Le Destrier Royal

Ce navire de commerce bretonnien a été loué par Hans Gellerman pour amener son expédition jusqu'aux terres arides d'Arabie. Il fut choisit pour son faible coup, il n'est donc pas de prime jeunesse et quelques trous se sont former dans le bois du pont principal. Heureusement, le bateau est de bonne facture et, malgré son grand age, il est encore pleinement fonctionnel et capable de semer quelques navires de guerres plus gros et plus lourds. Deux balistes, une sur chaque flanc constituent sont seul armement, bien que cela ne suffise pas à repousser une attaque, cela dissuade généralement les pirates amateurs d'attaquer. Deux longs mats soutiennent une voilure portant l'écusson du capitaine Jean de Sartosie, nobliau qui, après l'opprobre qui fut jeté sur son père se retrouva ruiné. Il acheta et renomma le Royal Destrier avec les reliquats de sa fortune il y a de ça une vingtaine d'année.
L'équipage est constitué d'une centaine de marins plus ou moins fidèles et compétents qui s'assure du bon fonctionnement de navire. Ce voyage a de quoi les rendre anxieux, c'est la première fois qu'un client demande à aller aussi loin du Vieux Monde, en plus, au départ de Marienburg, les vivres n'ont pas encore été chargés à bord. Le maitre d'équipage les rassure pour l'instant mais une mutinerie n'est pas impossible.
Les mercenaires logent dans des petites chambres individuelles de deux mètres sur trois, au pont intermédiaire. Ta,dis que l'équipage n'a droit qu'à des couchettes superposées sur ce même niveau. Le marchand et le capitaines, eux ont droit à des chambres plus spacieuses à la poupe du navire.

Le Royal Destrier fait actuellement route vers Noirmoutier, un petit village de Bretonnie avec lequel Gellerman a conclut un accord pour acheter de la nourriture à moindre frais. le voyage durera normalement une semaine pendant laquelle la trentaine de mercenaire n'aura rien d'autre à faire que passer le temps.

Alonis finit par monter à bord après avoir fait ses adieux aux deux elfes sylvains rencontrés tantôt et avoir acheté un nécessaire de survie composés de plusieurs bandages et feuilles médicinales achetés pour une vingtaine de couronnes. Il avait dépensé la même somme en fourrage pour Ilaris qu'il installa aussi confortablement que possible dans la cale avant de remonter sur le pont.
Le navire ne tarda pas à lever l'ancre et à prendre la mer, laissant le guerrier fantôme se perdre dans la contemplation de la mer. Alors que chacun vaquait à ses occupations, il s'installa derrière la figure de proue, au calme et se mit à chanter d'une voix profonde et mélancolique la geste de Naggarythe, conscient que de son perchoir il était à l'abri des oreilles humaines.

Eïnélia entendit une mélodie s'élever dans l'air, grave et profonde, étrangement atténué. Elle regarda un marin s'affairant à proximité et comprit que lui ne l'entendait pas, ce qu'ils pouvaient être bouchés parfois ces humains. La mélodie était mélancolique.
Et elle ne voyait qu'une seule personne pour chanter ce genre de truc.

Elle chercha d'où venait le son. Elle comprit qu'il venait d'en dessous de la figure de proue. Elle s'y dirigea donc le plus silencieusement possible, ce qui était facile avec l'agitation qui régnait sur le pont.
Elle arriva à proximité du chanteur, Alonis comme elle l'avait deviné. Elle sortit une aiguille de sa sacoche, et murmura les paroles correspondantes au sort d'Agacement, demandant à ce qu'un sifflement vienne perturber Alonis. Elle rangea ensuite le matériel et attendit.

Alonis continuait sa chanson, en arrivant au sort tragique de la famille du Roi des Ombres, massacrée dans sa demeure par des fidèles de l'usurpateur. Alors qu'il comptait leur défense héroïque mais futile il se mit à entendre un étrange sifflement dans ses oreilles. Ne détectant pour le moment nul danger, il décida de continuer son chant après s'être légèrement tapoté l'oreille mais voyant que cela n'avait aucun effet il ferma les yeux, se concentrant toujours plus sur son histoire, s'attardant sur les détails les plus sombres, sur le sort du père Anar crucifié au dessus de sa propre porte et de la soeur du Roi des Ombres, violée sauvagement avant de se trouver écartelée.
inconsciemment il avait froncé les sourcils alors que l'agacement réveillait en lui sa colère et sa haine pour les funestes acteurs de la déchéance de son peuple.

Eïnélia vit Alonis se tapoter l'oreille, mais continuer sa chanson sans plus de problèmes. Elle attendit, espérant une réaction un petit peu plus marrante.
Et elle écouta la chanson. Elle était si triste. Lorsqu'Alonis entama le passage concernant les sévices qu'avait subis la famille du Roi des ombres elle ne put retenir une larme cristalline qui coula sur sa joue.
L'émotion et la tristesse allèrent crescendo, la colère était palpable, et face à cette débauche de sentiments Eïnélia ne put retenir un sanglot.

Le sifflement avait finit par s'évanouir et Alonis arriva mieux à contrôler sa colère, prenant un peu de distance avec son chant. Alors qu'il allait reprendre d'une voix légèrement plus douce il perçu un son bien particulier comme seul un autre être pensant aurait pu en provoquer: un sanglot. Il interrompit une nouvelle fois son chant et rouvrit les yeux, voyant l'infinité de la mer s'étendre face à lui.
-Qui va là? demanda il tout en imaginant avoir déjà une bonne idée de la réponse...

Follen reprit ses esprits quel que minutes après le départ du bateau, se petit moment de calme et de repos lui fit le plus grand bien .Le soleil était haut et chaud dans le ciel, la capuche grise de l'humain le faisait souffrir de mots de tête .En y repensant il ne l'avait jamais enlevé en présence de l'un de ses camarades, juste pour dormir...
Follen retira sa capuche d'un geste rapide et délicat, le vent souffla dans ses cheveux lui enlevant ses quel que mots de tête en un instant .Pour la première fois depuis la mort de son frère Follen se sentait bien .Il s'assit contre le bord du bateau puis sortit un petit pot de graisse, ainsi qu'un mouchoir sale taché de sang et de noir .Il nettoya son hachoir et son épée comme lui avait appris son grand frère pendant que les autres vaquaient à leurs occupation personnel.

Eïnélia fut surprise quand elle entendit le chant brusquement s'arrêter et la voix d'Alonis.
Elle se leva et s'approcha de lui.

-C'est moi, je t'ai entendus depuis le pont...

Elle s'interrompit quelques instants, réprimant un autre sanglot.

-L'histoire de ton peuple est vraiment tragique.

Elle s'assit à côté de lui, et laissa son regard se perdre dans le lointain, certaines paroles lui revenant en tête malgré elle et de nouvelles larmes perlant à ses yeux.

-Mon peuple a autrefois été le plus puissant de la race elfique, notre premier roi, Aenarion a été le seul à régner sur tous les elfes et il s'est sacrifié pour sauver notre monde des puissances du chaos. On aurait pu penser que la paix et la prospérité nous attendaient pour avoir combattu pour tous les vivants mais il n'en fut rien. Une grande part des premiers habitants de Naggarythe se sont détournés de la lumière il y a bien des millénaires et ont traqué ceux des nôtres qui y étaient resté fidèles. Nous avons été massacré, notre terre a été déchirée et depuis nous veillons afin qu'un tel destin n'arrive jamais à un autre peuple. Pas un des miens n'a pas au moins une fois payé le prix du sang ni pu vivre sans perdre un de ses proches. Nous ne recevons que peu de remerciement pour ce que nous faisons mais nous continuons, nous nous battons pour nos terres stériles et pour notre honneur bafoué car il s'agit de la seule chose que l'histoire nous a laissé...

-Je me demande comment vous faites pour vivre avec ce poids sur la conscience.

Elle resta silencieuse un moment, puis se releva.

-Si tu me cherche, je serais probablement sur le pont.

Elle remonta sur le pont et décida de se chercher un coin tranquille où se reposer, ou quelqu'un d'autre avec qui parler.

Alonis la regarda partir un moment puis reprit sa chanson, décrivant le retour d'Alith Anar, le Roi des Ombres et sa guerre secrète à la tête des nobles fidèles. Il décrivit comment les premiers Aesanar semèrent la mort sur leurs propres terres, combattant leurs propres frères jusqu'à ce que ceux désormais nommés les Druchii finissent par être chassés d'Ulthuan bien que Naggarythe fut quasiment détruite par la guerre. Le soleil finit par tomber alors qu'il renouvelait ses voeux envers les ombres et commença sa méditation nocturne toujours caché derrière la figure de proue.

Quand Crank se réveilla, le bateau était déjà partit depuis quelques minutes, le mercenaire se leva lentement, ses blessures ne lui faisait plus mal, mais il avait des courbatures partout, et il était presque à court de pansements.
Il se décida à mettre un peu d'ordre dans sa cabine, il rangea ses armes dans une armoire et monta sur le pont pour prendre l'aire marin. Plusieurs autres mercenaires étaient présent, dont un que Crank n'avait pas encore vu jusque là.
Le guerrier s'appuya sur le bastingage pour observer les flots que berçaient tranquillement le navire.

En voyant arriver le barbare Follen ne put s'empêcher de repenser à son frère, il venait de le tirer de ses rêveries et de faire monter en lui une haine et une violence qu'il n'avait pas éprouvé depuis la mort de Danaliel .Après que le barbare s'installa contre le bastingage Follen sentait qu'il risquait de perdre le contrôle de lui même, il rangea ses armes à sa ceinture puis s'en alla dans sa cabine .Il y déposa toute ses armes sauf son hachoir, ensuite il se posa sur son lit et attendit que la colère passe en se répétant mille fois ...

Ils ne sont pas tous comme ça ! Ils ne sont pas tous comme ça !

C'est vrais peut être se méprenait il sur le compte de cet homme dont il ne savait rien.

La transformation en pierre du monstre mutant avait pas mal intrigué Gerhart. La pétrification était un sort de haut niveau, assez difficile à maitriser et risquer de surcroit. Il se décida donc à demande à son patron le fin mot e cette histoire. Il trouva Gellerman dans sa cabine, jouxtant celle du capitaine Sartosie.

-Monsieur? Vous avez un moment? demanda t il
-Que voulez vous herr mage?
-Et bien... Qu'avez vous fait à la bête du chaos hier dans ce village? Êtes vous vous même initié aux arcanes?

Le marchand eu un moment d'arrêt durant lequel il semblait réfléchir à ses paroles.

-Et bien... e n'est pas toujours été marchand. Dans ma jeunesse, il y a bien longtemps, j'étais un fringant aventurier, louant ms services au plus offrant. Vous voyez cette plume sur mon galurin? Elle me fut offerte par un mage en remerciement de mes service. Elle contient un pissant sort de pétrification qui m'a rendu bien des services dans ma carrière. Ais je satisfait votre curiosité herr mage?
-Oui, encore une fois acceptez mes excuses pour vous avoir dérangé.

Gerhart ressorti satisfait. En général, les mages n'étaient pas des employeurs de confiance, que celui ci n'en soit pas un était une bonne chose. Ci fait, il sortit sur le pont pour humer l'air frai de l'océan.

[Le Destrier Royal - 14 heures]

Dante était levé depuis une heure, et après avoir fait une bref toilette et laver ses vêtements avec du savon pris dans la soute du vaisseau. Désormais en pleine forme, bien que ses côtes lui faisaient encore mal, il enfila les habits d'un marin pour se diriger vers le pont. Après avoir humé le bon air de la mer, le mercenaire rencontra la jeune elfe qu'il avait déjà au village. Séducteur dans l'âme, comme tout bon Tiléen, il salua la dame, toujours avec son accent très marqué :

"- Buongiorno Dame Elfe, finalement vous nous accompagnez dans notre quête vers les terres de Khemri ! Mais vous avez donc du combattre ces affreux mutants ! Par la grâce de la déesse Myrmidia, vous ne semblez heureusement pas blessée, je m'en serais voulu si le contraire fut, de ne pas avoir su défendre un tel don de la Nature ! Mais, si ce n'est pas indiscret, qu'est ce qui vous a amené à vous joindre à nous ?"

Alonis se réveilla, vivifié par l'air marin et passa la matinée isolé une nouvelle fois. Après avoir mangé il se dirigea vers le pont, ne cherchant pas particulièrement la conversation mais observant les autres passagers. Il surveillait en particulier Elénie et Eïnélia. Il ne voulait pas qu'un de ces Keigh-mon puisse faire quelque tord que ce soit à aucune d'entre elle.

Eïnélia s'était appuyé sur le bastingage, laissant le vent caresser ses cheveux, lorsque le mercenaire qu'elle avait aperçue la veille était venue lui parler. Il s'exprimait toujours avec son accent étrange, ce qui rajoutait une touche d'exotisme à son charme.

-Je vous remercie de votre inquiétude, mais je suis une grande fille vous savez, je suis capable de me défendre. Ne pensez-vous pas que des présentations seraient adaptées avant d'entamer une grande conversation ? Je m'appelle Eïnélia, et vous ?

"- Oh oui, je vous prie de m'excuser, Dante Lorenzoni, mercenaire tiléen. Et pardonnez mon comportement protecteur, je n'ai pas encore eu l'occasion de porter les armes à vos côtés et de voir vos talents en œuvre... Mais, pardonnez moi si j'insiste, qu'est ce qui a conduit un membre de la race elfique à quitter son foyer et les siens pour partir vers des terres lointaines avec des inconnus ?"

-La curiosité, l'envie d'être celle qui vit la légende plutôt que celle qui l'écoute. C'est ça qui m'a poussé à partir. Et, si la forêt est magnifique, elle n'en demeure pas moins un poil ennuyeuse à la longue. Et, j'étais assez curieuse de voir comment vous vivez, vous les humains, c'est très différent de par chez moi.
Mais, puisque vous en avez parler, j'espère que votre combat n'a pas été trop éprouvant, je m'en voudrais de vous retenir alors que vous avez besoin de repos.

Elenie s'était tout de suite dirigée vers sa cabine juste après son arrivée, elle avait besoin de se reposer convenablement. Elle ne prit pas la peine de se dévêtir de son armure en cuir, et se laissa tomber sur son lit pour se laisser bercer par le sommeil et les vagues.

Elle se réveilla seulement le lendemain, la plus grande partie de la mâtiné était passé, peut-être même était-il l'après midi. Quoi qu'il en soit, cela li avait permit de se reposer, et la douleur de s'atténuer encore un peu, bien que toujours présente.
Elle décida donc, se sentant mieux, de tout d'abord se changer, nettoyer son armure en cuir et ses armes, puis si elle se sentait pas plus mal, d'aller profiter de l'air sur le pont.
Elle retira son armure et sa cote de mailles, puis s'habilla d'une robe s'arrêtant avant ses genoux de couleur blanche, avec par dessus une tunique violette. Elle décida néanmoins de mettre un pantalon gris, bien qu'un peu rustique, elle n'attraperait pas froid.

Elle partit ensuite nettoyer son armement, puis ceci fait, se dirigea vers le pont. Sa douleur au ventre ne lui permettant pas de marcher bien rapidement, elle s'avança doucement jusqu'au bord pour contempler la mer, bien qu'elle se tenait quelque fois le ventre sous l'effet de quelque lance de douleur.

"- Ne vous inquiétez pas, je n'ai déjà que trop dormi ce matin.... La curiosité dites vous ? Elle nous pousse à accomplir de grandes choses et de grands voyages, c'est d'ailleurs dans cette optique que je suis parti de Remas pour parcourir le Vieux Monde à la recherche d'aventures et de découvertes, j'avais envie d'autres cultures, d'autres pays, d'autres gens.... Mais je m'égare... Qu'est ce qui,pour vous, nous différencie tant des elfes ?"

-Vous voulez-dire à part les oreilles pointues ? Plus sérieusement, rien que le fait que vous construisiez des bateau est déjà une sacré différence. La manière dont vous traitez la nature aussi. La façon de voir le monde, de la ressentir, est un autre bon exemple. Votre diversité également. Je n'ai pas dit que tous les elfes étaient pareils, loin de là, mais depuis que je parcours la Bretonnie, j'ai vu des tas d'hommes et de femmes extrêmement différents, des assassins sans vergogne aux nobles chevaliers, vous formez un peuple très hétérogène, et pourtant assez unis.

Alonis vit Elénie sortir sur le pont et se pencher sur le bastingage non loin de lui. Il imaginait bien qu'elle devait toujours lui être hostile, elle était jeune, elle ne comprenait pas certaines choses que seule l'expérience du monde apportait réellement. Il décida néanmoins de s'enquérir un minimum de son état, il ne voulait plus qu'une innocente qu'il aurait pu protéger meurt sous ses yeux.
-Comment allez vous? commença il. Vous n'avez pas été blessée hier j'espère?

Elenie regardait la mer au loin, que pouvait-il y avoir tout au bout ? Tant de questions l'assaillaient, mais il n'y avait aucune réponse. Sa curiosité n'en était que plus grande.
Elle décida finalement de taire ces questions, puis s'essayer de vider son esprit. Elle se laissa donc bercer une nouvelle fois par le bruit des vagues et l'air marin.
Puis, l'elfe entendit des pas se rapprocher, puis une voix s'adresser à elle, elle reconnut très vite Alonis qui venait prendre des nouvelles.
Elle se tourna vers lui, puis après un moment de silence, s'autorisa elle même à parler.

-Un coup de poignard dans le ventre, si cela peut répondre à votre question...et mes joues ont heurté le sol bien des fois.

"- Quoi ? Vous ne vivez pas sur une ile comme tout les elfes ? Je n'avais jamais entendu parler d'elfe vivant en dehors de leur ile, à part dans les légendes... Excusez moi, je dois vous paraitre ignorant, j'ai encore de nombreuses choses à découvrir et mon voyage est loin de se terminer."