de Ses mondes, d'un de leurs édens et pour cela ils allaient subir le courroux des bios-guerriers.
La mission était simple, frapper les colonnes de chars encore à l’arrêt pour affaiblir l’ennemi puis se replier en bon ordre. Frapper aussi vite que l’éclair, ainsi devait agir un guerrier de Shornal.
Une première explosion retentit, loin au sud. L’ennemi allait s’y ruer, facilitant d’autant leur infiltration. Les slaaneshis allaient se ruer en avant quand il entendit une voix, résonnant dans son esprit à la fois sensuelle et impérieuse:
-Attends, un peloton ennemi est en approche.
La coordination psychique était l'un des atouts maîtres des armées lincianes. Chaque groupe de combat se voyait attaché un ou une psyker de combat, télépathe, qui surveillait en permanence ses hommes, les prévenant du danger, le menant à la victoire. Pour des bios-guerriers tels que lui, cette tâche revenait à la mère de la fratrie en mouvement, bénéficiant de fait d'un lien des plus forts avec les guerriers qu'elle devait guider. Aryn sut distinguer une trentaine d’hommes dans leur détestable uniforme bleu se ruer vers la source de l’explosion, la voix lui confirma qu'ils étaient trente-quatre et qu'ils les auraient engagés en situation favorable si lui et ses comparses n'avaient pas patienté quelques instants.
La voix n'avait jamais tord.
Lui et ses onze frères et sœurs se faufilèrent dans l’espace laissé vacant par les troupes ennemies. Ils étaient des bios-guerriers, des soldats génétiquement améliorés, plus fort et plus rapides que de simples humains. Leurs corps étaient perfection et leurs esprits étaient aussi affutés que des lames. Aryn avait déjà rencontré des spaces marines une fois. Ils étaient bien plus résistants qu'eux et leur ordre était bien plus vieux, néanmoins ils n'avaient pas la pureté et la noblesse de son propre genre. Les Astartes qui lui avait été donné de voir n'étaient que des pirates avides de richesse et totalement aveugle à la nécessité de pousser l'humanité plus avant, ceux qui lui avaient été décrit n'étaient que de prétendus chevaliers en armure disposant de plus de prestige que de puissance et aussi aveugles que celui qu'ils servaient. Lui était un élu de Shornal, et c’était en Son nom qu’il allait faire couler le sang ce soir, au sein de Ses forces unifiées qu'il unifierait les fils perdus de Terra.
La voix se fit de nouveau entendre, les dirigeants sans faillir vers leur objectif. Leur progression était rapide et efficace et rien n'aurait pu se tenir sur leur chemin avant qu'ils ne soient en position de délivrer la frappe décisive qu'ils se devaient de porter. Deux nouvelles fois ils se dissimulèrent dans les ombres alors que des patrouilles de gardes s'approchaient d'eux dans leurs rondes nocturnes. Chaque fois Aryn sut qu'ils aurait put prendre leurs vies en un instant, fondre sur eux et en finir en moins de temps qu'il fallait à ces simples humains pour parcourir cinq mètres. Une partie de lui voulait agir ainsi, tout une part de son être n'était faite que pour rechercher toujours plus d'excitation, pour infliger et subir plus de souffrances, pour vivre son existence et en détruire d'autre. Néanmoins, une partie de lui savait qu'attendre maintenant lui permettrait de bien plus se déchaîner plus tard et plus encore que cela, il était tenu par les chaînes de l'obéissance à ses maîtres qui lui avaient donné quelques instructions précises qu'il n'oserait pas transgresser.
A travers la pénombre, le soldat génétiquement modifié pouvait percevoir des sentinelles fixes assemblées autour d'un feu de camp, ses oreilles lui permettant d'entendre une conversation qui semblait tendue dans un langage qu'il ne comprenait pas. Une nouvelle fois la voix se fit entendre et en tout son être il sentit pénétrer les informations qu'elle livrait à l'ensemble de son groupe. Leur rôle ce soir n'était pas, comme beaucoup d'autres, de poser des charges explosives avant de se replier en bon ordre, ils devaient à la place provoquer assez de désordre pour que les autres puissent agir. Ces guetteurs qui se tenaient non loin devaient protéger un ancien bloc d'habitation à moitié en ruine où se trouvait le reste de leur peloton, il revenait à la fratrie d'éliminer ces proies sans défense.
En quelques instants, le taux d'adrénaline dans le sang d'Aryn augmenta considérablement alors qu'il se rapprochait silencieusement de ses cibles. Trois de ses frères et sœur s'étaient déjà détachés du gros du groupe pour commencer à escalader un éboulis instable avec une agilité impressionnante et ainsi arriver au milieu des impériaux en sommeil. Lui même accompagné de sa sœur Elys se dirigeaient vers une fenêtre basse lorsqu'il vit le premier éclat de sang de la soirée. Une autre membre de la fratrie s'était blotti dans les ombres tout en s'approchant de plus des aldéranéens inconscient du danger qui les menaçait. La guerrière passa dans leur dos, contrôlant parfaitement ses mouvements. Un instant elle se tint parfaitement immobile au milieu de ses ennemis qui malgré sa proximité ne l'avaient toujours pas vu, le suivant deux têtes avaient roulé au sol, deux lames avaient prit les gorges de deux autres gardes et le dernier était maintenu au sol dans une étreinte sensuelle mais mortelle alors que la combattante linciane savourait l'étincelle de vie qui lentement allait s'éteindre dans les yeux de sa victime.
Ce même instant suffit à Aryn pour grimper sur le mur qui lui faisait face et passer par une fenêtre laissée en éclats par les bombardements. Il tomba au milieu d'une escouade dormant groupée, ses membres pelotonnés les uns contre les autres pour garder un peu de chaleur. Il tailla dans cette masse de chair sans subtilité ni grâce, ne prenant aucun plaisir à ainsi massacrer des êtres sans défense dont il n'avait le temps de profiter ni de la douleur ni de la terreur. L'un d'entre eux s'éveilla dès qu'il eut posé pied à terre et tenta de ramper vers son arme. Le bio-guerrier fut sur son dos avant qu'il ne puisse s'armer et lui planta la lame d'un hortus entre les côtes alors que de son autre bras il faisait feu au fusil à pompe sur l'attroupement de garde, achevant ceux que ses lames n'avaient pas encore éliminés. L'aldéranéen se débattit, gigotant et élargissant lui même la blessure qui lui était infligée. Ses yeux avaient étincelé de peur un instant mais désormais on pouvait y lire la haine, la rage. Le slaaneshi prit quelques instants pour profiter de cette impuissance puis coupa la gorge du malheureux et le laissa étouffer dans son sang.
Ses compagnons s'étaient déjà répandus dans les pièces adjacentes, ne laissant que cadavres et soldats agonisants dans leur sillage. L'assaut n'avait commencé que deux douzaines de secondes auparavant mais les pertes ennemies devaient déjà s'élever aux alentours de la trentaine, bien assez pour que la fratrie puisse désormais engager l'ennemi de front sans que celui ci n'ait d'espoir de victoire.
Elys avançait telle une prédatrice et Aryn ne pouvait s'empêcher de la trouver magnifique même si il était actuellement tenu par de bien plus forts liens. Elle approchait prudemment d'une porte encore fermée et alors qu'elle allait mettre la main sur sa poignée, un torrent de balles s'en répandit. Elle eut tout juste le temps de sauter hors de portée alors qu'à travers les débris de la porte on pouvait voir les auxiliaires de l'ennemi, leurs armes braquées sur ce qui devait être l'une des seules entrées. Aryn se rapprocha de sa sœur et lui murmura à l'oreille:
-Nous sommes deux, ils doivent être plus de dix, en les tenant simplement nous accomplissons notre mission... j'imagine...
Ils étaient tous nés la même année, avaient été élevés par la même mère et étaient animés des mêmes désirs mais leurs évolutions avaient différé et si Aryn brûlait au moins autant que sa compagne de massacrer les ennemis au delà de ce battant, si proche qu'ils pouvaient en sentir la sueur, en gouter le sang, il savait qu'il convenait de réfréner ses comparses plus sauvages au combat lorsqu'il le pouvait comme leur mère lui avait appris.
-Je veux voir leur sang, dit elle, essoufflée non par l'effort de la journée mais par la retenue qu'elle devait s'imposer. Les barrières sont tombées, je dois...
Aryn lui passa une main réconfortante dans les cheveux alors que l'autre s'approchait de ses cuisses afin de la faire patienter un instant. D'une pensée il contacta sa mère et il sut immédiatement qu'elle allait l'aider. Alors qu'Elys s'agitait de plus en plus, ne pouvant réfréner le cocktail de drogue et d'hormones déversées dans son corps par la proximité du combat, Aryn entendit de nouveaux coups de feu, bien plus sporadiques que les précédents et à nouveau il lui suffit d'une pensée pour savoir. Déposant un baiser sur ses lèvres, il fit se lever sa sœur et ensemble ils ouvrirent la porte, découvrant les gardes impériaux en train de se jeter à la gorge les uns des autres. La bio-guerrière s'élança avec joie dans cette orgie de violence alors qu'Aryn observait, sentant un besoin impérieux de ce joindre à ce massacre débauché mais parvenant à réfréner ses pulsions et ressentant un vif plaisir de l'idée qu'il pouvait ainsi commencer à maîtriser sa nature. Sa mère le contacta une dernière fois, lui annonçant que la fratrie ne devait repartir que dans dix minutes et à la vue de sa soeur se roulant dans le sang et les entrailles de l'ennemi, il sentit son contrôle faiblir puis s'effondrer alors que lui aussi se lançait dans une consommation débridée de l'instant présent.
Passerelle d’observation du Sin Nominem
Une sphère, noire.
Voilà ce qu'il pouvait voir en baissant les yeux sur cette planète où tout allait se jouer. La nuit était tombée mais le jour n’avait pas osé lui contester sa domination. Les éclipses de Rhyos n'étaient un secret pour personne et cela faisait bien longtemps qu'aucun logicien impérial n'avait prit la peine de calculer le jour et l'heure de celles à venir, néanmoins celle de ce jour semblait un bien funeste présage.
L'inquisiteur Arax voyait ainsi ce monde privé de toute lumière, livré à l'ombre dans laquelle s'épanouissaient les peurs des hommes, où germaient les graines de la corruption. Tout un pan de ce secteur galactique était ainsi passé dans l'ombre, délaissant la clarté de l'Empereur, la beauté de l'Impérium pour embrasser les plus sombres pouvoirs, pour adorer les pires horreurs du warp. Venues sur ce monde, les forces de la 5eme armada aldérane espéraient y rallumer la flamme de la foi impériale mais rares étaient ceux à avoir la force d'enflammer de nouveau un brasier éteint.
Pire que la simple absence de lumière visible, l'inquisiteur percevait également des ténèbres psychiques d'une rare intensité se répandant à la surface depuis les points qu'il savait être les principales places fortes de l'ennemi pour engloutir les minces têtes de pont impériales. Des centaines, peut être des milliers de psykers entrainés par l'ennemi arpentaient l'éther pour tourmenter les âmes de ceux venus pour délivrer ce monde. Pour beaucoup ces esprits n'avaient un pouvoir qui ne pouvait même égaler le dixième de celui de leur observateur mais leur nombre faisait leur force et certains au sein de cette horde jouissaient d'une puissance peu commune au sein des forces loyales à l'Empereur Dieu de l'humanité. Arax était tenté à son tour de quitter son corps, de projeter sa forme astrale à la surface et de lutter contre les psykers de l'ennemi mais il savait que telle n'était pas sa fonction, que malgré sa force il ne pouvait partir affronter une telle nuée et s'assurer d'en sortir indemne. Surtout, il voyait clairement qu'au sein de tous ces spectres fugaces, l'un d'entre eux étincelait d'une lumière noire aveuglante par sa force et sa profondeur. L'archi-pécheresse Sélène rôdait à la tête de son armée et bien qu'elle n'avait du déléguer qu'une infime partie de sa force à cette attaque psychique, la souillure qu'elle laissait derrière elle était visible depuis l'orbite pour les sens psychiques de celui venu la détruire. Elle ne ferait sans doute pas durer son assaut, elle y épuiserait ses forces psychiques sans pour autant pouvoir réellement détruire les forces impériales en surface qui n'étaient encore qu'une fraction de celles en orbite, néanmoins il savait que dans son sillage, déjà des centaines d'auxiliaires aldéranéens et peut être quelques aldérans avaient du renoncer à leur allégeance au conseil et à Terra pour embrasser la déesse qui avait daigné effleurer leurs âmes. Dès la fin de l'assaut il faudrait envoyer les premières équipes d'investigation à la surface, procéder aux premières exécutions, donner les ordres aux praetors auxiliaires...
Tout à sa réflexion, l'inquisiteur n'avait perçu l'arrivée de Kaldis dans son dos.
-Cette fille est effrayante n'est ce pas?
-Cette... fille?
-Sélène... si jeune et pourtant si tournée vers l'idée de construire quelque chose qui survivra aux âges...
Arax se détourna de la baie vitrée tournée vers Rhyos pour mieux voir son acolyte de toujours.
Une fois de plus Kaldis portait une de ses robes de la tendance Assaréenne malgré l'interdiction théorique de porter de tels vêtements pour une membre de haute position du Domaine, mettant ainsi en valeur son corps qui n'avait rien à envier à ceux qui avaient conçu de tels vêtements.
« Tu sais bien que je ne suis pas une dame haut placée, je ne suis que la sorcière corrompue du Praetor d'Alonus... »
Sa voix retentit dans l'esprit de l'inquisiteur, bien plus posée et froide que celle avec laquelle elle s'exprimait la plupart du temps. Elle prit un petit sourire coupable un instant avant que son compagnon ne lui fasse remarquer qu'elle n'avait pas à lire chacune de ses pensées, s'attirant par là même un regard noir.
Ses tatouages dansaient sur sa peau, se reconfigurant sans cesse pour toujours fournir la meilleure protection possible contre la corruption du dehors... et celle qui sommeillait en elle, néanmoins Sybile la connaissait assez pour voir dans ses yeux qu'elle était actuellement parfaitement maîtresse d'elle même ainsi que de ce qui vivait en elle sans pouvoir réellement exister. Il pouvait en effet voir ses orbes d'or le fixer gravement et son corps n'avait rien de l'aspect lascif qu'il lui arrivait d'adopter.
-Le démon est à l’œuvre sur ce monde, dit-elle d’une voix trop grave pour son corps.
-Pire qu’un démon, répondit l'inquisiteur, une horreur sans nom. Je béni l’Empereur de ne pas encore être à la surface. Il faudra purger les rangs quand le calme sera revenu.
-La marque du chaos laisse toujours une marque en nous, pour le bien ou pour le mal.
L'ironie de ces paroles firent étinceler les yeux dorés et une fois de plus Arax ne put s'empêcher de songer que de tel propos auraient valu le bûcher à bien des citoyens impériaux et que certains de ses rivaux pourraient le condamner simplement du fait qu'il avait à son service quelqu'un capable d'émettre à haute voix de telles idées. Néanmoins sa foi en elle n'avait jamais été remise en cause par quelque événement que ce fut.
-Selon toi, demanda il, quel est son niveau de puissance au vu de la démonstration qu'elle nous donne ce soir?
-Elle ne doit pas utiliser la moitié de son pouvoir et il est déjà plus d'un millier de fois le nôtre... Je peine à voir, hormis cette funeste nuit, quand j'ai déjà pu être confrontée à une force comparable...
-Et quelles sont tes propositions d'experte face à une telle force?
La psyker qui jusqu'alors avait fait face à la baie d'observation fit tourner tout son corps pour faire face à son compagnon de longue date, sa longue chevelure volant comme portée par un vent qui ne pouvait être.
-Tout brûler? C'est ta spécialité à ce que je sais?
Son visage avait perdu toute sévérité, elle s'était légèrement penchée en avant en une pose enfantine. Elle souriait de toutes ses dents à l'inquisiteur qui se préparait à grogner lorsque soudain ses yeux se révulsèrent et son corps se cambra en arrière.
De l'ombre ou de la flamme, une seule s'imposera
A travers six ères s'étendra leur combat
De leur opposition naitra une puissance
Qui de toute ses forces affrontera l'ennemi immense
Aux côtés de la flamme combattra un brasier
Afin de vaincre l'ombre, des armes il devra forger
Semblables à la vue, différentes à l'épreuve
Une restera pure, deux trouveront allégeance neuve
Au fond de l’infini attend le néant. Rien ne survivra à son passage.
Les ténèbres et la lumière s'uniront ou toutes deux périront.
L'inquisiteur eut un léger mouvement de recul alors que ses sens psychiques voyaient déborder de son acolyte une puissance excédant mille fois la sienne, brillant un instant avant de se faner alors même que Kaldis retombait au sol.
Arax resta interdit un instant. Il dégaina avec flegme son épée longue qu'il portait toujours au flanc et s'approcha précautionneusement du corps de son amie, s'attendant à tout instant à assister à un retour d'énergie. Il la poussa légèrement du pied et celle ci grogna faiblement, l'inquisiteur la pointant instantanément de son arme. Elle bougea très légèrement puis releva son visage du sol pour fixer celui de son maître et l'homme sut immédiatement que le danger était passé. Alors qu'il rengainait son arme, la sorcière se relevait.
-Qu’est ce que c’était que ça? lui demanda il.
-Depuis quand demandes tu au devin ce qu’il veut dire ?
Les pouvoirs de Kaldis dépassaient largement par leur potentiel et leur valeur ceux de l'inquisiteur. Dotée d'une vision de la vaste étendue des possibles et connectée à l'infini par son contact avec le démon, il lui arrivait de toucher du doigt un des fils du destin, de lire un instant l'un des projets de la fortune. Prophétesse incomprise, elle réfrénait sans cesse son pouvoir de crainte que celui ci ne devienne incontrôlable et même un maître du feu tel qu'Arax n'osait imaginer la dévastation que pourrait causer sa pleine libération...
Karl et ses hommes couraient. L’attaque ennemie avait été fulgurante et il fallait contre-attaquer sans faillir. Le capitaine dégradé avait prit la tête de ceux qu'il avait croisé avec un calme parfait ne cillant pas un instant et faisant preuve d’une assurance sans borne, du moins en façade.
Il aurait été bien plus sûr de lui si il avait su vers où il se dirigeait.
Les hommes et femme sous son commandement n'avaient pas l'air de bleus, tous autant qu'ils étaient demeuraient des survivants ayant passé sains et saufs l'épreuve de la journée d'hier et par cela même disposait de plus d'expérience du feu que bien des leaders d'autres armées. Néanmoins tous étaient en proie à la plus abjecte des terreurs, Glisel seule semblant conserver son calme dans la nuit. Karl ne savait pas pourquoi mais un vent de panique soufflait actuellement sur le camp avec la même force que celui qui avait ébranlé les lignes de la première force de défense de l'astroport. De même que lorsque les radios s'étaient mises à débiter les horreurs qui avaient fait sombrer les troupes de l'officier dans le chaos la veille, chaque soldat autour de lui ne pouvait dissimuler la lueur d'effroi qui gagnait en force dans son œil, chaque conversations ne pouvait que se faire sous la forme de murmures apeurés au risque de dégénérer en conflit ouvert entre ceux qui discutaient.
Cependant, le canal radio restait pur et rien ne pouvait alors expliquer la panique qui avait saisit le camp.
L'ancien capitaine ne comprenait pas pourquoi lui-même n’était pas affecté mais il en remercia l’Empereur, ce trouble lui avait permis d’apparaitre sous un bon jour face à ses hommes et même à ceux des autres escouades du peloton. Le lieutenant en charge avait rapidement sombré dans la folie prétendant entendre des voix. Il avait sorti son pistolet laser et avait abattu un de ses propres hommes. Karl avait senti monter en lui le besoin de le tuer. Il avait tiré un seul coup et c’est avec une fascination morbide qu’il avait vu la tête se désintégrer pour laisser place à un cratère sanguinolent d’où dégoulinait la matière grise. Un froid était d’abord tombé avant qu’une acclamation ne monte des autres membres du peloton. L’angoisse et la colère qui avait couvé en eux durant les heures de cette éclipse avaient ressurgit violemment. En un instant ce sergent tout juste arrivé était celui qui leur avait permit de se débarrasser du poids qui pesait sur leurs épaules. Tous avaient reconnu son autorité et Karl avait senti la présence au fond de lui-même apaisée par cet afflux de pouvoir retrouvé.
L'officier aimait à sentir de nouveau la charge familière de l'autorité mais son bonheur aurait été bien plus grand si il avait su où il se dirigeait. Les communications radio avaient été envahies par des centaines de demandes d'assistances, de rapport de combat ou de demande d'instruction et de fait l'état major avait finit par couper les canaux accessibles aux troupes auxiliaires. Un instant l'idée toucha Karl de se brancher sur les réseaux aldérans mais il savait que cela lui vaudrait à coup sûr la mort.
Au lieu de cela, il avançait droit dans les ténèbres, se dirigeant vers les dernières explosions qu'il avait put voir. Intérieurement il espérait ne pas rencontrer d’ennemis, il avait eut plus que sa dose la veille, mais alors qu’il progressait dans cette direction il vit que loin de s'éteindre, les flammes s'étendaient et de plus en plus d'hommes semblaient accourir vers la même destination que lui. Il se retrouvait une fois de plus plongé dans la spirale de la guerre mais il avait perdu beaucoup de ce qui le poussait en avant. Au cœur de son âme était né un vide qui semblait aspirer beaucoup de ses convictions mais il devait l’oublier et se forcer à aller de l’avant, pour l’Empereur ou pour lui même, il n’aurait néanmoins su le dire.
Après plusieurs minutes de course il arriva sur la zone même des combats et une vision de désolation s'offrait à ses yeux. Des centaines de chars avaient été alignés quelques heures plus tôt dans ces environs de l'astroport mais parmi eux des dizaines étaient en flammes. Les grandes cuves de prométhéum descendues de l'orbite par des transporteurs lourds étaient en feu, éclairant la scène d'une lumière rougeoyante des plus intimidantes. Plusieurs baraquements préfabriqués eux aussi installés au début de la nuit avaient été réduits à l'état de débris fumants, démolis par les rayons ardents d'armes à fusion.
Au milieu de tout ce chaos, un combat acharné avait lieu. Alors que toujours plus d'explosions retentissaient derrière les premières lignes de char tandis que les saboteurs de l'Ennemi y semait la destruction, les forces impériales venues repousser l'attaque se trouvaient pour la plupart coincés dans les derniers baraquements de l'astroport, bloqués par les forces armées ennemies. Karl pouvait distinguer, s'abritant derrière les épaves des premiers chars, un bon nombre des fantassins légers lincians, à la peau pâle et aux tatouages tribaux, les flammes créant sans cesse des ombres dans lesquelles ils parvenaient à disparaître comme par enchantement. Ce n'était néanmoins pas les troupes hypuranes qui prélevaient le plus lourd tribut parmi les aldéranéens au combat, pas plus que leur petit nombre n'aurait sut retenir bien longtemps un ennemi qui leur était supérieur. Bien plus dangereux et mortel, un autre ennemi était présent, non pas dissimulé dans les carcasses de tanks de combat mais virevoltant au milieu des rangs impériaux.
Bien plus grand que des humains normaux, dotés d'une vivacité iréelle, leurs peaux bronzées brillaient d'un éclat effrayant à la lueur des flammes. Ils n'étaient guère nombreux, pas plus d'une quarantaine, néanmoins ils prévenaient toute progression des forces de secours et donnaient ainsi à leurs alliés le répit nécessaire pour continuer leur besogne de sabotage.
Alors qu'il ralentissait lui même sa course et que les hommes à sa suite se dirigeaient vers les couverts environnants pour prendre part à la fusillade, il vit une dizaine de ces bios-guerriers ainsi qu'ils étaient nommés charger un peloton entier de combattants aldéranéens. Ils esquivaient les tirs tels des danseurs tout en refermant en quelques seconde la distance qui les séparaient de leurs opposants. Un d'entre eux fut bien fauché par un laser dans sa course mais ses autres compagnon continuaient à progresser avec une grâce que l'ancien capitaine ne pouvait s'empêcher de trouver belle: la sueur qui dégoulinait de leurs dos, l'ondulation de leurs muscles, le vol de leurs longues chevelure, tout chez eux dégageait une beauté sauvage qui troublait l'attention de ceux devant leur faire face.
Devant leur avance apparemment inarrêtable, certains gardes commencèrent à se débander mais ils n'eurent même pas le temps de se relever que l'ennemi était sur eux, fauchant de gauche et de droite grace aux lames sortant de leurs poignets, faisant usage de tout leurs corps comme d'armes alors que leur force supérieure et leurs protection de métal leur permettaient d'un coup de pied de briser un os aussi sûrement que l'aurait fait une masse.
Une d'entre elle s'élança vers un commissaire qui, de sa voix amplifié par les micros dissimulés dans son large manteau noir à revers blanc et bleu, tentait de maintenir l'ordre dans les rangs. Karl reconnu en lui le commissaire Reigo, l'un des meilleurs escrimeurs attaché au 531eme. Voyant son ennemie s'approcher, il tenta un estoc rapide afin de forcer l'autre à s'empaler sur sa lame, poussée par sa propre vitesse. La guerrière bondit dans les airs aux dernier instant et ses pieds atterrirent sur la lame de son opposant, l'enfonçant dans le sol et, profitant de son élan, lui décochant un coup de genoux sous la mâchoire qui l'envoya voler en arrière. Décochant une des lames de son bras à un guerrier en train de fuir, elle ramassa l'épée énergétique et la lança à son ennemi à terre, apparemment décidée à s'amuser quelque peu aux dépends du brave aldéran. Karl se releva alors et fit charger ses hommes, n'ayant certes aucune affection pour les commissaires mais néanmoins conscient de l'effet qu'aurait sur le moral des autres la mort d'un tel représentant de l'autorité en plein combat. Trente nouveaux impériaux s'élancèrent mais si leurs tirs avaient pour but de forcer l'ennemi au repli, ils ne pouvaient pas non plus pleinement faire usage de leurs armes de crainte de blesser leurs alliés.
Karl pour sa part courait, pistolet tenu dans une main et fusil pendant en bandoulière. Il pointait son arme de poing sur la combattante linciane, suivant ses mouvements de son mieux. Reigo avait réussi à la faire reculer un instant d'un lagre mouvement de son épée mais elle avait profité de cette distance pour se mettre à lui tourner autour telle une lionne parée à bondir. Un instant une ouverture se fit et Karl sut qu'il pouvait tirer mais au même instant les rayons de la lune et l'ardeur des flammes se reflétèrent dans ses longs cheveux, rendant son aspect si féérique que l'officier laissa passer son occasion. La chaotique s'élança à nouveau et quand l'aldéran voulut parer son attaque, elle passa sous sa lame, se pressant contre son corps. Avant que Karl n'ait pu voir quoi que ce soit une lame écarlate surgit du dos de l'homme qu'il avait voulu sauver et alors que celui ci voulait crier, la linciane pressa ses lèvres contre celle de son adversaire. Leur étreinte ne dura qu'un instant avant que Karl ne se mette à faire feu de son arme, forçant la démone à se dégager tout en tranchant la gorge du commissaire d'un dernier mouvement. L'aldéranéen atteint quelques secondes plus tard le corps blessé de l'officier disciplinaire et il vit le sang qui s'échappait à gros bouillon de son coup déchiré, néanmoins une béatitude inquiétante éclairait son regard.
Autour de lui, ses hommes avaient aussi atteint la zone de combat et deux bios guerriers de plus étaient tombé alors que les autres avaient entamé leur repli. Sans l'avantage de la charge et engagés à plus de cinq contre un, même ces bios guerriers ne pouvaient espérer tenir. Néanmoins leur repli se fit en bon ordre alors qu'ils profitaient de tous les couverts possibles et imaginables et que des escouades de fantassins léger couvraient avec un synchronisme exemplaire leur repli. Ils laissaient quatre morts derrière eux contre trente huit aldéranéens et la ligne n'avait toujours pas pu avancer. Les autres soldats impériaux, toujours sous le choc ne se lancèrent pas à la poursuite de leurs ennemis et en quelques minutes il apparut que les troupes lincianes se repliaient sur tout le front, disparaissant dans la nuit. Leur mission devait sans doute avoir été accomplie et l'intervention des hommes de Karl n'avait sans doute aucunement infléchit le cours de la bataille, néanmoins l'engagement pouvait encore se révéler une grande victoire pour sa propre cause.
-Vous voyez comme ils ont peur de nous? Ils savent que le capitaine Karl Drar en a après eux! Suivez moi à la bataille, pour l'Empereur et le Domaine!
Les hommes de son peloton émirent quelques hourras, simplement heureux d'avoir trouvé une bonne échappatoire à leur frayeur et les survivants du peloton qu'ils venaient d'assister les imitèrent bien vite en voyant qu'ils ne devaient leur salut qu'à cet homme qui avait assisté aux derniers instants de leur commissaire. Bien vite une clameur plus forte monta et en guidant ses hommes parmi les carcasses abandonnées, presque certain de ne pas retrouver l'ombre d'un ennemi, Karl sut que la nuit était véritablement sienne.